Publié le 24/04/2017
Une fois n’est pas coutume : le petit avalera le gros, une PME de Lannion prendra le contrôle d’une société parisienne. Ekinops, spécialiste de la transmission sur fibres optiques pour les réseaux télécoms à très haut débit, est entré en négociations exclusives avec le fournisseur de plateformes d’accès et de routage multi-services, OneAccess, pour un rachat à hauteur de 60 M€. Une opération aux motivations stratégiques : atteindre la taille critique qui ouvre la porte des grands opérateurs de réseaux.
Si tout se passe comme prévu, Ekinops s’apprête à changer de dimension d’un facteur 4 à 5. Et ce sur tous les plans. Avec le rachat de OneAccess, le chiffre d’affaires cumulé passera de 18 millions à 76 millions (chiffres 2016). Le nombre de salariés grimpera de 85 personnes à plus de 400. Au site R&D de Lannion il faudra en ajouter quatre : en France à Vélizy et Sophia-Antipolis, en Belgique à Louvain et en Inde à Bangalore. L’empreinte internationale, très forte pour Ekinops aux États-Unis, prendra de l’ampleur en Europe, en Asie, en Australie…
Et ce changement de dimension est précisément le premier objectif de l’opération d’après le PDG d’Ekinops, Didier Brédy, interviewé sur Le Revenu : “Nous avons une belle croissance à Ekinops : quasiment 25% de croissance en 2015, un peu plus de 20% en 2016… Cependant, le principal frein à notre croissance est notre taille. Ce n’est pas la technologie, ce n’est pas l’offre qui est très attractive, ce ne sont pas les prix : c’est notre taille… Quand on discute avec de gros opérateurs qui ont des besoins à plusieurs millions, 5, 10, 15 millions, il est difficile pour nous de convaincre car le montant de l’affaire est trop important en regard de notre chiffre d’affaires annuel. Ce qui est perçu par certains opérateurs comme un risque. Avec cette massification, nous aurons accès à de grosses affaires auxquelles nous n’avions pas accès avant.”
Outre la taille, la parfaite complémentarité technologique est un autre argument en faveur du rapprochement des deux structures. Ekinops a développé une architecture ultra programmable qui répond aux besoins des opérateurs pour la couche transport de leurs réseaux, notamment pour faire face à leurs enjeux en matière d’accroissement des capacités de leurs réseaux métropolitains, régionaux et longue distance. De son côté, OneAccess a développé une large offre de produits d’accès pour adresser les besoins en routage et services IP des opérateurs et de leurs clients entreprises…
Une complémentarité qui vaut aussi au plan commercial. Ekinops adresse majoritairement des opérateurs de taille moyenne et, depuis l’an passé, deux opérateurs de rang 1. Alors que les solutions OneAccess équipent près de 130 opérateurs télécoms, dont 29 dans le Top 100 mondial. Selon le communiqué publié par Ekinops : “Ces positions complémentaires et la quasi-absence de clients communs pourraient ainsi permettre au potentiel nouvel ensemble de maximiser les synergies commerciales.” En additionnant les deux activités, Ekinops et OneAccess bénéficieront d’une offre complète qualifié de “socle technologique unique sur le marché pour tirer parti du formidable potentiel offert par la virtualisation des réseaux.”
L’opération de rapprochement devrait être réalisée dans le courant de l’été. Elle nécessite de convaincre les personnels et actionnaires des deux entreprises, et pour Ekinops de réussir l’augmentation de capital qui permettra de dégager le cash nécessaire. L’acquisition de OneAccess par Ekinops sera rémunérée à 50% en numéraire, le reste étant réglé en actions Ekinops.
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