Publié le 04/05/2018
Il est ingénieur en simulation numérique et depuis toujours attiré par les sciences de la santé. Sébastien Le Yaouanq a saisi l’opportunité du programme DigitalForLife pour réunir ses deux passions. Avec d’abord un projet R&D, Imago, de télésuivi du patient diabétique. Et en parallèle la création d’une startup, e-medys, éditrice de solutions numériques pour la santé.
Déjà lors de sa thèse en informatique, à partir de 2010, Sébastien Le Yaouanq avait focalisé ses travaux sur le domaine de la santé. Il s’agissait de modéliser le comportement des anticoagulants dans le sang pour réaliser des dosages personnalisés. C’était chez Cervval, société liée au CERV (Centre européen de réalité virtuelle), spécialisée dans la simulation numérique de systèmes complexes et les solutions fullweb planning. À l’issue de son doctorat, le jeune ingénieur est resté dans l’entreprise brestoise avec cette idée de développer une activité autour de la santé.
C’est là où intervient l’initiative DigitalForLife. Son objectif : connecter les startups et PME innovantes avec les acteurs de la santé, sous forme d’appel à défis. “J’ai proposé une application de télésuivi et d’accompagnement du patient diabétique. Tout en étant chez Cervval qui m’a soutenu et joué le rôle d’incubateur privé.” La première tentative en 2016 a échoué “au pied du podium”. Encouragé par de bons retours, l’ingénieur insiste. Le projet Imago est retenu lors de l’appel à défis 2017. Ce qui ouvre l’accès à un financement et un accompagnement par deux sponsors : le CHRU de Brest et le CHIC de Quimper. “Le projet entrait complètement dans leurs problématiques d’amélioration de la prise en charge des patients. Aujourd’hui, nous travaillons avec les médecins pour développer la solution. À terme, ils nous accompagneront dans l’expérimentation.”
Imago est un jeu sérieux qui apprend au patient diabétique à gérer sa maladie. “Plutôt que de présenter un coach, j’ai décidé d’inverser le point de vue. Nous mettons en scène un avatar 3D qui est le reflet du patient. Avatar qu’il faut nourrir et soigner au quotidien. Et donc apprendre de façon ludique à gérer tous les critères d’un protocole thérapeutique lourd et complexe.” Avantage attendu : le respect du protocole de traitement permet d’éviter des complications pénalisantes pour le patient et coûteuses pour la collectivité.
Outre l’apprentissage, Imago comporte deux autres volets. Le premier est une fonction de télésuivi qui collecte et transmet différentes données au médecin. Celui-ci pouvant ainsi anticiper un déséquilibre glycémique. L’autre fonction fait appel à l’intelligence artificielle. Destinée aux patients sous insuline, elle assiste ceux-ci dans le calcul de la dose d’insuline au quotidien. “Pour compléter les schémas théoriques, nous simulons le diabète du patient en nous appuyant sur ses données de vie réelles pour prédire de façon fine le taux de glycémie.”
En dehors d’Imago, n’existe-t-il pas d’autres solutions ? “Il existe déjà plusieurs applications, pour calculer les glucides, pour évaluer l’activité physique… Mais tout cela est très fragmenté. Notre solution prend le patient en charge de manière globale sur tous les aspects de la pathologie.”
Toujours épaulé par Cervval, Sébastien Le Yaouanq a créé la société E-medys en fin d’année 2017. En portefeuille outre Imago d’autres produits logiciels hérités de Cervval : une solution de télésuivi du diabète chez la femme enceinte, un outil de formation à la médecine d’urgence, un outil de formation au réglage d’un respirateur artificiel… Dans l’avenir, la startup compte approfondir et élargir le sillon des “solutions mobiles connectées, intelligentes et personnalisées pour l’aide à la prise en charge de pathologies complexes”.
Le jeune entrepreneur participait à la mi-avril à la mission TIC et Santé au Québec. Est-ce le signe d’une ambition internationale ? “Les marchés sont très différents d’un pays à l’autre. Sur tous les plans : culturel, réglementaire, de prise en charge des coûts de santé. L’idée, c’était plutôt d’ouvrir des partenariats avec des acteurs locaux. Et cette mission a été l’occasion de très bons contacts industriels et académiques. Au Québec, comme avec les autres Bretons de la délégation.”
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