Innovation numérique : Il faut un temps pour tout

Publié le 01/09/2016

Un temps pour tout

Le temps devient une variable essentielle de l’activité économique. Or les échelles de temps qui peuvent battre la mesure entre l’approche stratégique (perspective et/ou prospective), la mise en place des infrastructures, les données macroéconomiques qui prennent en compte la transition énergétique, la transition numérique, les rythmes de croissance mondiaux, … ne sont pas les mêmes. C’est le sujet de ce nouveau Zoom proposé par Jean Claude Fraval.

Le temps long

Celui des infrastructures et notamment celui des réseaux de communication. Là aussi les réseaux de communication mobile ont apporté un changement significatif, puisque les générations se sont succédées et aujourd’hui la préparation de la 5G rendra obsolescentes les générations d’infrastructure précédentes.

Il n’en reste pas moins vrai que le temps est qualifié de long puisque la période de temps de développement et de déploiement est largement supérieure à celle de l’utilisation d’un téléphone mobile (2,5 ans en moyenne).

Il en résulte un fort impact des pouvoirs publics, tant sur le plan de la régulation que sur celui des investissements.

Le temps court

Celui des services, celui des usages. Les nouvelles applications développées par des milliers de développeurs au sein de l’écosystème propriétaire (Android, IOS, Windows, …), les nouveaux contenus déposés par les centaines de milliers de contributeurs des réseaux sociaux et les nouveaux usages révélés par des millions d’utilisateurs et/ou d’usagers, contribuent au temps court.

Il en résulte un fort impact des individus et au-delà des « communautés ».

Ce « temps court » est devenu également synonyme des technologies de collecte de données massive (big data), de technologie analytique (analytics).

1 minute sur internet

Ce qui se passe en 1mn (en 2015) dans l’univers digital (Domo)

 

Le temps brusque, la disruption

Celui de la rupture, de la disruption. La tendance n’est plus au rendez-vous. Ce qui était prévisible (en tendance) se poursuit mais une nouvelle technologie (ou plus souvent un nouvel usage) vient en perturber la poursuite : entre autres selon le McKinsey Global Institute (MGI), l’Internet des objets, le Cloud Computing, la voiture autonome, la robotique de pointe, les énergies renouvelables,…

Ces transformations vont de pair avec des changements radicaux dans le domaine macroéconomique. Les échanges mondiaux progressent maintenant au même rythme que la production alors qu’auparavant les échanges mondiaux progressaient 2 fois plus vite que la production. Les échanges mondiaux de données ont été multipliés par 45 en 10 ans. Ils dépassent maintenant les échanges internationaux de biens.

 

L’échelle de temps en perspective

La mise en perspective d’un marché est efficace en général pour les marchés établis, voire pour les marchés en saturation qui ne peuvent plus compter que sur les marchés de renouvellement. C’est le cas notamment pour le téléphone fixe, les téléviseurs, … . La mise en perspective est possible puisque les phénomènes sont répétitifs et limités dans le temps.

Les pays émergents voient tous ou presque apparaître un marché domestique en forte croissance, nécessitant alors l’apparition du type de marché « commodities », puisque ces pays n’ont pas encore le pouvoir d’achat permettant les prix « premium ». Naissent alors des nouveaux fabricants, locaux qui, pour équilibrer leur production, vont chercher à vendre leurs produits dans les dernières couches de population accessibles et non pourvues des autres pays.

 

L’échelle de temps prospectif

La prospective est au carrefour de la science et de l’imagination. Alors que la perspective part d’un point connu pour en déduire les évolutions, compte tenu du passé, la prospective arrive à un point inconnu pour voir les conditions (les signaux faibles) qui amènent à ce point.

Essayons de tirer quelques plans sur la planète :

  • L’usine du futur : si la production est devenue mondiale, les marchés se relocalisent, puisque le client est partie prenante de la conception (il fait partie de l’écosystème), ce qui va conduire immanquablement à une relocalisation de l’outil industriel, plus près des marchés. La personnalisation, l’individualisation des produits et des services conduiront à son accentuation.
  • L’urbanisation est à la fois un défi écologique (pollution, eau, déchets), un défi économique (zones blanches rurales plus nombreuses et plus vastes) et un défi social (c’est l’endroit où se rencontrent les plus grandes inégalités puisque c’est le lieu où cohabitent les plus favorisés et les plus défavorisés). Là, pas de solutions, les « smart cities » n’étant pas une réponse à la hauteur du problème, qui frôle dans certains endroits la limite de la pollution, de l’insalubrité, de la sécurité. L’urgence est très probablement dans ces domaines où e-Santé, e-Education, e- Administration, véhicules autonomes seront de la partie, tout comme les technologies et services de la transition énergétique.
  • L’intelligence artificielle sous ses deux formes les plus en vue (deep learning et assistants virtuels) : si aujourd’hui ces thèmes battent des records, il s’agit de records en termes d’investissements, passant de US$145M en 2011 à US$645M en 2015.

 

Au-delà de ces chiffres vertigineux, les possibilités au sens prospectif sont les suivantes :

  • L’apprentissage, tout ce qui permettra d’appendre des échanges, des interactions en vue de prévoir le futur.
  • La compréhension du langage naturel : thématique clé d’un grand nombre de développements en cours
  • Les réseaux neuronaux, l’informatique neuronale
  • Et d’une manière plus générale toute convergence entre biologie et technologies de l’information (« machine perception » par exemple, neurosciences).

 

Retrouvez l’intégralité de l’analyse sur ZOOM, l’espace collaboratif dédié aux analyses prospectives de Jean Claude Fraval.