Publié le 06/07/2016
En 2015 la startup brestoise a vendu pour 3 millions d’euros d’abonnements. Ses packs pour la maîtrise sanitaire des aliments équipent les cantines comme les plus grandes chaînes de restaurants. Avec l’obtention du Pass French Tech réservé aux startups en hyper-croissance, CHR Numérique se prend d’appétit pour l’international.
L’histoire de CHR Numérique commence dans une cuisine. Yves Rallon, alors restaurateur, est confronté à la paperasse engendrée par le “paquet hygiène”, la réglementation européenne qui s’applique à tous les établissements manipulant des denrées alimentaires. “Ce n’était plus jouable d’avoir ces amas de classeurs et papiers qui trainent dans la cuisine”, rapporte Hélène Paulmier, responsable communication. Le restaurateur décide de créer “un logiciel maison”. C’est ainsi qu’est née ePack Hygiène, une solution tactile dédiée aux métiers de bouche et premier produit de la société CHR Numérique. La société a été créée fin 2012 par Yves Rallon et Régis Filipe, l’ingénieur qui a développé l’application, “pour en faire profiter toute la profession”.
Le dispositif est avant tout convivial et adapté au personnel de cuisine. C’est une tablette ou un écran tactile qui met en avant “les enregistrements obligatoires” du plan de maîtrise sanitaire : relevés de température des réfrigérateurs, plan de nettoyage, réception des marchandises, traçabilité des produits… Elle est aussi capable d’émettre des alertes en cas d’oubli, “pour être toujours en conformité avec la réglementation”. Les enregistrements sont sauvegardés en local comme sur serveurs, et font l’objet d’un rapport périodique.
L’innovation est donc technologique. Mais l’attractivité vient aussi du modèle de service. L’ensemble est vendu sous forme d’abonnement à un tarif particulièrement séduisant : à partir de 39 € par mois. Il comprend tout : matériel, logiciel, installation, assistance, et jusqu’à la configuration initiale personnalisée en fonction des équipements du client. Un service sur-mesure et tout-compris, “pensé pour les utilisateurs” qui sont “tout sauf des informaticiens”.
Les clients sont d’abord les restaurants, mais aussi les écoles, hôpitaux, structures et entreprises qui offrent un service de restauration collective…, les traiteurs, bouchers, charcutiers, boulangers, pâtissiers…, la restauration nomade, les grandes et moyennes surfaces, les industriels également. Bref, “tout le secteur alimentaire, y compris les groupes et chaînes de restauration”, résume Hélène Paulmier.
Le service ePack Hygiène est commercialisé depuis le printemps 2013, et la sauce a pris immédiatement. “Dès lors qu’un client a goûté à la solution, il ne ferait plus machine arrière.” Des bons retours qui se vérifient par le taux très élevé de réabonnement. En trois ans, d’autres solutions sont apparues, mais aucune ne propose l’équivalent : “Notre valeur ajoutée, c’est le service… Nous avons été un pionnier sur ce marché, la concurrence nous booste pour continuer à évoluer.”
CHR Numérique a grandi par cercles concentriques. En ciblant d’abord les restaurants de la pointe bretonne pour évaluer et mettre au point la solution. Puis l’ensemble des métiers de bouche et le Grand Ouest. Aujourd’hui la totalité de l’hexagone, les DOM TOM, la Suisse, la Belgique. Demain l’Europe et au-delà : “Notre marché nous tire vers l’international. Nous travaillons avec des groupes qui sont présents en Europe et dans le monde. Il existe partout des obligations alimentaires et donc des marchés à conquérir.”
Cette ambition a été confortée récemment par l’obtention du Pass French Tech : “Nous comptons sur ce label pour nous ouvrir des portes à l’international. Le soutien de structures comme BPI, l’INPI ou Business France, sera une aide précieuse pour nouer des contacts et entreprendre des démarches à l’international.”
L’entreprise qui, depuis ses débuts fonctionne uniquement sur fonds propres, se structure pour faire face à l’afflux de nouvelles commandes. L’équipe, 40 personnes aujourd’hui, comptera au moins une vingtaine de collaborateurs supplémentaires d’ici la fin de l’année. Des commerciaux pour la plupart, mais aussi des ingénieurs : chaque année, 20% du chiffre d’affaires est réinvesti en R&D.
Plus