Publié le 13/09/2017
Ses compétences ressemblent à une compilation des technos qui font l’actualité : cloud, big data, intelligence artificielle, datavisualisation… Tandis que son activité est au croisement d’enjeux de premier plan : accroître la compétitivité des entreprises et réduire leur empreinte énergétique. Energiency, société rennaise en hypercroissance sur le marché de la performance énergétique industrielle, vise une position de leader européen.
Récupérer des chiffres qui mettent en regard consommation et production, traiter ces données pour découvrir des opportunités de gains d’énergie, traduire l’analyse en un rapport assorti de recommandations… C’était déjà le quotidien d’Arnaud Legrand du temps où il était consultant en performance énergétique entre autres chez Ernst & Young : “Pendant 10 ans, j’ai accompagné les plus gros industriels en Europe.”
Le futur entrepreneur ne ménageait alors ni les efforts, ni le temps consacré : “le cycle d’analyse durait au moins 6 mois”. Ceci tout en pressentant qu’un jour il pourrait réaliser l’ensemble de l’opération de manière quasi-instantanée grâce aux technologies numériques. “C’est ça Energiency : réaliser en temps réel de la visualisation de données, du diagnostic de performances et de la préconisation pour faire émerger des gisements d’économie d’énergie… Tirer le meilleur des données brutes issues de capteurs pour faire mieux avec moins dans l’usine.”
Les clients d’Energiency sont des industriels de l’agroalimentaire, de la chimie, de la fourniture d’énergie. Tous gros consommateurs d’électricité, de gaz, d’eau ou autres. Qui, longtemps, n’avaient d’autre point de vue sur les ressources absorbées par leur activité que les bons de livraison ou factures analysés a posteriori. Ce qui inspire à Arnaud Legrand cette analogie : “C’est comme conduire sans compteur de vitesse et attendre avec angoisse les amendes pour se rendre compte qu’on avait dépassé la limite autorisée.”
En fournissant “des tableaux de bord mis à jour en temps réel”, Energiency apporte aux industriels la visibilité qu’il leur manquait sur les ressources consommées. Ainsi que la possibilité “d’aller chercher ici ou là 5, 10 ou 15% d’économie sur les factures“. Le service est accessible de manière sécurisée depuis le web à travers une plateforme logicielle. Que la startup édite en spécialiste de l’extraction de connaissance à partir des données : “En amont se trouvent les capteurs communicants installés sur les sites industriels. Puis vient l’IIoT, l’internet industriels des objets. Il permet de remonter l’information jusqu’au cloud où sont stockées les données. Nous intervenons en aval de tout cela en tant que brique analytique dans le cloud capable de tirer de la valeur de toute la chaîne. Avec aussi les données issues du système d’information : la production, la maintenance, etc. C’est en croisant l’ensemble que nous faisons parler les données.”
Créée en 2013, Energiency a consacré les deux premières années à “développer le socle technologique”. Un travail de fond mené en partenariat étroit avec des chercheurs de l’Inria, dont plusieurs ont aujourd’hui rejoint les rangs de la startup. Si bien que celle-ci figure parmi les pointures françaises des technologies de science des données et d’intelligence artificielle : big data, data mining, machine learning notamment…
En 2015, l’entreprise s’est également distinguée par la réalité augmentée. L’application développée permet d’optimiser un process industriel grâce à la visualisation en direct des informations de consommation. “C’était aussi pour montrer que l’innovation industrielle ne se résume pas à des investissements lourds dans la robotique. Le cloud, les données, l’intelligence artificielle sont des leviers de compétitivité. Les technologies logicielles sont une excellence française qu’il faut savoir mettre en avant.”
2015 et 2016 ont été des années d’activité commerciale intense. Depuis 2017, “c’est l’accélération”. Ceci grâce à “une croissance à 3 chiffres”. De bons résultats renforcés en début d’année par une levée de fonds de 2,7 millions d’euros destinée à étoffer l’empreinte internationale de la startup. “Le marché est mondial, mais l’enjeu du moment est clairement l’Europe. Notamment l’Allemagne, l’Italie… Là où la densité industrielle est très forte et l’énergie relativement chère. Nous travaillons en direct avec le client final ou au travers de partenaires qui proposent une solution globale embarquant nos technologies… Notre objectif à 5 ans : devenir le leader européen de la performance énergétique industrielle.”
En parallèle, Energiency poursuit ses efforts R&D. En particulier, en s’impliquant dans un projet “usine du futur” et “smart grids” sur le thème de l’énergie intelligente. ATL-EN-TIC – c’est son nom – est mené en partenariat “avec une dizaine d’entreprises”. Il est une des briques du programme SMILE de grand réseau électrique intelligent porté par les régions Bretagne et Pays de la Loire. Le projet est prometteur puisqu’il devrait déboucher sur la création d’une société “dans les prochains mois”.
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