Publié le 12/01/2016
Cette année, 19 entreprises et acteurs bretons ont rejoint le Consumer electronics show sous la bannière d’un pavillon breton*. Darin Beach, faisait partie du voyage. Le directeur de projets à l’international au sein du pôle de compétitivité Images et réseaux revient sur les tendances 2016.
Le Mag : Être au CES est devenu nécessaire pour exister dans le secteur de l’innovation ?
Darin Beach : Le CES de Las Vegas reste un lieu incontournable pour les startups en terme d’impact sur le marché. Il permet d’être vu, entendu et questionné par ses concurrents et ses clients potentiels. Il y a forcément des contacts sérieux d’établis car il est le plus grand salon mondial en terme de produits technologiques au sens large du terme et dans tous les domaines (automobile, santé, loisirs, NDLR). C’est aussi un lieu de veille technologique. On peut regarder, comparer et en savoir plus sur les produits, même si bien sûr personne n’ira révéler les secrets de fabrication de ses solutions propriétaires.
Le Mag : Quelles sont les secteurs à regarder depuis nos régions de l’Ouest ?
Darin Beach : Nous sommes encore sur un frémissement côté Internet des objets et le salon permet de prospecter les nouvelles tendances surtout dans le domaine de la maison connectée et de l’automobile, deux secteurs importants dans l’Ouest. L’autonomie des véhicules connectés nous intéresse particulièrement. Tesla a d’ailleurs récemment fait des annonces sur un véhicule 100% autonome d’ici deux ans. Les questions de cybersécurité retiennent aussi notre attention. Enfin, il est aussi important de suivre ce qui touche au réseau électrique intelligent, les smartgrids : un enjeu pour la Bretagne et les Pays de Loire également investies dans le projet Smile (SMart Ideas to Link Energies, NDLR).
Le Mag : Les solutions liées aux smartgrids émergent-elles dans cette édition 2016 ?
D.B. : Pas encore. Peu de place était dévolue aux thématiques de la maison ou de la ville intelligente, contrairement à la zone réservée aux véhicules ou à la maison connectée.
Le Mag : La maison connectée est, en revanche, inscrite à l’agenda de l’innovation, non ?
D.B. : La question des hub, gateway et plateforme y était centrale car demain chaque maison aura sa solution pour se connecter. Les tendances sont toujours partagées entre des solutions propriétaires et des solutions que certains souhaitent développer de manière plus ouvertes. Certains font le lead comme Ifttt « If this then that » qui permet d’automatiser des tâches du quotidien via le web et de faire dialoguer tous les objets connectés d’une maison. Autre tendance, le geofencing qui permet d’activer automatiquement les lumières ou le chauffage à mesure que vous vous rapprochez de chez vous, grâce à la géolocalisation du smartphone.
Le Mag : Et les solutions de cloud personnel ?
D.B. : Elles émergent aussi. Notamment Daplie, un boitier qui met en place une solution d’internet privé pour une famille, avec un cloud à domicile et des communications cryptés. La question est de savoir si, dans le contexte actuel, la législation autorise ce type de solutions.
Le Mag : Côté la voiture connectée, les constructeurs emboîtent-ils le pas de Ford qui confirme un partenariat important avec Apple et Google pour intégrer CarPlay et Androïd Auto à son système multimédia Sync Applink ?
D.B. : Chaque fabricant travaille sur plusieurs hypothèses et continue de développer ses propres plateformes, c’est le cas de Hyundai ou Toyota. Côté partenariat, BMW travaille avec Samsung sur le cerveau de sa voiture intelligente. Cela pose la question de l’accessibilité des systèmes embarqués. Certains constructeurs vont-ils réduire leurs outillages à des marques ? C’est difficile d’imaginer, par exemple, qu’Audi obligerait ses clients à posséder un smartphone Apple pour profiter de son système de connectivité.
Le Mag : Les drones ont aussi explosé lors de cette édition 2016 du CES, non ?
D.B. : Oui. Ils étaient partout, de toutes les tailles, destinés autant aux professionnels qu’aux loisirs, dotés de caméra infrarouge voire même autonomes, comme le drone de la société chinoise e-hang qui est capable de transporter tout seul un humain sur un petit trajet grâce à la géolocalisation. Pour l’Ouest, il me semble qu’il y a là un signal. Beaucoup de sociétés ont des compétence dans le traitement de l’image : avec ces drones, il va y avoir des solutions de captation et de traitement à valoriser. Des solutions en lien avec la cybersécurité également.
*Pavillon Bretagne organisé par l’association Bretagne commerce international, le conseil régional et la chambre de commerce et de l’industrie avec la French Tech Rennes Saint-Malo.