Publié le 31/01/2018
Pour les PME engagées dans le projet EMBRACE, l’enjeu était vital : réussir le virage de la radio logicielle. Et concevoir ainsi une infrastructure radio HF tout numérique qui réponde à de multiples usages. D’abord dans les domaines de la sécurité maritime et du positionnement de précision. Et puis bien d’autres : radio numérique terrestre, systèmes radars, communications radio tactiques, internet des objets…
Pascal Olivier avait depuis longtemps “fléché cette étape” dans la feuille de route de l’entreprise qu’il dirige. Pour Digidia, spécialiste des systèmes de communication radio numérique, le SDR (Software Defined Radio) aussi appelé radio logicielle, était “le virage à ne pas manquer”. La société rennaise saisit l’occasion de l’appel à projets PME 2014 pour s’allier à la PME nantaise PrimeGPS. Leur objectif commun : concevoir une infrastructure radio HF générique capable, grâce à son architecture SDR, de répondre à des besoins très différents. Pour ce projet, appelé EMBRACE, les deux PME bénéficient de l’expertise d’une troisième partenaire, le laboratoire CAIRN de l’Inria Rennes Bretagne Atlantique. Celui-ci est spécialisé dans les systèmes sur puce reconfigurables, qui sont un des fondements de la radio logicielle.
Le projet EMBRACE cible en priorité deux usages qui correspondent à des marchés très différents auxquels les deux PME s’adressent respectivement. Pour Digidia, il s’agit de la sécurité maritime. Et en particulier la mise au point d’un récepteur NAVDAT. Celui-ci est un standard pressenti pour être le futur numérique de la sécurité en mer. Pour Prime GPS, l’objectif est le positionnement de précision (GNSS centimétrique) requis pour certaines études océanographiques notamment. Ce niveau de précision est obtenu grâce à des signaux de référence émis depuis une station terrestre.
Sur cette base, les trois partenaires ont développé en un peu plus de 2 ans un “cœur HF” de nouvelle génération : il est mono-composant, basé sur un circuit intégré reprogrammable et il utilise les principes de la radio logicielle. Les avantages de la nouvelle plateforme sont multiples, au point d’avoir transformé le métier de Digidia en profondeur. “C’est une nouvelle façon de penser et de travailler, avec aussi de nouveaux outils. Aujourd’hui, nous gagnons en temps de développement, en complexité, en compacité, en consommation d’énergie, en coûts de production, en time to market… Tous nos développements, toutes nos cartes électroniques, tous nos produits sont basés sur cette architecture grâce à EMBRACE.”
Un produit est issu directement du projet. C’est une box pour bateaux, adaptée aux contraintes de l’environnement marin, qui “alimente automatiquement le système informatique à bord”. Le produit est commercialisé sous le nom de NAV-eBox par Kenta. Cette PME quimpéroise est une “société sœur” de Digidia, car pilotée par les mêmes dirigeants.
À entendre Pascal Olivier, l’expérience collaborative EMBRACE a été résolument positive. “C’est un projet comme on les aime : bien orienté, très spécialisé, avec de bonnes relations et le concours d’experts sur des sujets pointus. Pour Digidia, ça a été un vrai accélérateur.” L’entreprise se positionne aujourd’hui en “spécialiste incontournable des technologies radio logicielle”. Ceci pour toutes les applications industrielles, quelles soient civiles ou militaires. Et même sur un domaine encore peu exploré, l’internet des objets en mer*.
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EMBRACE en bref. Avec une durée de 27 mois, le projet s’est terminé fin janvier 2017. D’un budget global de 483 k€, il a été soutenu par les collectivités bretonnes et ligériennes.
(*) KENTA est aujourd’hui leader d’un autre projet, PRACTI SEAS, qui prolonge EMBRACE sous l’angle des usages en développant des services NAVDAT et les fondements d’un IoT adapté au contexte marin. (Voir PRACTI SEAS : sécurité maritime et IoT en mer).