Focus sur Atraksis : catalyseur d’innovation au service des secours

Publié le 06/06/2025

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Depuis sa création en 2017, l’association Atraksis œuvre pour rapprocher les services de secours des acteurs de l’innovation technologique. Fondée par des sapeurs-pompiers et médecins engagés, elle se positionne comme un interface entre terrain opérationnel, start-up, chercheurs et industriels.

À travers des projets innovants – de la géolocalisation indoor à l’IA pour l’aide à la décision – Atraksis incarne une vision ambitieuse du “secours du futur”, fondée sur la donnée, la résilience des communications et la collaboration entre écosystèmes.

Pouvez-vous nous présenter Atraksis et la mission que vous portez au service de la modernisation des secours ?

Atraksis est une association fondée en 2017 par plusieurs officiers de sapeurs-pompiers et médecins. Son objectif principal est de faciliter les échanges entre les services d’incendie et de secours et l’écosystème de l’innovation, en particulier les start-up et acteurs technologiques.

Nous portons une mission de “création de valeur croisée” :

  • Pour les services de secours, en leur apportant des solutions concrètes, innovantes et adaptées à leurs enjeux opérationnels,
  • Pour les start-up et entreprises partenaires, en leur offrant des cas d’usage exigeants, concrets, permettant de tester, d’adapter et de valoriser leurs innovations technologiques.

Notre rôle est d’agir comme interface, facilitateur, catalyseur, entre des mondes qui ont peu l’habitude de se parler. Nous encourageons une dynamique d’acculturation croisée,  d’expérimentation, d’essaimage et de mise à l’échelle des solutions innovantes.

Quelles problématiques du terrain souhaitez-vous résoudre en priorité grâce à l’innovation technologique ? Quelles innovations ou projets marquants Atraksis a-t-elle déjà portés ou accompagnés ?

Nous intervenons sur un large spectre de problématiques, mais certaines priorités se dessinent clairement :

  • La préparation des équipes de secours : formation immersive, simulation, maintien en condition opérationnelle, suivi de la condition physique.
  • La prévention des risques : détection des évolutions du territoire (par exemple, repérage des zones où la végétation peut amplifier les risques d’incendie).
  • L’aide à la décision en opération : traitement massif de données, intelligence artificielle, géolocalisation indoor, exploitation de l’imagerie (spatiale, thermique, drone).
  • Les communications critiques : passage de la voix radio traditionnelle à des flux multimodaux (vidéo, image, géopositionnement temps réel) exploitables par les centres opérationnels.

Nous avons par exemple lancé un appel à projets en partenariat avec la Région Île-de-France et BPI france , avec un cofinancement de 2,5 millions d’euros.

Cinq solutions innovantes ont été expérimentées au sein des services de secours franciliens. Ces projets portaient sur des thématiques variées : géolocalisation indoor, modélisation 3D de bâtiments sensibles, suivi de la préparation physique des sapeurs-pompiers, communications satellitaires à haut débit et communications critiques en environnement dégradé.

Quelle est votre vision du “secours du futur” à 5 ou 10 ans ? Selon vous, quelles seront les ruptures technologiques majeures à venir dans ce domaine ?

Le “secours du futur” sera profondément dépendant de la donnée, de sa qualité, de sa disponibilité et de sa capacité à être traitée et exploitée en temps réel. Cela permettra d’optimiser l’organisation, d’accélérer les réponses, et d’améliorer la coordination opérationnelle.

Deux ruptures technologiques majeures nous semblent déterminantes :

  • Les communications critiques du futur, à travers des réseaux résilients, sécurisés, permettant la transmission de flux riches (Nexus, Réseau Radio du Futur).
  • La massification du traitement de données opérationnelles, pour permettre l’automatisation de tâches, l’anticipation, et l’assistance à la décision en situation complexe.

Le défi n’est pas seulement technique : il est aussi culturel et organisationnel, et nécessite un accompagnement de l’écosystème dans son ensemble, avec l’appui de l’État et des collectivités.

En quoi le croisement de nos écosystèmes – tech, recherche et secours – constitue-t-il un levier d’innovation fort ?

C’est au croisement de ces écosystèmes que se créent les innovations les plus pertinentes. Atraksis cherche précisément à orchestrer ces croisements, entre :

  • Le monde des secours, riche en cas d’usage et en besoins opérationnels concrets,
  • L’écosystème technologique, avec sa capacité d’innovation rapide et son goût de l’expérimentation,
  • La recherche et l’ingénierie, qui apportent une structuration scientifique et une capacité à bâtir des solutions robustes.

Ce croisement est un levier d’accélération : il permet à des entreprises, souvent issues d’autres secteurs (défense, spatial, santé…), de découvrir dans le champ des secours un débouché exigeant mais porteur. Et il donne aux services de secours un accès plus rapide et plus structuré à l’innovation, dans une logique d’intérêt général.