PASTEL outille les profs par la transcription temps réel

Publié le 02/03/2017

Amphi960

C’est un projet de recherche qui pourrait ouvrir à de nouveaux usages dans l’enseignement supérieur. PASTEL explore les possibilités de la transcription automatique en temps réel des cours. Une nouvelle génération d’outils destinée à enrichir l’enseignement et créer du contenu pédagogique en ligne.

Pourquoi se lancer dans l’exploration de tels outils ? “Parce que les progrès récents en transcription automatique à faible latence sont tels qu’il devient envisageable d’appliquer cette technologie aux situations d’apprentissage.” C’est notamment ce constat, énoncé par Christophe Choquet, enseignant-chercheur à l’université du Maine, qui a motivé le montage du projet collaboratif PASTEL.

Avec aussi le sentiment que les compétences réunies par les trois partenaires du projet sont de tout premier plan sur le sujet : technologies avancées d’apprentissage ainsi que de la parole et du langage pour le laboratoire LIUM de l’Université du Maine ; traitement automatique du langage naturel pour le laboratoire LINA de l’Université de Nantes ; traitement automatique de la langue écrite ainsi que technologies sémantiques et de reconnaissance audiovisuelle pour l’industriel Orange Labs. L’opérateur télécom est d’ailleurs très actif dans le domaine de l’e-éducation. Il opère notamment la plateforme Solerni de conception et publication de MOOCs (Massive Open Online Courses) et autres formes de dispositifs collaboratifs d’apprentissage en ligne.

Et puis il existe une demande pour de l’outillage des apprentissages numériques. “Nous avons une grande expertise de techniques de e-learning et des matériaux pédagogiques en ligne. Nous nous rendons compte que les enseignants sont volontaires pour utiliser ces technologies mais qu’ils ne sont pas satisfaits. Ils ont souvent des difficultés à s’approprier les MOOC existants et les contenus proposés par les éditeurs. Ce qu’ils veulent, c’est créer eux-mêmes des compléments à leurs cours.”

Une chaîne éditoriale de contenus pédagogiques

Le principe du projet PASTEL est de s’appuyer sur la prestation du professeur devant les étudiants pour lui permettre de produire aisément du contenu en ligne. Au préalable, l’outil passe par une phase d’apprentissage pour établir “l’univers du langage qui doit être transcrit”. Idéalement, cet apprentissage des concepts liés au sujet enseigné sera quasi-automatique. Il se fera notamment à partir des ressources utilisées par le professeur pour préparer ses cours.

Ensuite, le scénario d’usage sera le suivant. L’intervention du professeur est l’objet d’une captation vidéo et d’une transcription automatique temps réel. Pendant le cours, cette transcription est accessible aux étudiants. Ils peuvent l’utiliser pour créer des annotations en direct ou interagir avec le professeur qui dispose d’un tableau de bord. Par exemple, les étudiants peuvent signaler un passage mal compris. Des ressources connexes leur sont également accessibles pour effectuer des recherches en parallèle. Après le cours, l’ensemble des traces produites peut être utilisé par l’enseignant pour produire du contenu en ligne. En particulier, un traitement automatique permettra de prédécouper la captation vidéo en courtes séquences homogènes du point de vue sémantique, qui pourront être aisément ajoutées au contenu produit.

SPOC plutôt que MOOC

“Le but, c’est de rendre fluide et agile le processus à la fois en live et a posteriori grâce à une sorte de chaîne éditoriale. L’enseignant garde toujours la main sur le contenu produit automatiquement. Nous sommes convaincus que la généralisation de l’usage des technologies numériques passe par le développement des SPOC*, des cours en ligne de proximité et à coût réduit, qui permettront une large couverture des domaines d’enseignement. Nous ciblons aussi les besoins en rapid learning : produire rapidement des contenus qui deviennent ensuite des aides à l’apprentissage en présentiel comme à distance.”

Le projet, labellisé Images & Réseaux,  en est encore au tout début de ses développements prévus pour s’étaler sur 42 mois. Période au bout de laquelle l’équipe espère valider les concepts sur le plan technique comme sur celui des usages : “Nous sommes centrés sur l’utilisabilité et l’acceptabilité de ces outils par les enseignants et les apprenants. Ce sera un succès s’il y a appropriation. Nous ciblons l’enseignant lambda qui veut introduire une autre dynamique dans ses cours avec un minimum de surcharge en travail de préparation.”

(*) SPOC : Small Private Online Courses.