Publié le 25/07/2016
Le MEDEF propose suite au déplacement d’Olivier Midière, Ambassadeur du MEDEF pour le numérique le 29 juin une synthèse des enseignements sur l’écosystème numérique Israëlien. Ses points forts et faiblesses, sa culture, ses leviers d’actions, start-up nation, investissement, accélérateurs, innovation. Nous vous proposons une synthèse de ce qu’il faut retenir.
Il en ressort dans un premier temps que les atouts principaux sont les technologies matures, le fort esprit entrepreneurial, une R&D orientée usages, un accès facilité aux grands comptes et aux réseaux internationaux.
Israël a sur son territoire 5 université à renommée mondiale, avec une forte proximité entre le secteur économique et le monde universitaire, ce qui favorise le transfert technologique, quasi systématique et incite les académiques à travailler étroitement avec les grands groupes et acteurs économiques. Ce terreau permet aux entrepreneurs de lancer des spin off sur la base des brevets. Le système de rémunération des chercheurs est également innovant puisque si les brevets restent propriétaires des établissements, les chercheurs touches des royalties des licences, un acte non négligeable pour encourager l’innovation et surtout le transfert technologique.
La filière de la cyber-sécurité a été la 1ère a tester de nouvelles méthodes plus rapides d’incubation avec Entrepreneur en Résidence. Le principe ? un entrepreneur pressenti embauche 3 experts et travaille avec un client pour tester si le concept qu’il lui a prévu est efficace. La start-up n’est créé uniquement après la confirmation.
La start-up nation est également rendue possible grâce à une politique d’investissement exemplaire. Au côté du programme d’investissement d’Etat, l’Israël attire de l’investissement privé, principalement venture -capital dont 70% vient de l’étranger. Il existe notamment des liens forts avec la Silicon Valley. Une industrie de capital risque active et dynamique avec une vingtaine de fonds. L’entrepreneur israélien revend en moyenne dans les 5 ans à une multinationale pour devenir ensuite business Angel à leur tout. Aujourd’hui plus de 300 groupes internationaux sont installés en Israël et investissent avec un record en 2015 estimé à 9,02 milliards de dollars soit +14% par rapport à l’année précédente.
Les tendances de l’investissement ? Les chinois et indiens arrivent en Israël, le private equity banking augmente sa présence pour consolider de plus en plus de secteur.
A l’image de BPIFrance, le bureau du Chief Scientist, au Ministère de l’économie israélien soutient la R&D des entreprises israéliennes mais aussi étrangères dans le pays en favorisant certains secteurs économiques ou zones géographiques. Une 20aine d’incubateurs et plus de 40 programmes d’accélération assurent le travail d’accompagnement soutenu par l’état, et on compte aujourd’hui une centaine d’accélérateurs privés, généralistes ou spécialisés.
“L’Israël a compris qu’avec un marché local trop petit (8M d’habitants), la meilleure chose à faire est d’exporter son savoir-faire et ses technologies et ceci en partenariat avec des entreprises internationales”
Et ces grands entreprises s’impliquent (open innovation, achat innovant, corporate venture, …)
Force est de constater que le leadership dans la cyber-securité est un facteur clé de succès de la transformation numérique avec des cycles de développement de moins de 3 mois, ce qui était impensable il y a 5 ans.
“C’est toute la valeur de la transversalité technique et culturel de la Start-up Nation et du découplage du R et du D”.
La maîtrise du cyberespace devient un prérequis dans la digitalisation et l’IoT et sera le prochain cheval de bataille du secteur.
Le MEDEF a identifié 3 principaux leviers pour les entreprises françaises. Tout d’abord la R&D est l’innovation. Les universités sont friandes de développer des collaborations, il est possibles d’implanter des centres de R&D, notamment sur les sujets de la sécurité, des biotechs ou le IoT, l’open innovation est largement favorisée. Le 2ème levier est celui des investissements avec notamment des start-ups à fort potentiel sur la santé, le bid data, la foodtech. Enfin la 3ème opportunité relève des marchés. En effet l’Israël apparaît comme un bon tremplin pour le marché nord-américain. Par ailleurs Israël semble être une terre propice au développement de call center haut de gamme en français grâce à la diaspora implantée là-bas.
Jusque dans les années 2000 la présence des entreprises françaises se restreignait aux dimensions commerciales avec une implication faible sur l’écosystème. Ce n’est plus vrai aujourd’hui puisque les investissements français dans les secteurs technologiques se multiplient soit avec l’ouverture de centre de R&D (Alcatel Lucent – aujourd’hui Nokia – y localisait son siège d’innovation sur le cloud computing), le rachat d’entreprises israéliennes (Sodexo, Publicis, Orange, L’Oréal notamment) et la création d’accélérateurs avec notamment l’OrangeFab ou la SNCF qui investit dans l’accélérateur Ecomotion pour prospecter le secteur des transports intelligents, l’augmentation des partenariats technologiques (des dizaines de projets FIRAD France Israêl Industrial R&D Cooperation Framework), et enfin l’implication d’entrepreneurs français sur le territoire.
L’accord bilatéral FIRAD signé en 1992 et renouvelé en 2013 se traduit par des appels à projets communs pour favoriser les collaborations. Depuis mai 2014 49 projets ont été soumis pour un budget de 78M€ et 11 projets déjà retenus pour le financement : e commerce, 3D, maintenance industrielle, réalité augmentée, santé, smart city, cleantech, sécurité aérienne, de nombreux secteurs sont concernés. Israël est également impliqué dans le programme Européen EUREKA ou Eurostars, dans lequel les projets doivent impliquer au moins un participant français et un israélien. Enfin le programme Dare lancé en 2015 est un concours ouvert aux start-up françaises et israéliennes visant à faire émerger des projets collaboratifs. Ce programme porté par French Tech (qui a installé son 3ème Hub en Israël), Business France, BPI et Medicen, a déja permis à 5 start-up françaises de venir prendre le pouls des biomed en Israël.
Un rayonnement français qui s’accroît, des investissements nombreux, une maturité technologique qui n’est plus à prouvée, les voyants semblent donc au vert pour les coopérations franco-israélienne.