CAILabs : sa lumineuse invention bouscule le monde des lasers

Publié le 09/06/2017

CAILabs

CAILabs, retenez ce nom : la jeune pousse rennaise n’a pas fini de faire parler d’elle. Parce que sa technologie qui permet de modeler la lumière laser est unique au monde. Et que, petit à petit, se révèlent les possibilités d’application : redonner une seconde jeunesse à un réseau local, atteindre un débit vertigineux de transmission dans une fibre optique, travailler la matière au rayon laser. Au point que les plus grands noms de l’industrie de l’information et de l’optique s’y intéressent de près…

Mettre en forme la lumière… Le sujet était tellement nouveau quand ils l’ont inventé, qu’ils n’en voyaient pas les applications. C’était en 2009, au sein du laboratoire Kastler-Brossel spécialisé en physique fondamentale des systèmes quantiques. Ceux qui ont depuis cofondé la startup CAILabs y étaient doctorants et professeur. Le déclic est venu un peu plus tard, en 2011, quand Jean-François Morizur, aujourd’hui CEO, a eu l’occasion de discuter avec des chercheurs d’Alcatel-Lucent : “Ils ont tout de suite vu l’intérêt de notre technologie pour les télécoms.”

La suite est la création de la société en 2013. Les 3 cofondateurs choisissent Rennes en raison d’une “combinaison de critères” : le cadre de vie, la relative proximité de Paris, l’écosystème télécoms, la capacité à recruter, le besoin d’espace pour fabriquer… Les premières années ont été exclusivement techniques : “il fallait créer le produit”. Jusqu’en 2015 avec “les premières ventes significatives”. Mais 2016 signe le véritable décollage quand CAILabs comprend le bénéfice que son produit peut apporter aux réseaux locaux existants.

Un débit 400 fois supérieur

La technologie CAILabs change la forme de la lumière “sans perte et de manière très fine”. Grâce à une série de réflexions optiques sur des surfaces “auxquelles on a donné une texture particulière”. Ceci pour obtenir de nouvelles propriétés optiques qui améliorent le débit de transmission dans des proportions considérables : jusqu’à un facteur 400. “Il suffit d’insérer notre module, entièrement passif, de chaque côté de la fibre et le vieux réseau local limité à 100 mégabits devient capable d’écouler 40 gigabits.”

Ce qui ouvre un marché considérable. Orienté vers les entreprises, universités et hôpitaux dont les réseaux locaux datent d’avant les besoins en haut débit et en haute définition d’aujourd’hui. Et qui n’ont pour solution que de lancer de grands travaux pour changer la fibre en place. Sauf bien-sûr à utiliser les produits CAILabs : “Le fait de changer les propriétés de la lumière change la manière dont elle se propage dans la fibre optique. On donne des propriétés et des performances monomodes à une fibre multimode, à un coût largement inférieur à celui d’un changement de fibre.”

Un modèle basé sur le partenariat

L’amélioration des performances des réseaux locaux est le premier et principal marché de CAILabs aujourd’hui. Mais il existe une foule d’autres applications sur lesquelles le CEO, discrétion oblige, se tient à quelques généralités. “Nous travaillons avec Nokia sur des liaisons de datacenters à datacenters. Avec NEC sur des liaisons terre-satellites. Avec Safran sur du câblage dans l’aéronautique. Nous avons entamé des discussions sur le sujet des liaisons optiques sous-marines. Le japonais KDDI a établi un nouveau record du monde de débit de transmission dans une fibre optique grâce à notre technologie. Nous avons un projet avec ASML, le fabricant hollandais de machines pour l’industrie des semi-conducteurs…”

À travers cette énumération se dessine le modèle d’affaires, qui passe par des partenariats multiples : CAILabs se positionne comme fabricant d’une brique. Nos partenaires investissent sur cette brique pour l’intégrer dans un système. Et c’est par cette intégration dans un système complexe que l’on crée de la valeur.”

CAILabs : ça sent bon la belle histoire

L’aventure CAILabs est plus que prometteuse. La startup a depuis ses débuts levé 3,6 millions d’euros, chiffre dont on pressent qu’il devrait grossir d’ici peu. Elle emploie 25 personnes pour concevoir ses différents produits et les fabriquer, également à Rennes. Des recrutements, “5 à 10 personnes”, sont prévus en 2017. Cailabs a été récemment labellisée Pass French Tech. Bref, l’optimisme est de mise : “L’année va être très intéressante”, confie Jean-François Morizur.

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www.cailabs.com

CAILabs est membre Images & Réseaux et labellisée Pass French Tech.