Publié le 13/04/2017
La métropole nantaise fait le pari des industries culturelles et créatives. Au centre de l’agglomération, le Quartier de la Création est un vaste espace où se côtoieront créateurs de startups, acteurs culturels, étudiants et chercheurs. Un lieu de frottement entre culture et innovation destiné à devenir un nouveau poumon économique et un laboratoire pour la ville de demain.
C’est un projet d’envergure. Le Quartier de la création, en cours d’aménagement sur la partie ouest de l’île de Nantes, accueillera sur 15 hectares toutes les branches des industries culturelles et créatives (ICC) : architecture, produits culturels non reproductibles, design, information, édition, mobilier, mode, musique, audiovisuel, photo, publicité et conception numérique. À horizon 2020, le quartier hébergera des entreprises et startups de ces secteurs, des établissements culturels et des établissements d’enseignement supérieur et de recherche. L’opération est menée par la Samoa, la société publique locale constituée pour aménager l’île de Nantes. Au sein de cette structure, Lionel Pouget est responsable de la communication du cluster Quartier de la Création.
Lionel Pouget. Le point de départ est l’île de Nantes et les friches industrielles laissées par l’industrie navale. L’idée était de capitaliser sur 20 ans d’une politique culturelle volontariste qui avait permis le développement d’une activité culturelle underground. Notamment autour de l’utilisation de ces lieux singuliers et des espaces gigantesques disponibles sur l’ouest de l’île. En 2003, la Samoa avait aussi décidé de réaménager a minima les halles Alstom pour créer une offre très attractive d’immobilier de bureau sur 26 000 m2. Ce qui a permis d’accueillir une cinquantaine de jeunes entreprises dans le champ des industries culturelles et créatives.
À l’origine on répondait donc à un besoin immobilier en faisant preuve d’agilité par une occupation temporaire des espaces disponibles. Il n’existait pas de volonté particulière sinon celle d’accueillir en cœur d’agglomération des artistes, des créatifs, de jeunes entreprises qui trouvaient là de quoi développer leur activité à des coûts planchers. À partir de cette étape, nous nous sommes rendus compte que la proximité entre acteurs économiques et culturels créait un système vertueux de nouvelle économie. La décision de créer un cluster dédié à la culture et à l’innovation date de 2008 pour accompagner la dynamique en place et miser sur une économie émergente, porteuse et singulière sur la ville de Nantes. Avec pour ambition, à terme, de créer un pôle d’excellence international dans le domaine des industries culturelles et créatives.
LP. Il suffit d’abord d’observer la progression de ces filières à l’international et l’attractivité des villes où elles sont fortement représentées. Aujourd’hui, les industries culturelles et créatives représentent 4,2% du PIB au plan européen. Mais ce qui nous a conforté dans cette idée, c’est une étude sur le bassin de Nantes Saint-Nazaire à laquelle nous avons contribué et qui a permis de mettre des chiffres sur le poids d’ensemble du secteur. Les industries culturelles et créatives représentent localement 36400 emplois, dont 32800 sur la seule agglomération nantaise. Nous avons également effectué une comparaison avec 14 métropoles équivalentes pour définir ce qui nous singularise. Ce qui a permis de définir quelques filières porteuses dont nous accompagnons aujourd’hui le développement.
LP. Nous avons décidé de focaliser notre action en direction de quatre communautés créatives, le plus ouvertes possibles afin de connecter des talents à des opportunités. Ces communautés sont le Care, appliqué à la santé, au bien-être et au mieux-vivre ; la Smart City que l’on conçoit comme étant ville créative, durable et connectée ; le Design, au sens large, y compris la conception d’espaces ; et le Média, avec les domaines de l’image, du transmédia, du divertissement…
LP. Ce sera, au cœur de la métropole, un campus urbain. Un quartier métamorphosé avec pour clef de voûte les halles Alstom dont la réhabilitation sera livrée entre 2017 et 2020. Ces halles, où l’histoire a commencé, seront transformées en catalyseur créatif avec l’École des Beaux-Arts, une plateforme économique d’expérimentation, un hôtel d’entreprises de près de 6000 m2… Dans cet espace seront logés la Cantine et un cluster sur les développements green, ainsi qu’une partie de l’université dédiée aux cultures numériques. Donc il faut voir ça comme un quartier bouillonnant, un terrain de jeu pour l’innovation et l’expérimentation. Un espace pionnier pour les usages de la ville de demain.
Des startups estampillées “Creative Factory”
En plus de l’animation des quatre communautés créatives déjà citées, le cluster Quartier de la Création propose un programme d’accompagnement des porteurs de projets d’entreprise ainsi qu’un accélérateur : Creative Factory. Celui-ci sélectionne chaque année 6 startups liées aux industries culturelles et créatives qui bénéficient d’une accélération pendant 7 mois. L’appel à candidatures, 4ème saison, est ouvert en ce moment et jusqu’au 15 mai (voir l’appel).
Pour illustrer “le bouillonnement”, quelques startups des saisons passées :
- Structures conçoit des ambiances lumineuses designs et personnalisées.
- Termites Factory raconte des histoires transmédia en bande dessinée, jeu vidéo, roman ou télé.
- Kaemo permet de créer sa propre boutique de vidéo à la demande.
- Egide propose des casques de vélos urbains personnalisés haut de gamme.
- Baludik crée des applications mobiles ludiques pour se balader.