Et si l’avenir était aussi aux startups sociales ?

Publié le 23/02/2017

SenseCube

Quand le monde du numérique et ses objectifs d’hypercroissance rencontre celui de l’économie sociale et solidaire, on obtient le concept de startup sociale. Une organisation qui utilise le modèle collaboratif et l’impact du numérique pour répondre aux enjeux sociaux et environnementaux. Entretien avec la nantaise Coralie Gaudoux, directrice de programme chez SenseCube, l’accélérateur de startups sociales de la communauté MakeSense.

Dans la notion de “startups sociales”, n’y a-t-il pas une sorte de paradoxe : deux mondes qui se télescopent ?

Coralie Gaudoux. C’est pour cela que nous avons créé SenseCube. Parce que l’économie numérique avec ses startups et l’économie sociale et solidaire sont à l’origine deux mondes qui s’ignorent. Or ce qui nous intéresse, nous, dans le concept de startup, c’est la capacité d’hypercroissance : faire grandir rapidement le nombre de bénéficiaires d’un projet sans que les coûts augmentent dans la même proportion. La startup sociale adopte les codes de l’innovation technologique et l’innovation dans les modèles d’organisation, qui sont le propre des startups. Ceci pour s’attaquer aux grands défis sociaux et environnementaux du moment, par exemple le gaspillage alimentaire ou encore le vieillissement de la population. Tous les projets que nous accompagnons au sein de SenseCube ont une dimension numérique.

L’économie sociale et solidaire est un mouvement ancré dans l’histoire. En quoi le numérique change-t-il la donne ?

CG. Le numérique change profondément la donne parce qu’il permet d’aborder les problèmes de manière nouvelle et à très grande échelle. Un des axes est l’utilisation de technologies de pointe. Par exemple, nous accompagnons le projet Panda qui vise à concevoir un casque à destination des malvoyants. Il se sert de techniques de réalité virtuelle et réalité augmentée pour analyser l’environnement de la personne et le reconstituer en audio. Il permet de guider la personne vers le passage piéton, il dit si le feu est vert ou rouge, il utilise la reconnaissance faciale pour identifier une personne, etc.

Un autre axe est l’utilisation du numérique pour sa capacité à démultiplier l’impact. MakeSense en est un bon exemple. C’est une plateforme en ligne qui permet aux entrepreneurs sociaux de proposer des défis et les soumettre à la communauté. Potentiellement, ce sont 30 000 citoyens dans le monde qui peuvent se mobiliser pour les résoudre.

Il existe aussi d’autres modèles communautaires. Grâce au numérique on peut mobiliser de petites communautés locales qui, elles, agiront concrètement à leur échelle. Ce modèle est celui de Le Carillon. C’est une organisation qui permet de fédérer un réseau de commerçants, d’habitants et de SDF à l’échelle d’un quartier pour donner la possibilité aux personnes sans domicile de sortir de leur isolement. L’idée, c’est de profiter d’une plateforme accessible de partout pour créer et animer des petites communautés là où l’on vit. La diffusion de l’idée est globale et numérique mais l’engagement se concrétise dans la vie locale et réelle. Le modèle contributif de l’open source est aussi un thème d’inspiration.

Est-ce qu’il existe en France un exemple de startup sociale à croissance continue y compris à l’international ?

CG. L’exemple le plus connu, même si nous ne l’avons pas accompagné, est celui de la Ruche qui dit oui. Son objectif est de donner la possibilité à des gens d’avoir accès à des produits locaux, en circuit court. La Ruche qui dit oui est basée sur une plateforme numérique qui crée du lien entre producteurs et consommateurs et facilite la gestion d’un petit réseau à l’échelle locale. Aujourd’hui, il existe des centaines de ruches en France et le modèle s’exporte en Angleterre, en Allemagne…

L’entrepreneuriat social, c’est plein de belles histoires de gens qui sont absolument heureux dans ce qu’ils font.

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