Publié le 02/07/2019
À ses débuts, en 2008, Neotec Vision se positionnait en sous-traitant pour l’industrie avec pour spécialité le contrôle par analyse d’images. Depuis, la TPE s’est lancée dans la R&D et l’intelligence artificielle appliquées à des secteurs aussi variés que la Silver économie ou l’agri-agro. Aujourd’hui elle envisage une levée de fonds…
Difficile pour une TPE de se lancer dans des projets collaboratifs d’envergure ? Neotec Vision, dont l’équipe technique ne compte que quatre personnes, dirigeants compris, est en passe de prouver le contraire. Elle mène de front plusieurs projets de recherche et développement grâce auxquels elle se construit une réputation de spécialiste du traitement d’image par l’intelligence artificielle, avec en perspective un premier produit maison en 2020.
L’histoire a commencé en 2008. Vincent Gauthier, aujourd’hui CEO, s’est associé avec Jean-Luc Corre afin de poursuivre l’activité de “vision industrielle” qu’ils exerçaient en tant qu’ingénieurs dans une entreprise partie pour une autre région. Neotec Vision se positionne alors en bureau d’études. La société conçoit et réalise des bancs de contrôle et de mesure optique pour des secteurs industriels les plus variés : automobile, industrie pharmaceutique, cosmétique, injection plastique par exemple…
Les premières années, l’entreprise vit de travaux sur-mesure et de sous-traitance : “Au début nous étions alimentés par notre ancien patron.” Si bien qu’elle connait des pics de charge, mais aussi de “gros creux d’activité“. L’idée de développer en parallèle des produits propres s’appuyant sur les fortes compétences développées finit par s’imposer. C’est l’orientation prise à partir de 2012.
La première piste explorée est un dispositif de prévention à destination des seniors. Neotec Vision réalise un premier prototype de capteur optique de détection de chute, “techniquement efficace mais dont le prix de revient est trop élevé”. Ce qui l’encourage à monter un projet de recherche avec des partenaires universitaires afin de “diminuer les coûts et ajouter des fonctionnalités”. C’est le projet PRUDENCE, dont la TPE industrielle est le coordinateur. Soutenu par l’Agence nationale de la recherche, il a été lancé en 2017 pour une période de 3 ans.
Dans un autre registre, Neotec Vision s’intéresse à partir de 2016 au bien-être animal. Il s’agit cette fois de détecter automatiquement des signes de conscience chez les porcs pour contrôler l’efficacité de l’étourdissement dans les abattoirs. Le dispositif : un jet d’air est envoyé sur l’œil de l’animal, une caméra capte la scène, un algorithme d’analyse d’images détecte un éventuel réflexe cornéen. C’est le projet CET’automatique qui recueille un prix de l’innovation “deux étoiles” au Space 2018. Et l’occasion des premiers pas de l’entreprise dans le monde de l’intelligence artificielle : “Nous avons embauché un jeune docteur pour améliorer les algorithmes par le Deep Learning. Nous sommes passés de 80% à 97% d’efficacité de détection. Nous continuons à travailler sur ce concept.”
Puis dans la continuité, la TPE s’est récemment lancée dans un nouveau projet, cette fois en tant que partenaire chargé de l’intégration des solutions d’images développées par Dilepix et Inria. CARTAM est un projet d’innovation collaborative au croisement des filières soutenu par la région Bretagne et porté par Triskalia. Son objectif : détecter et cartographier automatiquement les mauvaises herbes et maladies dans les filières légumes d’industries et grandes cultures. Ceci pour “diminuer la quantité des intrants et notamment les produits phytosanitaires”.
CET’automatique se poursuit actuellement par des expérimentations avec l’industriel finistérien Hénaff, la solution devrait être commercialisable à partir de 2020. En l’espace de quelques années, Neotec Vision sera passée de la sous-traitance à une accélération par l’innovation. Comment Vincent Gauthier voit-il évoluer son entreprise dans les 5 ou 6 ans à venir ? “Devenir le spécialiste de l’intelligence artificielle autour des signes de conscience chez les porcs et les bovins ainsi que de l’agriculture de précision, poursuivre notre cœur de métier qui est le développement d’algorithmes d’analyse d’images et commercialiser nos solutions en Europe.”
Jusqu’à présent l’entreprise vit et finance une partie de sa R&D grâce à la réalisation de dispositifs de contrôle et à “des clients historiques que nous continuons à suivre”. Demain, il faudra grossir et muscler la politique commerciale. Et peut-être lever des fonds ? “Nous sommes en train de changer de dimension. C’est la réflexion du moment.”