Publié le 15/06/2017
C’est l’un des enseignements de l’Observatoire des compétences du numérique (ORCN) mis en place en Pays de la Loire. Les entreprises font état d’un sentiment de pénurie, notamment sur les profils de conception-développement-test. Et quand elles se projettent à 2 ou 3 ans, elles placent en tête le big data et l’IoT en tête des technologies incontournables. Décryptage des constats et tendances qui se dégagent du premier rapport semestriel.
Ce décryptage est réalisé en compagnie de Arnaud Vielle, chef de projet Filière numérique à ADN’Ouest. À ce titre il “pilote l’observatoire”, dont la première enquête terrain porte sur le deuxième semestre 2016. L’enquête a été réalisée auprès de 358 entreprises, “en s’adressant directement aux décideurs”. Les entreprises contributrices sont des acteurs du numérique aussi bien que des utilisateurs qui disposent d’un service dédié. L’enquête est prolongée par des croisements avec d’autres données comme celles de Pôle Emploi “pour aller plus loin dans l’analyse des tendances observées”. Elle profite aussi des résultats d’enquêtes précédentes réalisées avant la mise en place de l’observatoire.
Premier enseignement du rapport de l’ORCN, le numérique a un poids très significatif en Pays de la Loire avec un effectif évalué à 47 000 emplois. Et ce chiffre est amené à croître rapidement puisque les entreprises enquêtées prévoient 1500 recrutements dans les 6 mois. Si l’on remonte sur 5 ans, “le dynamisme régional est très marqué”. Pour preuve, le différentiel de croissance des effectifs du secteur numérique : +20% en Pays de la Loire contre +6,4% sur l’ensemble de la France.
Quelles sont les fonctions recherchées ? “Sans surprise, c’est la conception et le développement informatique qui est largement en tête avec plus de 30% des intentions de recrutement”. Viennent ensuite le pilotage opérationnel (les chefs de projet), l’infrastructure, le marketing digital… Les entreprises recherchent de préférence des profils de niveau bac+4 ou bac+5 et surtout “des personnes confirmées ou ayant une première expérience”. La grande majorité des personnes recrutées viennent du Grand Ouest. Seuls 16% viennent d’au-delà.
Évaluer le sentiment de pénurie est un des éléments clés de l’observatoire, car il s’agit de “donner une image de la filière et d’éclairer la prise de décision sur les politiques à mener”. Fin 2016, le problème apparait de plus en plus net : 15% des entreprises déclarent avoir une vraie difficulté à recruter contre 9% l’année précédente. Comme on peut s’y attendre, les tensions les plus fortes concernent la conception et le développement.
Également en forte progression, l’attente des entreprises quant aux “soft skills”. C’est-à-dire les compétences autres que techniques : savoir travailler en équipe, rédiger une présentation, communiquer à l’oral, discuter avec le client… Le rapport avance que l’évolution technologique permanente expliquerait cette nouvelle attente : les compétences de savoir-être sont perçues comme étant de l’ordre du prérequis ou de la formation continue tandis que la formation technologique peut être dispensée en interne.
Du point de vue des jeunes, toute la difficulté est de décrocher le premier emploi. D’autant que le taux de transformation en emploi des stages et formations en alternance est relativement faible : “Nous nous sommes rendus compte que seulement 43% des entreprises ont confirmé au moins un stage en emploi. Ce qui veut dire que pour le reste, soit 57% des entreprises ayant répondu à l’enquête, aucun stage ou alternance ne s’est transformé en contrat. Dans les éditions à venir, nous essaierons d’affiner le questionnaire pour trouver des explications. Certaines sont à chercher du côté des entreprises. D’autres du côté des jeunes dont les attentes sont en pleine évolution. Nous avons par exemple recueilli des témoignages de grands groupes qui doivent continuellement s’adapter pour tenter de rester attractifs auprès des jeunes souvent tentés de rejoindre des startups.”
L’observatoire cherche aussi à cerner les attentes à 2 ou 3 ans. Les technologies qui focalisent l’attention des décideurs sont le big data, “en progression constante depuis 3 ans”, puis les objets connectés. Le cloud figure à la troisième place, même s’il est “cité relativement moins souvent”. Au niveau des métiers arrivent en tête data scientist, UX designer et social media manager. Pas d’attentes particulières sur la sécurité ? “Non, ce sujet n’apparaît pas encore parmi les top priorités. Il ne ressort actuellement qu’en sixième position.”
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- Voir le site avec synthèse et rapport complet en téléchargement www.orcn.fr
- L’ORCN est mis en œuvre par ADN’Ouest avec le soutien de la Région Pays de la Loire, de la DIRECCTE, de Nantes Métropole et de la CARENE.