Publié le 27/12/2017
En Bretagne, 18 stations de mesure scrutent en permanence la qualité de l’air. Ceci grâce à des analyseurs très précis, mais très coûteux et donc peu nombreux. L’association Air Breizh chargée de cette surveillance s’intéresse à de nouveaux modèles, davantage distribués. À base de réseaux de capteurs connectés, d’internet des objets, de traitement de données massives, et de mise à disposition en open data de l’information…
En France, il ne se passe plus d’hiver sans alerte à la pollution de l’air. Premières concernées : la région parisienne et certaines vallées des Alpes. Mais chez nous, en Bretagne, comment qualifier l’air que l’on respire ? “C’est une question complexe, à laquelle on ne peut pas répondre simplement”, observe Gaël Lefeuvre. “Parce que la qualité de l’air dépend de nombreux facteurs : les émissions de polluants, mais aussi les conditions météo, la saison, le lieu considéré… Nous sommes mieux lotis que d’autres. Mais nous ne sommes pas à l’abri d’épisodes de pollution.”
L’homme connait bien le sujet : Il dirige Air Breizh, l’association chargé de la surveillance de la qualité de l’air en Bretagne. Depuis la loi sur l’air de 1996, il existe au moins un organisme de ce type par région. “Nous sommes une association parce qu’avec cette loi, l’État a voulu réunir le maximum d’acteurs locaux. Nos membres sont des services de l’État, des collectivités locales et des industriels. Mais aussi des associations de protection de l’environnement et des personnes qualifiées telles que des ingénieurs ou des scientifiques. L’association de ces différentes parties garantit l’indépendance de la mesure de la qualité de l’air.”
Pour réaliser des mesures en temps réel et des prévisions à un jour, Air Breizh dispose aujourd’hui de trois outils. Il s’agit d’abord de 18 stations de mesure distribuées sur les quatre départements. Une station est constituée de plusieurs analyseurs, “un par polluant recherché”. Chaque analyseur est un instrument de précision, normalisé… et coûteux : “25 000 euros pièce”. Deuxième outil mis en œuvre, “un inventaire des émissions”. C’est une base de données qui répertorie toutes les émissions de pollution : industries, routes, chauffage résidentiel et tertiaire, notamment. Enfin, troisième outil, des logiciels à base de modèles mathématiques qui moulinent les données citées avec d’autres sources comme les données météo pour établir des cartes de qualité de l’air.
“Chaque jour, nous analysons ces cartes et nous envoyons nos informations aux quatre préfectures de la région. C’est en fonction de cette analyse que sera déclenchée ou pas une alerte au pic de pollution.” En 2016, Air Breizh a recensé 23 journées concernées par un épisode de pollution sur l’un ou l’autre des départements bretons. Les trois polluants réglementés et mesurés systématiquement sont les particules fines, le dioxyde d’azote et l’ozone.
Aujourd’hui, Air Breizh s’intéresse aux nouveaux modèles technologiques qui permettraient de pousser plus loin la décentralisation des mesures. “Comme tous les métiers, nous sommes percutés par la vague des micro-capteurs, des objets connectés et de l’internet des objets. Ce sont des domaines nouveaux pour nous. Et en même temps, il existe une vraie demande de la société et des collectivités locales pour de nouveaux usages d’information en temps réel auprès du citoyen. Nous sommes sollicités par les laboratoires et les startups sur ces sujets-là…”
Les pistes de réflexion sont nombreuses : les capteurs à bas coût, le suivi d’autres polluants, une distribution géographique beaucoup plus dense des mesures, la mutualisation des réseaux… Et, au-delà, le traitement de toutes les données générées : “C’est le deuxième aspect : si on multiplie les capteurs, on multiplie les données. Derrière, il faut prévoir du traitement statistique, du big data, de la diffusion des données en open data…”
Air Breizh a rejoint Images & Réseaux dans cette perspective, pour se rapprocher des acteurs du numérique. Il lui faut toutefois composer avec “des budgets contraints”. D’où l’idée de passer par des projets collaboratifs pour étudier de nouvelles solutions. Des intentions de projets ont été déposés…
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