Publié le 02/10/2017
Lamark a mis au point une plateforme de stockage d’images. Sa différence face à Flickr et autres mastodontes du stockage en ligne ? Elle tatoue l’image de manière invisible et trace son utilisation à travers le web. Le service, appelé Imatag, positionne la startup au premier rang des technologies de marquage, de recherche et de reconnaissance d’image.
“Rennes est la Mecque du tatouage numérique”, s’amuse Mathieu Desoubeaux. Avant de préciser : “Le monde du watermarking est vraiment tout petit. C’est marrant que nous soyons si nombreux ici.” La concentration à laquelle il fait référence comprend notamment Nexguard, b-com, ContentArmor, Kantar Media… Chacun cultivant sa différence : protection des contenus haut de gamme, de la vidéo temps réel ou du contenu audio.
Et maintenant sur le segment de la photographie, Lamark, dont Mathieu Desoubeaux est le CEO : “Il n’existait rien pour la photo, en tout cas rien de satisfaisant. Parce que la niche est plus étroite. Aussi parce qu’il est très difficile de marquer une image, qui reste un fichier de petite taille. Mais le vrai challenge était de réussir à ce que le codage résiste aux traitements habituels sur le web. Être capable de certifier la source même après une forte compression, un changement de taille ou un recadrage. C’est sur ce point que nous sommes 10 fois meilleurs que tout ce qui a pu se faire jusqu’à présent.”
L’idée est née au sein des laboratoires de l’Inria d’une conjonction entre expertise en tatouage numérique et passion pour la photographie. Ainsi que d’un problème auquel tous les faiseurs d’images sont confrontés : comment exposer sa production sur le web sans risquer le pillage ? Lamark répond à la question en associant deux technologies. La première, déjà évoquée, est un tatouage numérique imperceptible à l’œil inséré de manière indélébile dans les pixels de l’image.
La seconde est un Web crawler, un moteur de recherche capable de fouiller systématiquement la toile et détecter tout ou partie d’une image marquée. Le lien qu’il manquait entre une image et ses métadonnées – l’auteur, le titre… – ne peut plus être rompu. Pour démontrer la puissance du système, une anecdote : “On m’a pris en photo sur un stand à côté d’un poster imprimé d’une image certifiée Imatag. On ne voyait qu’une partie de l’image. Mais ça a suffi pour qu’on la retrouve sur le web. Notre système est robuste, y compris dans le contexte de l’impression.”
Le service est un classique du genre : un espace de stockage, des fonctionnalités de gestion, le tout accessible sur abonnement, gratuit jusqu’à 1 giga de stockage, payant au-delà. Et puis les spécificités maison : le tatouage automatique des images et, dans la version payante, le traçage internet. Les clients sont des photographes indépendants professionnels ou amateurs, “ça leur simplifie la vie”. Aussi, des agences de presse ou de communication qui intègrent les fonctionnalités d’identification et de traçage “directement dans leur système”. Disponible depuis 2016, le service héberge déjà plus de 5 millions d’images certifiées.
Pour l’instant, la clientèle est principalement française. Même si par essence, Imatag est conçu pour l’international. Une levée de fonds de 500 000 euros opérée cet été auprès de EDD, première plateforme de presse en France, permettra d’accroître “l’acquisition client” par un supplément de visibilité. Les “partenariats avec des plateformes étrangères” étant une autre piste pour accélérer.
En parallèle, l’entreprise poursuit ses efforts R&D. L’objectif est double : enrichir le service Imatag et construire des briques logicielles Lamark, commercialisables indépendamment sous forme de licences. Parmi les technologies concernées, bien-sûr le tatouage numérique (watermarking) et le traçage d’image (tracking). Mais aussi, la labellisation automatique d’image (autotagging). Ou encore la recherche d’image par reconnaissance de l’information visuelle (visual search). “Nous avons engagé des développements basés sur le deep learning et l’intelligence artificielle sur ces technologies. Dont les premiers résultats sont hyper encourageants. Nous allons renforcer nos moyens pour aller plus loin.”
Lamark a été récemment sélectionnée avec 7 autres startups pour une tournée américaine dans le cadre du French-American Creative Lab. Un séjour à New-York et Los-Angeles pour faire des rencontres de futurs clients ou partenaires. Le plan à terme de l’entreprise étant de, au-delà du photojournalisme, “s’étendre à d’autres verticales”.
L’équipe. A droite Mathieu Desoubeaux.
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Lamark est membre Images & Réseaux
Photos : © Thierry Secretan