Publié le 23/06/2017
Quand Imeon Energy a démarré en 2013 avec son onduleur intelligent, on la regardait de haut. Quatre ans plus tard, la société brestoise, récemment labellisée Pass French Tech, exporte ses produits partout dans le monde. Elle surfe à la pointe des concepts d’autoconsommation, de centrale électrique virtuelle, de smart grids… Une vague promise à grossir avec les nouveaux usages comme la voiture électrique ou l’électroménager connecté.
À la base de ce succès, un phénomène qui prend de l’ampleur dans le monde : l’autoconsommation électrique. Une pratique qui consiste à consommer l’électricité que l’on produit localement et à ne recourir au réseau qu’en cas de besoin. La production se fait généralement sous forme photovoltaïque. Un type d’installation solaire auquel Imeon Energy a apporté une révolution en intégrant un onduleur intelligent. Celui-ci pilote les flux d’énergies : priorité à la consommation directe, seul l’excédent d’énergie produite est stocké sur batteries. Avec pour avantages, moins de pertes de rendement liées au stockage, plus de longévité des batteries. Et au final, un gain en efficacité de 30%.
Pas facile de se faire une place dans un monde de l’énergie où les acteurs sont de taille mondiale et les lobbies puissants. Pourtant, l’onduleur intelligent Imeon se fait remarquer dès sa première apparition. C’était en 2014 et depuis lors, le produit innovant de la petite société brestoise a intégré le catalogue de nombreux grossistes et distributeurs à travers le monde. “C’est le fait marquant de ces deux dernières années”, souligne Christophe Goasguen. “Nous avons vraiment accéléré à l’international.” Europe, Afrique, Asie-Pacifique, et bientôt Australie… Une liste que le dirigeant résume par un résultat éloquent : “Nous réalisons 95% de notre chiffre d’affaires à l’export.”
En creux, ce taux record signifie également que l’activité en France est quasi inexistante : “On peut parler d’écologie ou autre. Mais au final, il n’y a pas photo, la motivation qui fait investir dans une installation solaire est d’abord financière. Notre solution se vend dans les pays où le prix du kilowattheure est à 25 ou 30 centimes. En France, avec un tarif à 15 centimes et moins d’ensoleillement, on a du mal à atteindre la parité réseau. Mais ça viendra. Ce n’est qu’une question de temps, c’est inéluctable !”
D’abord focalisée sur le marché résidentiel, la gamme des onduleurs Imeon s’est progressivement étendue en direction des installations de taille moyenne. D’autant que l’architecture électronique utilisée permet à plusieurs onduleurs de fonctionner en parallèle. Et même d’agir de façon synchronisée : “Nous ne connaissons pas directement le client final, mais nous voyons passer de plus en plus de gros projets. Des hôtels, des quartiers de 200 ou 300 maisons autonomes en énergie. Et c’est justement l’intérêt de nos produits, les onduleurs Imeon peuvent travailler ensemble.”
Car Imeon Energy sait investir pour garder un coup d’avance. Ses onduleurs sont aujourd’hui de “vrais ordinateurs connectés”. Ils sont basés sur un cœur Linux et des applications qui apportent à la demande de nouvelles fonctionnalités. Par exemple, pour gérer finement les cycles de charge/décharge des batteries au lithium et prolonger leur durée : “Demain, s’il sort une batterie plus performante, il suffit de développer et télécharger l’application qui va bien pour mettre à jour l’onduleur et prendre en compte cette nouvelle génération.”
Ce choix de pousser l’intelligence dans le système correspond aussi à une vision de l’évolution du marché de l’énergie et des modes de consommation. Avec d’abord la notion de centrale électrique virtuelle (Virtual Power Plant) qui combine un groupe de petites sources locales d’énergie pour créer un micro-réseau stable et robuste à l’échelle d’un quartier. “C’est l’avenir. Les onduleurs Imeon sont VPP Ready. On offre la capacité de créer un réseau maillé…” L’autre tendance étant de considérer la maison comme un ensemble d’objets connectés dont on peut optimiser la consommation. “Il existe maintenant des machines à laver connectés en Wi-Fi. Demain, on appuiera sur le bouton, mais c’est l’onduleur qui décidera du meilleur moment pour lancer la machine. Et ce sera la même chose pour la climatisation, le ballon d’eau chaude, ou encore la charge de la voiture électrique. Notre onduleur est prêt pour ces nouveaux usages.”
Imeon Energy a levé 1,6 M€ l’an passé, ce qui a permis de développer la nouvelle génération de produits et de passer les certifications : “En tout, nous avons mobilisé plus d’un demi-million d’euros pour rentrer dans les différents pays.” Par rapport aux prévisions, tous les voyants sont au vert. Excepté un trop plein de commandes, “un problème positif”, sourit le dirigeant. Outre Brest, un centre de services a été ouvert en Afrique du Sud et un autre est prévu en Océanie. Quant aux projets R&D ? “En interne, nous avons une liste longue comme le bras.” Des développements sont également en cours en partenariat avec des industriels. Pour l’équipe, 17 personnes aujourd’hui, pas de quoi s’ennuyer : “Tout le monde est passionné, aussi parce qu’on travaille sur des sujets sympas.”
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Photo : Imeon Energy au salon Intersolar 2017. Au centre Christophe Goasguen