Publié le 03/05/2017
Ce fut l’un des temps fort de l’AG Images & Réseaux. Le skipper Sébastien Rogues est venu présenter un projet fou, à la croisée entre sport extrême et défi technologique. Un maxi-catamaran à foils capable de voler à la surface de la mer trois fois plus vite que le vent… Un concentré de technologies mêlant IoT, cloud et intelligence artificielle… L’ambition d’un record du monde. Son nom : Pegasius project.
À l’origine, un coup de foudre. Celui du jeune et expérimenté skipper lors de sa première rencontre “avec un bateau volant”. Il s’agit d’un multicoque équipé de foils, ces ailerons en carbone qui avec la vitesse permettent au bateau de décoller de la surface de l’eau. “C’est hallucinant. Je suis complètement addict. On peut atteindre jusqu’à trois fois la vitesse du vent.” Tout de suite, il sent qu’il faut “prendre le train”. Que le monde de la voile est en passe de basculer dans une nouvelle ère “en trois dimensions”. Il devient leader de l’équipe Engie sur le GC32 Racing Tour dédié aux catamarans volants.
Mais ces compétitions aux allures de sprints sont un cadre trop étroit alors qu’il se sent “homme du large”. Il lui faut “lancer un projet”. L’objectif devient le Trophée Jules Verne, qui n’a pour seules règles que de réaliser le tour du monde le plus rapide à la voile en équipage et sans escale. Donc descendre sous les 40 jours, 23 heures et 30 minutes, record établit début 2017 par Francis Joyon. Les performances d’un multicoque sur foils permettraient de boucler les 40 000 kilomètres “en approchant les 35 jours”, espère Sébastien Rogues.
Sauf que si l’on sait construire des foilers ultra rapides, on ne sait pas maintenir leurs meilleures performances sur des jours et des semaines. Ce qui amène Sébastien Rogues à cette conclusion : “Pour faire voler un bateau autour du monde, il faut qu’il soit intelligent et connecté.” C’est ça le projet Pegasius : un maxi-catamaran à foils, 100% autonome en énergie avec partout des capteurs et de l’IoT, un mix de communications cellulaires et satellites, des données stockées dans le cloud, du machine learning, de l’intelligence artificielle, des algorithmes pour évaluer en temps réel toutes les options. “Parce qu’un skipper ne réfléchit plus très bien quand il a froid et faim. Il faut de la technologie pour l’accompagner.”
Le bateau mesurera une trentaine de mètres, pour 22 de large, avec un mât culminant à 36 mètres. À bord, une dizaine de marins “pour mener ce pur-sang des mers”. Eux-mêmes seront connectés pour surveiller les coups de fatigue et optimiser les quarts. Le calendrier prévoit une mise à l’eau en 2019 et “une première tentative de tour de la planète par les trois caps en 2020”. Car il faut en prévoir plusieurs. “Aucune équipe n’a battu le record dès la première fois.” Pegasius se donne jusqu’en 2023 pour accrocher son nom tout en haut du palmarès.
Aujourd’hui, le projet Pégasius a toutes les caractéristiques d’une startup : “Nous sommes en train de lever des fonds.” L’objectif est double : réunir le financement nécessaire et constituer un consortium de partenaires susceptibles d’apporter les expertises nécessaires. Avec pour ambition de faire de ce chrono planétaire une vitrine du savoir-faire des différents contributeurs. “Pegasius Project servira de test en milieu hostile à toutes ces technologies parce qu’elles évolueront dans des conditions extrêmes de froid, d’humidité et de vibrations. Si nous parvenons à rentrer de ce tour du monde avec une chaîne aussi performante qu’au départ, le pari sera gagné.”
Sébastien Rogues se dit ouvert à toutes les propositions, avec une grille des investissements qui “reflète l’économie d’aujourd’hui”. Celle-ci prévoit la participation de grands groupes comme de petites structures : “Nous sommes ouverts aux startups parce qu’on sait que c’est elles qui ont l’agilité.” L’année 2017 est tout entière consacrée à la collecte des fonds et la réunion des compétences. La construction du bateau, prévue pour 2018, se fera en Bretagne et Pays-de-le-Loire. Le lieu reste à déterminer : “C’est un projet que j’aimerais voir naître à Saint-Nazaire.”
Assemblée générale et Focus IoT
L’intervention de Sébastien Rogues faisait suite à l’assemblée générale du pôle de compétitivité Images & Réseaux. L’événement se tenait le le 27 avril, à Lannion, dans la nouvelle salle plénière de Nokia. Il faisait partie, avec une table ronde autour du plan NFI IoT, d’un focus sur l’Internet des objets.
Voir le Storify de l’AG