Publié le 04/07/2016
Ambulance connectée, surveillance automatisée de l’épilepsie, application d’aide à la parole, test urinaire domestique… Ces quatre exemples démontrent l’étendue des possibilités en matière de e-santé. Tous s’appuient sur le programme européen FIWARE, destiné à créer et accélérer un écosystème européen autour du développement d’applications pour l’internet du futur.
Les projets qui suivent étaient présentés dans le cadre de la journée “Les objets connectés appliqués à la santé” qui s’est tenue le 21 juin à la Cité de l’objet connecté. Tous quatre ont été sélectionnés dans le cadre du programme européens FIWARE qui, outre des aides au financement, fournit des briques logicielles génériques orientées internet du futur et une plateforme commune d’expérimentation. Ces projets font partie du volet eHealth de l’accélérateur Fi-C3 piloté par Images & Réseaux.
Accident cardiaque, accident vasculaire cérébral… Chaque minute compte quand une vie est en jeu. Également pour limiter les séquelles d’attaques. “Time is brain”, explique Bastien Ritzen, CEO de l’entreprise belge Zebra Academy, dans le cas d’un AVC. D’où l’idée d’équiper l’ambulance en moyens vidéo et de communication et de la connecter à une plateforme Web pour gagner du temps.
Pendant le transport vers l’hôpital, un expert dialogue à distance avec le malade et les ambulanciers pour établir un diagnostic, effectuer les premiers gestes et aider l’équipe qui va réceptionner la personne à se mettre en condition optimale d’intervention. Selon des expérimentations menées dans les environs de Bruxelles, la solution Zebra réduit de “20 minutes en moyenne” le délai entre l’appel d’urgence et l’accès aux soins appropriés.
Le projet SeizSafe vient d’Espagne. Il est mené par Encore Lab, une jeune entreprise créée en 2011, et présenté par son “Project manager”, Sara Madariaga. Il s’agit cette fois de réagir au plus vite aux signes d’une crise d’épilepsie. La maladie concerne 50 millions de personnes à travers le monde, dont 20% sont susceptibles de développer une crise pendant la nuit. L’objectif du projet : alerter les proches et médecins “on time” afin de limiter les conséquences d’une crise potentiellement très dangereuse pour le patient.
La chambre et le lit sont équipés de capteurs, notamment des mouvements, et d’une caméra pour la retransmission d’images lorsque besoin. Le tout est relié à une plateforme d’archivage et de gestion, capable d’émettre des alertes vers différents terminaux dont des téléphones mobiles. Le dispositif recourt au datamining et à la reconnaissance de modèles spécifiques à chaque patient pour faire la distinction entre agitation normale et signes avant-coureurs d’une crise.
Le handicap de la parole est très répandu : il concerne 1,5% de la population, soit plus de 100 millions de personnes dans le monde, pour des raisons très diverses : autisme, maladie de Parkinson, handicap moteur-cérébral, troubles de l’audition, cancer de la gorge, etc. Le plus souvent, la personne est capable d’émettre des sons, mais pas de se faire comprendre. Sauf à disposer de Talkitt, un dispositif capable de reconnaitre et de reformuler la parole. Il a été mis au point par la société Voiceitt, basée à Tel-Aviv et New-York, représentée pour l’occasion par Devora Mason.
Talkitt est une application mobile qui fonctionne en deux temps. D’abord elle apprend le langage singulier de la personne grâce à un dialogue à base d’images et du Machine Learning, ensuite elle reconnaît les “patterns” enregistrés dans une base de données. Plus cette base de données est riche, mieux ça fonctionne. Et ceci quelle que soit la langue de l’utilisateur : “Talkitt is user-dependant, not language-dependant.”
Ce dernier projet vient également de Belgique, plus précisément d’Anvers où la startup Minze Health est établie. Jiri Vermeulen en est le CEO. Le propos : diagnostiquer ou surveiller un dysfonctionnement du système urinaire. Habituellement, les examens se font à l’hôpital. Ce qui est particulièrement inconfortable pour le patient comme pour l’équipe médicale, car il faut attendre une envie d’uriner souvent contrecarrée par le stress de l’hospitalisation pour procéder aux mesures qui conviennent.
La solution ? Effectuer toutes ces mesures à la maison et sur quelques jours ce qui est à la fois plus fiable et quasiment sans contrainte. Concrètement, il s’agit d’un “home device” qui transmet les données à une plateforme que l’urologue peut consulter à distance. L’équipement est fourni au patient par l’hôpital le temps du diagnostic ou du traitement, puis il est récupéré pour être utilisé par d’autres patients. Minze Health se rémunère sur la vente des appareils et accessoires, ainsi que sur la fourniture du service en ligne.
La phase d’open calls lancés par les accélérateurs est terminée. Selon Gaël Maugis, qui pilotait l’accélérateur FI-C3, “d’autres opportunités de financements autour des accélérateurs FIWARE vont se présenter”. Ce sera dans le cadre du programme H2020 : “Il faut rester attentif, les annonces ne devraient pas tarder.” Espérons cette fois que des projets français seront candidats. Jusqu’à présent, ils ont été très peu nombreux à profiter de l’opportunité alors que FIWARE est à la fois “une accélération des développements” et “une communauté sur laquelle on peut s’appuyer pour entrevoir des débouchés”.
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Voir le compte-rendu complet de la journée “Les objets connectés appliqués à la santé”