Publié le 05/10/2016
Percevoir un son devant, sur le côté, derrière, au-dessus… Difficile à réaliser avec un nombre limité d’enceintes, mais possible avec un casque audio. C’est le pari de 3D Sound Labs : devenir le spécialiste du son binaural et enrichir l’expérience immersive de la réalité virtuelle, des films et jeux vidéo. Membre Images & Réseaux, la startup sera l’un des intervenants, jeudi 6 octobre, de la Technoférence “Nouvelles expériences son et vidéo”.
Pourquoi un casque permet le son binaural ? Parce que la localisation du son repose sur les légères différences de niveau et de délai perçues par l’une et l’autre oreilles et qu’un casque audio permet de créer cette différenciation. La technique est connue depuis le milieu des années 90, tous les grands de l’électronique s’y sont intéressés, mais pour l’instant aucun produit ne s’est réellement imposé.
“Parce qu’il y manque deux briques”, observe Xavier Bonjour, président de 3D Sound Labs. Et c’est en travaillant sur ces deux briques que la startup rennaise compte faire la différence. La première est le head tracking, qui capte les mouvements de la tête. Il permet d’adapter le son selon votre position. “Si vous entendez un son sur le côté et que vous regardez dans cette direction, vous devez entendre le son devant.”
La deuxième brique est relative à la HRTF (head-related transfer function), la fonction de transfert du signal sonore qui est propre à chacun de nous : “La perception du son dépend de la forme des oreilles. Les outils existants sont réglés sur une oreille moyenne. On obtient des résultats bien meilleurs en personnalisant l’audition spatiale à l’oreille de l’utilisateur. Quand vous regardez avec les lunettes de quelqu’un d’autre, vous voyez flou. C’est pareil avec le son.”
Pour établir les HRTF d’une personne, les solutions existantes sont très lourdes, “une chambre anéchoïque, des micros dans les oreilles, un appareillage compliqué…”, inenvisageables pour des solutions grand public. Si bien que 3D Sound Labs travaille, en partenariat avec Centrale Supélec, à un concept radicalement innovant basé sur l’analyse d’image : “Nous avons l’intention de personnaliser le son binaural grâce à des photos de l’oreille prises avec un simple smartphone. Des brevets ont été déposés, nous commençons à communiquer sur le sujet.”
3D Sound Labs vise en premier lieu le marché des applications de réalité virtuelle immersive. “Un film classique, c’est une fenêtre sur le monde que le réalisateur promène devant vous. En réalité virtuelle, ce n’est plus possible puisque vous êtes libres de vos mouvements. L’action peut se passer n’importe où. Le meilleur moyen pour attirer l’attention, c’est le son. Et c’est ce qui permet de scénariser un contenu. Nous travaillons sur le rendu sonore de la même façon qu’il existe des outils comme Unity pour le rendu graphique.”
Les autres marchés visés sont les jeux vidéo et films pour lesquels les technologies 3D Sound Labs exploitent au mieux le son multicanal (5.1, 7.1, etc.). Ce qui revient à réaliser un “home cinéma virtuel” au moyen d’un simple casque.
Créée en 2014, 3D Sound Labs s’est rapidement créée une réputation avec ses premiers produits. D’abord le 3D Sound One, un casque audio nativement 3D. Puis le 3D Sound One Module, une petite extension qui s’adapte à n’importe quel casque standard pour l’enrichir de fonctions audio 3D.
Mais si ces produits hardware sont la partie visible de l’entreprise, le cœur de l’activité est d’abord software selon Xavier Bonjour : “Les produits sont avant tout des clés qui ouvrent sur notre savoir-faire logiciel. Notre objectif à terme est de licencier nos technologies logicielles auprès de partenaires. Nous sommes convaincus que l’avenir du son 3D passe par le casque audio.”
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Technoférence #18 “Nouvelles expériences son et vidéo” (à Rennes et en vision à Nantes, Brest, Lannion, Vannes et Angers). Infos et inscription.