Olivier Méril : « Recruter sans CV valorise le potentiel »

Publié le 21/06/2017

Médiaveille recrutement

Sélectionnée en mai dernier, la société de stratégie digitale Mediaveille a intégré la troisième promotion du Pass French Tech. En un an, elle a doublé ses effectifs et ambitionne de créer deux nouvelles agences en France. Olivier Méril, son dirigeant, revient sur les stratégies innovantes de recrutement de son entreprise. Interview.

 

Le Mag : Pourquoi avoir développé le recrutement sans CV ?

Olivier Méril : Nous l’avons mis en place il y a trois ans. Nous ne nous focalisons pas seulement sur le parcours des candidats. Le savoir-être et les savoir-faire sont essentiels. Depuis, nous avons recruté une quinzaine de collaborateurs sans CV et nous avons 100% de réussite. Mais ce n’est pas notre seul méthode. Nous travaillons avec deux cabinets de recrutement, deux écoles, nous faisons aussi du recrutement sur CV et misons sur l’alternance et les contrats de professionnalisation.

Le Mag :A quel type de poste s’applique t-il ?

Olivier Méril : Plutôt aux experts sur des postes de web-marketing et de référencement naturel. Cela nous permet d’avoir un regard assez objectif sur leurs capacités. Mais ce mode de recrutement pourrait se généraliser à d’autres types de poste.

L.M. : Quel est son intérêt pour votre société ?

O.M. : Il valorise les capacités d’apprentissage, le potentiel et permet de mesurer la passion mais aussi le feeling pour s’assurer que les valeurs de la société sont partagées. Nous avons recruté une personne qui a travaillé comme cuisinier mais qui nourrissait un fort intérêt pour le référencement. Avec un recrutement sur CV classique, nous aurions épluché 100 à 120 CV et il n’aurait pas été dirigé vers la bonne pile. Là, il a réalisé un test et ses résultats étaient bons. Nous l’avons rencontré et ça a fonctionné.

L.M. : Concrètement, comment ça se passe ?

Olivier Méril

Olivier Méril

O.M. : Nous mettons une annonce en ligne couplée à des tests que les candidats peuvent faire depuis chez eux. Nous convions 7 à 8 candidats, sur une journée de recrutement. Ils réalisent de nouveaux tests puis ils rencontrent des managers et des collaborateurs. A la fin de la journée, 4 à 5 d’entre eux rencontreront les ressources humaines. Et nous voulons donner une réponse le jour-même. Laisser une personne sans nouvelle pendant plusieurs semaines ou plusieurs mois alors qu’elle cherche du travail, ce n’est pas concevable pour moi.

L.M. : Vous avez aussi créé une école de la nouvelle chance, en quoi consiste-t-elle ?

O.M. : L’idée a longuement cheminé. J’avais discuté avec le père d’une jeune fille qui, pour des raisons médicales, n’a pas pu passer son bac ni poursuivre ses études. Nous avons cherché des solutions pour qu’elle suive une formation et qu’elle nous rejoigne en stage. Ça n’a pas fonctionné. J’ai fini par l’embaucher et la former en interne. Ça a été apprécié dans la boîte, car cela correspond aux valeurs humanistes que nous défendons. D’où l’envie de créer cette école de la nouvelle chance. Nous avons travaillé en lien avec l’institut de la filière numérique de Rennes, l’IMIE, et la première promotion est arrivée en octobre. Nous avons eu 300 candidats et avons pu en prendre une quinzaine en recherche d’emploi soit en situation de handicap. Ça a aussi changé ma vision. Quand on croise des personnes qui sont au chômage depuis 4 ans, qui ont 25 ans et qui veulent travailler, ça vous tord les boyaux. Ces personnes ont eu 6 mois de formation et 3 mois de stages. Nous avons eu le soutien d’une vingtaine de dirigeants d’entreprises locales pour les stages. En interne, nous avons aussi formé des collaborateurs qui souhaitaient ardemment devenir formateurs. C’est un cercle vertueux de bienveillance.

L.M. : Va t-elle déboucher sur des recrutements en interne ?

O.M. : Nous allons recruter 5 personnes, dont 4 femmes sur des postes en référencement naturel, veille et contenu, web-marketing et conduite de projet web. Nous allons également organiser un jobdating pour les autres diplômés. Avec ces derniers recrutements, nous devrions parvenir à la parité femmes-hommes dans nos effectifs. Ce n’était pas forcément volontaire, mais pour avoir été récemment sensibilisé à la question de l’égalité au travail, je réalise que c’est une bonne chose.

Mediaveille, lauréat du Pass French Tech. L’agence de stratégie digitale Mediaveille intègre la 3ème promotion du Pass French Tech au stade 3, réservé aux entreprises dont le chiffre d’affaires se situe entre 10 et 50 millions d’euros. Quatre autres entreprises bretonnes vont également bénéficier d’un dispositif d’accélération : les Rennais Advalo et Cailabs, Apizee à Lannion et Imeon Energy dans le Finistère. Côté ambitions, Olivier Méril veut se positionner comme leader national dans son domaine. « Nous sommes présents à Nantes, Strasbourg, Lille, Lyon, Paris et nous devrions bien l’être à Toulouse et Bordeaux. » D’ici 2018, la société veut également se positionner à l’international. Cette année, elle a démarré des projets avec une société marocaine et a remporté un contrat franco-allemand pour accompagner Arte dans sa stratégie digitale. Quant à grandir, Mediaveille souhaite passer dans la case ETI (entreprise de taille intermédiaire) d’ici 2020 en dépassant les 300 salariés d’ici là.