Publié le 05/02/2018
Visiter, contrôler, mesurer et consigner les résultats dans un rapport… Le métier d’inspecteur industriel semblait immuable. Novyspec y apporte sa révolution. La startup nantaise propose une plateforme intégrant objets connectés et services cloud pour outiller l’inspection industrielle. Elle invente ainsi le concept d’inspecteur augmenté.
Pour faire simple, l’inspection industrielle s’apparente au contrôle technique automobile. À partir d’observations, de mesures et de tests, on établit un rapport qui pointe les faiblesses éventuelles et valide ou non la conformité à la réglementation. Sauf qu’au lieu de véhicules, il s’agit de cheminées, de pylônes, de ponts, de câbles, de conduites sous pression, de réservoirs de stockage… Bref, d’équipements de toutes natures dans des secteurs aussi divers que l’énergie, les transports, la pétrochimie, le BTP. L’inspecteur se doit d’être à la fois indépendant vis-à-vis de l’opérateur des infrastructures et pointu du point de vue technique. Car il s’agit de rendre un avis de confiance, qui soit aussi pertinent.
C’est un hasard de la vie qui créera la rencontre entre ce métier bien particulier et Jean-Philippe Lerat. On le connait pour son expertise en ingénierie des systèmes complexes : il dirige la société Sodius. Aussi pour son implication au long cours dans l’animation d’Images & Réseaux et son collège PME. Quand il est amené à s’intéresser au sujet, il est surpris par certains aspects “très archaïques” de l’inspection industrielle : l’activité semble échapper aux révolutions technologiques en cours. “En discutant avec les professionnels, nous nous sommes aperçus qu’il y avait une vraie complémentarité entre ce qu’eux savent faire et ce que je pouvais apporter. Qu’une technologie est en train d’arriver à maturité à des prix abordables : l’internet des objets. Et qu’à partir de là, il existait de la place pour une offre totalement nouvelle. C’est comme ça qu’est née Novyspec.”
L’idée s’est transformée en société fin 2016. Et depuis lors en solution commercialisée. Novyspec est une plateforme accessible depuis le cloud qui intègre un ensemble de fonctionnalités spécifiques à l’inspection industrielle et automatise la remontée d’information issues de capteurs. Le dirigeant insiste sur le rôle d’intégration de la plateforme : “Nous ne sommes pas fournisseurs de capteurs. Par contre, nous pouvons préconiser des capteurs ou travailler à partir d’objets connectés existants. Notre métier, c’est de rendre exploitable de la donnée IoT pour de l’inspection industrielle.”
Donc faciliter la tâche de l’inspecteur qui doit observer une température, faire la moyenne de la pression observée sur une valve sur une période donnée, constater les contraintes et déformations subies par une structure… Toutes mesures physiques qui peuvent être réalisées par des capteurs embarqués communicants. “On observe aujourd’hui de gros investissements IoT sur le monitoring de process et la surveillance des équipements de l’entreprise. Nous, c’est un autre cas d’usage. Puisqu’il s’agit de contrôler de façon ponctuelle et de manière indépendante.”
Pour quels clients ? “Il existe deux types d’utilisateurs : les opérateurs d’infrastructures publics ou privés et les prestataires de l’inspection.” Dans la première catégorie, ce sont les ports, les aéroports, les entreprises de transport comme la SNCF, les gestionnaires de réseaux comme Enedis, les sites de production d’énergie, les villes aussi et leurs infrastructures Smart City… Dans la seconde, on trouve les spécialistes du diagnostic, de la maîtrise des risques, de l’audit industriel… Donc une large variété de profils et de secteurs potentiellement intéressés.
Surtout si l’on étend le regard vers l’étranger : “Sodius a déjà une forte habitude de l’international. Avec Novyspec, nous avons envie d’aller beaucoup plus loin que la France.” Siège à Nantes, bureaux à Paris, l’entreprise a en ligne de mire les États-Unis où, via Sodius, il existe déjà “une équipe et des contacts”. Également, la Chine qui se couvre d’infrastructures. Et où les outils de détection des anomalies d’inspection, l’un des atouts de la plateforme, permettront de garantir l’indépendance des contrôles. Lauréate du concours French IoT 2017, Novyspec avait gagné un billet et un accompagnement au CES 2018. D’où Jean-Philippe Lerat est reparti comblé : “Nous sommes revenus avec plus de 200 contacts. C’était extrêmement fructueux.”
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Voir aussi L’inspecteur augmenté de NOVYSPEC remarqué au CES de Las Vegas
Photo : Novyspec au CES 2018. Au centre, Jean-Philippe Lerat.
Novyspec est membre du pôle Images & Réseaux