NFI IoT, l’opportunité d’une réindustrialisation

Publié le 09/05/2017

Table ronde NFI-IoT

L’internet des objets est une révolution technologique dans laquelle les acteurs français sont aux avant-postes. Et sur tous les plans : objets connectés, infrastructures réseaux, services… Peut-être une opportunité de réindustrialisation ? C’est avec cet objectif qu’a été établie une feuille de route IoT dans le cadre de la Nouvelle France Industrielle. Et c’était la question au centre d’une table ronde NFI IoT, le 27 avril à Lannion.

Pour en parler, six experts. Trois venus du monde de l’entreprise : Éric Hardouin, Chef de recherche sur la connectivité ambiante chez Orange, Hervé Rannou, dirigeant de la startup brestoise Cityzen Data, et Sébastien Rospide, Directeur du réseau d’expertise électronique du Grand Ouest We Network. Et à leurs côtés trois représentants de l’état et des régions : Olivier Rouxel, chargé de mission RFID & IOT à la Direction générale des entreprises, Bernard Pouliquen, Vice-président du Conseil régional de Bretagne, et Laurent Pretrot, élu du Conseil régional des Pays-de-la-Loire. La table ronde NFI IoT concluait l’assemblée générale Images & Réseaux du 27 avril à Lannion. Avec Anne Chevrel pour animer le débat.

Réseaux, données, objets : des réalités variées

L’internet ses objets est-il déjà une réalité ? Oui, selon Éric Hardouin. Les premiers pas se sont faits avec le GSM qui est encore “la technologie la plus utilisée”. Depuis Orange “avance” par la mise en place d’un réseau LoRA pour des raisons de consommation énergétique, de coût et de portée. Car “il faut être capable de raccorder un capteur dans un parking en sous-sol.”  Le réseau LoRA d’Orange devrait “couvrir l’ensemble de l’hexagone en fin d’année”. Ensuite, et en attendant la 5G, des “technologies cellulaires optimisées” comme le LTE-M seront utilisées. Notamment “pour des applications critiques”.

Hervé Rannou décrit, lui, une réalité très éloignée des clichés sur les objets connectés du type “vu au CES”. Du point de vue de Cityzen Data, l’internet des objets représente une multitude de capteurs et de sondes en milieu industriel. Et surtout, d’énormes quantités de données à traiter :“Entre 250 et 300 milliards de données par jour.” Ce volume ne cesse de croître car toutes les entreprises sont loin d’avoir “franchit le pas”.

Côté marché des objets connectés, Sébastien Rospide confirme une orientation majoritairement BtoB plutôt que grand public. Le cluster We Network constate que les acteurs sont pour l’instant des startups qui génèrent “peu de volume en termes de marché”. Mais il observe aussi des signes d’un décollage imminent : “Toutes les activités s’intéressent aux opportunités ouvertes par les objets connectés sur le plan des performances industrielles et même marketing.”

Une feuille de route pour donner de la cohérence

L’internet des objets en France est dynamique mais contrasté. Si bien que l’état a décidé de dresser une feuille de route pour accompagner et structurer ce mouvement spontané. Une orchestration des initiatives d’autant plus nécessaire que “la thématique internet des objets est transversale”, selon le représentant de la DGE, Olivier Rouxel. Tellement transversale, qu’elle se trouvait jusqu’alors “éparpillée dans différents plans” de la Nouvelle France Industrielle.

La feuille de route traverse donc trois Solutions NFI : Économie des données, Confiance numérique, Objets intelligents. Et elle garde en point de mire, “le plan Industrie du futur”. Elle se décline en quatre axes. 1 – Développer l’offre nationale par l’expérimentation et la mise place d’infrastructures. 2 – Diffuser les technologies vers les entreprises et le grand public par de la sensibilisation, également par “des challenges” tels que celui consacré aux big data. 3 – Créer un environnement de confiance en travaillant sur la protection des données et des offres sécurisées de référence. L’hébergement des données et applications est également un point crucial. 4 – Développer l’écosystème national IoT. Ce dernier point met l’accent sur la fabrication sur le sol français, la mise à disposition d’une plateforme favorisant les relations marchés et fournisseurs, le soutien aux startups et la formation aux métiers de l’IoT.

Un rôle de facilitateur pour les régions

Le cap étant fixé, quel rôle pour les régions ? Bernard Pouliquen retient deux mots clés. D’abord la confiance numérique, qui “conditionne toute l’activité”. Sur ce sujet, dont la cybersécurité, la Bretagne a un rôle déterminant à jouer. À la fois sur les plans de la recherche, de la formation et du développement d’une économie de la sécurité numérique. L’autre point retenu est la gestion massive des données qui impose l’existence “des infrastructures qui permettent de travailler ces milliards de données”. Ainsi, “un gros datacenter” doit voir le jour à Rennes, prévu pour 2019. L’élu breton cite ensuite des cas d’usage qui permettent à la fois d’expérimenter les technologies et de “répondre à un vrai besoin des habitants”. Par exemple, le domaine de la santé. En particulier pour répondre à la question de la désertification médicale dans certains secteurs.

Pour Laurent Pretrot, élu des Pays-de-la-Loire, et sur ce sujet de la santé : “Le rôle des collectivités est d’intensifier le développement des réseaux pour porter les technologies comme l’IoT au cœur des territoires jusqu’aux usagers.” Par ailleurs, il met en avant la Cité de l’objet connecté d’Angers et “un objectif fort” sur l’industrie du futur. Il insiste également sur la formation : Nous croyons beaucoup à la voie de l’apprentissage même pour les technologies dont on pourrait penser qu’elles s’adressent surtout aux ingénieurs.”

La gestion de l’énergie est un autre cas d’usage de l’IoT cité à plusieurs reprises. D’autant que le projet SMILE, d’expérimentation de smart grids, est porté conjointement par les deux régions. Parmi les questions à résoudre, celui de la protection des données personnelles, dont “il faut garantir qu’elles ne sont pas utilisées à des fins commerciales” selon Bernard Pouliquen.

On a tout ici pour réussir

Plus tôt dans le débat, Sébastien Rospide avait eu l’occasion d’affirmer combien il croit dans l’opportunité que constitue l’arrivée de l’internet des objets pour réindustrialiser le pays. “L’électronique représente 50 000 emplois dans le Grand Ouest. Avec l’IoT, nous avons un sujet majeur. Et nous avons tout ce qu’il faut ici depuis les technologies des composants à la fabrication et à l’assemblage en passant par les réseaux.” Même opinion pour Vincent Marcatté, président d’Images & Réseaux, qui concluait la table ronde et la journée : “Pour moi l’internet des objets est une révolution. L’internet était le cerveau. Avec les capteurs et actionneurs, voici maintenant les sens et les muscles. Ce qui augmente d’autant le champ des possibles. En Bretagne et Pays-de-la-Loire nous avons toutes les compétences et savoir-faire pour construire cette révolution.

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Sur la feuille de route Internet des Objets

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