Laval Virtual sous l’angle des besoins des PME

Publié le 30/03/2017

Laval Virtual 2017

Leurs métiers sont aussi différents qu’il est possible : fabricant de pinceaux, spécialiste en maintenance, bureau d’études en dessin industriel… Pourtant ces PME sont venues à Laval Virtual avec les mêmes objectifs : se différencier et gagner en productivité grâce à la réalité augmentée ou virtuelle. Une visite était organisée pour elles dans le cadre de l’opération Métall’Augmentée.

Laval Virtual, vendredi 24 mars, troisième journée dédiée aux professionnels, le salon des technologies et usages du virtuel fait le plein. Un petit groupe d’entrepreneurs et cadres de PME se constitue pour une visite guidée. Ils ne sont pas là pour chercher les sensations fortes ou l’effet Waouh, mais pour trouver des réponses à leurs besoins. Marie Ferronnière, animatrice de l’opération Métall’Augmentée, a programmé un parcours ciblé à travers les multiples stands. Le salon, qui n’en finit plus de grandir avec une surface doublée en 3 ans, accueille cette année plus de 240 exposants.

“C’est l’endroit pour faire un état de l’art”, estime Dominique Vié, qui dirige une entreprise basée dans l’Yonne nommée Boudin SAS – Les moulistes de maintenance. La société est, comme son nom l’indique, spécialisée dans la réparation et la maintenance de moules d’injection plastique et de moules de thermoformage : “On ne vit que de ça.” Ce qui l’amène à intervenir en France, en Europe et au-delà. Mais le métier a de plus en plus de mal à recruter du personnel qualifié : “Essayez de chercher un ajusteur mouliste, et vous verrez… Il y a 10 ans, on sentait qu’on allait dans le mur, aujourd’hui on est dedans.” Alors Dominique Vié cherche une alternative à cette “hyperspécialisation” dans des outils d’assistance à base de réalité augmentée.

De multiples applications pour l’industrie

Participent également à la visite, deux autres PME : la fabrique de pinceaux Raphaël, de Saint-Brieuc, et Ferchaud Ingénierie, entreprise spécialisée dans le dessin industriel basée près de Saint-Nazaire. Le parcours à travers les stands privilégie les applications industrielles :  le casque intelligent de Daqri, qui intègre la réalité augmentée dans un casque de sécurité ; les différentes techniques avec ou sans marqueurs pour capturer le mouvement ; la solution d’eye tracking de Tobii qui permet de déterminer où se focalise l’attention de l’utilisateur ; la plateforme de collaboration en réalité mixte Nucleus VR ; le progiciel générique et plug-and-play de réalité augmentée pour l’industrie de Diota ; les solutions à retour d’effort de Haption

Certains produits retiennent plus particulièrement l’attention car proche des préoccupations des participants. Comme cette solution de collaboration à distance proposée par Thales, conçue pour des opérations de maintenance critique. Le dialogue entre un opérateur sur place et un expert distant prévoit, au-delà de l’échange de photos ou vidéo, des dispositifs d’interaction tels que le dessin, l’annotation… Surtout, il s’agit d’une solution générique sur étagère donc abordable comparée à un développement spécifique.

Source d’attention également, l’humain augmenté de Scalian. En plus du casque de chantier équipé d’une lunette de réalité augmentée, l’opérateur porte des chaussures de sécurité connectées. Celles-ci peuvent lui signaler une zone interdite ou encore servir de badge d’accès pour accéder aux zones contrôlées… Enfin le système de “téléportation” de Mimesys a aussi mobilisé la curiosité. Il s’agit d’une plateforme de communication holographique permettant de collaborer autour d’un modèle 3D.

Visite MetallAugmentee

Le groupe en compagnie de Jérémy Pluvinage

Une demande pour la collaboration immersive

Les solutions de collaboration immersive sont d’ailleurs un des points retenus par Yves-Marie Salanson, directeur artistique du fabricant de pinceaux Raphaël : “Lorsqu’il faut collaborer avec une usine à l’étranger, l’immersion dans un même espace et autour des mêmes objets est un plus pour la productivité.” L’autre besoin identifié à travers la visite du salon concerne la capture de mouvements : “Dans notre métier, il existe des savoir-faire très spécifiques qui se perdent avec les départs en retraite. Il faudrait créer une sorte de bibliothèque de gestes afin de conserver cette connaissance.”

Pour Ferchaud Ingénierie, c’est aussi la dimension collaborative qui retient l’attention. Cyril Monharoul est gérant du bureau d’études : “Nous faisons de l’assistance technique en dessin industriel pour tous secteurs. Nous sommes convaincus que la revue de projet en réalité virtuelle peut générer un gain de temps de 10 à 20 pourcents. Lorsque l’on est immergé dans le projet à l’échelle 1, on perçoit beaucoup plus facilement un défaut ou une éventuelle amélioration.”

L’opérateur assisté

Quant à Boudin SAS et son problème de main d’œuvre qualifiée pour la maintenance des moules à injection, un projet est déjà sur les rails. L’entreprise développe, avec le concours de l’Ensam, un outil de réalité augmentée pour aider un opérateur non chevronné dans une intervention de maintenance. Selon Dominique Vié, il s’agit d’abord de “prévenir des éventuelles situations dangereuses”. Ensuite d’accompagner les gestes et trouver les informations : “Un moule est constitué d’un très grand nombre de pièces. C’est une sorte de grand Lego en 3D, dont certains éléments sont enfouis au plus profond de la machine. Avec donc une énorme quantité de documentation. C’est ça qu’il faut réussir à simplifier.” Un premier prototype est en cours de développement. L’idée étant, à terme, d’évoluer grâce à l’assistance de l’opérateur vers une sorte de “centre SAV”.

Métall’Augmentée

Soutenu par le Fonds pour l’Innovation dans l’Industrie (F2i) via l’Union des Industries et Métiers de la Métallurgie (UIMM), l’UIMM des Côtes-d’Armor et le pôle de compétitivité Images & Réseaux, Métall’Augmentée vise à développer des innovations de réalité augmentée accessibles en termes de coût et de prise en main aux PMI de la métallurgie. L’opération, d’une durée de trois ans, a débuté fin 2015 par des actions de sensibilisation.  Elle se poursuit maintenant par des contacts directs avec les entreprises intéressées. Il s’agit d’apporter un supplément de compétitivité aux PMI par l’utilisation des technologies de RA ainsi que de la visibilité aux acteurs du domaine de la RA.
Contact :  Marie Ferronnière.