Pixiel veut passer du drone au robot volant

Publié le 25/03/2016

Drone Pixiel au Togo

Tout va très vite dans l’univers du drone. Pixiel s’est créée pour faire de l’image aérienne pour l’audiovisuel. Cinq ans plus tard, la société nantaise est un constructeur de drones civils professionnels. Son ambition : créer des engins capables d’effectuer leur mission en autonomie.

Si la société Pixiel s’est mise à construire ses propres appareils, c’est tout simplement parce qu’à l’époque de sa création, en 2011, il n’existait pas sur le marché de drone civil qui convienne à son activité. Car l’idée de départ était de réaliser, à partir de drones, des images aériennes de qualité pour le cinéma et la télévision. Une activité devenue marginale aujourd’hui, 5% du chiffre d’affaires, mais qui a permis à la jeune société de faire ses armes dans toutes conditions : l’ambiance chaude et humide de l’Amazonie, la chaleur sèche et intense du Turkménistan, l’Afrique, l’Asie…

Et c’est sans doute ce qui fait sa différence aujourd’hui. Pixiel construit des drone civils professionnels capables de travailler dans tout type de conditions météorologiques. Un avantage auquel Moïse Rogez, fondateur et CEO, ajoute un deuxième point fort : la stabilité. “Quelle que soit l’application, il est très important que la donnée captée soit de bonne qualité, quelle ne subisse pas de déformations ou de vibrations. Plus on est capable de capter de bonnes images ou de bonnes données, meilleur sera le traitement de l’information.”

L’activité de Pixiel se décline en trois volets : la prestation de services dans des secteurs variés, audiovisuel, inspection d’ouvrage, relevé aérien, image thermique, surveillance et sécurité ; la formation, avec son École des métiers du drone présente dans six grandes villes de France ; et la construction de drones Made in France qui est aujourd’hui sa principale activité. La construction représente 70% d’un chiffre d’affaires qui a tendance à galoper : Pixiel a été récompensée du 1er Prix de l’édition Ouest 2015 du Deloitte Technology Fast 50 pour une croissance de plus de 1400% sur quatre ans.

Pont-de-Millau

Une foule de perspectives de R&D

Logiciel embarqué, électronique, mécatronique, design… L’équipe de développement d’une douzaine de personnes se concentre “sur ce qui fait notre valeur ajoutée” : la partie commande de l’appareil, afin que le drone fonctionne de manière sûre et fiable. Également dans la couche métier qui permet de traiter ou de prétraiter les informations : “C’est un axe que nous souhaitons renforcer à l’avenir. C’est aussi pour cela que nous avons rejoint Images & Réseaux, pour trouver des ressources ou des partenaires nous permettant d’approfondir notre maîtrise du traitement de l’image et du traitement de données.”

Le monde du drone bénéficie pleinement d’un ensemble d’avancées réalisées dans le transport et la mobilité. En particulier, la généralisation des smartphones a banalisé des composants comme les capteurs gyroscopiques ou les accéléromètres qui sont aujourd’hui “de plus en plus petits et de moins en moins chers”. À terme, Pixiel s’oriente vers le robot volant : “Nous travaillons sur des solutions qui, petit à petit, s’affranchissent du pilotage. Ou qui, dans un premier temps, assistent le pilote. Le drone sera par exemple capable d’éviter les obstacles. Vous programmez le drone pour qu’il suive un parcours, ensuite il fonctionne en autonomie.”

Vers une filière d’excellence ?

La filière drone est en pleine effervescence en France. En 2015, la Fédération professionnelle du drone civil estimait à 5000 le nombre d’emplois créés. “Et on n’est qu’au début de l’histoire”, estime Moïse Rogez. Cette avance française, on la doit pour partie à la régulation. La Direction générale de l’aviation civile (DGAC) a mis en place dès avril 2012 un cadre réglementaire qui a permis aux professionnels français du drone civil d’expérimenter les premières applications.

Pour le dirigeant de Pixiel, “chaque jour qui passe voit naître pour le drone de nouvelles possibilités”. Mais pour exister dans un secteur qui devient de plus en plus concurrentiel, il est urgent pour la filière française de poursuivre sa structuration : définir des normes de construction, élargir les conditions d’application par exemple pour “survoler une zone habitée”, mettre en place des formations qui “répondent à un référentiel de compétences”… Un Conseil pour les drones civils a été mis en place en juin 2015 pour favoriser ce travail de structuration en lien avec les solutions Transports de demain, Objets intelligents et Confiance numérique de la seconde phase de la Nouvelle France industrielle.

Pont de Millau

Accélérer à l’export

Pour l’instant, la filière française du drone civil bénéficie d’une expérience et d’une reconnaissance qui lui donnent une longueur d’avance à l’international. Pour sa part, Pixiel s’active autour à lever des fonds à hauteur de 2 millions d’euros pour accélérer son développement technique et commercial. La startup nantaise regarde par-delà les frontières “là où il existe de grands besoins” : l’Amérique latine et l’Afrique en particulier.

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www.pixiel.com