Publié le 07/09/2016
La créativité numérique s’octroie une place de choix lors du festival rennais de la création artistique et des nouvelles technologies, Maintenant. À côté des concerts et installations monumentales, trois jours de rencontres, conférences et workshops sont programmées dans la capitale bretonne. Au programme : interfaces sonores, cité créative et éducation au numérique.
Plus long, plus intense, Maintenant, le festival de la créativité artistique contemporaine, revient du 7 au 16 octobre à Rennes pour une 16ème édition. Durant 10 jours, une centaine d’artistes investiront 25 lieux via un parcours urbain, des rendez-vous intimistes et des installations monumentales comme les cinq lapins géants et lumineux de l’Australienne Amanda Parer qui veilleront sur le Mail François Mitterand après avoir foulé les sols de New York, Houston et Los Angeles depuis avril dernier. Maintenant, c’est aussi, trois nuits électroniques les 8, 14 et 15 octobre, une boum à la salle de la Cité le 8 octobre, une nuit arts, sciences et technologies « Papier 2.0 », au Diapason, le 13 octobre et un week-end à la maison de quartier du Cadran, dans le quartier Beauregard, les 15 et 16 octobre. En bref, une nouvelle occasion pour l’équipe de l’association Electroni[K] de multiplier les formats pour « inviter à une découverte poétique de propositions innovantes et sensibles ».
L’édition 2016 du festival renouvelle aussi son rendez-vous dédiée à la créativité numérique. Pour cette deuxième édition, les rencontres Demain migrent de la salle de la Cité au Mabilay, le bâtiment totem de la French Tech qui co-produit l’évènement. Cette année encore une dizaine d’intervenants locaux, nationaux et internationaux des mondes de l’art, l’éducation, la recherche et l’entreprise revisiteront les aspects hétérogènes de la créativité numérique. L’occasion pour les curieux, les étudiants et les professionnels de « se confronter aux nouveaux outils numériques avec les créateurs de demain », explique Florine Rupin, qui coordonne les rencontres pour Electroni[K]. « Nous souhaitons aussi créer une émulation avec les startups du territoire et les inciter à se rencontrer et s’ouvrir sur ce qui se fait à Rennes et ailleurs, du côté des ingénieurs comme des artistes », renchérit Cyril Guillory, coordinateur général de Maintenant et membre du directoire de la French Tech.
Dès le jeudi 13 octobre, les interfaces sonores et interactives seront au cœur des premières conférences et workshops. Au programme la manipulation physique et intuitive du son, la création d’interfaces simples et ludiques, la découverte d’objets ludiques et hybrides qui simplifient l’accès à la création musicale mais aussi les croisements à imaginer entre le design et la création sonore. Le lendemain, la cité créative prendra le relai avec, entre autres, l’intervention de Pascal Desfarges sur la ville transhumaniste (lire ci-dessous) et l’approche pluridisciplinaire d’Emmanuel Mahé, devenu directeur de recherche à l’école nationale supérieure des arts décoratifs de Paris après avoir expérimenté les laboratoires de recherche-développement et l’innovation au sein du groupe Orange. Dernier volet, l’éducation au numérique à travers la robotique, l’électronique et la programmation. « Un volet essentiel qui ne concerne pas seulement les enfants », explique Florine Rupin, pointant notamment la nécessité de « s’approprier les innovations dans le domaine du faire soi-même ».
Dominique Busso, fondateur et CEO de Happy blue fish, à Saint-Malo : « Le mobile a démultiplié la créativité dans le secteur du jeu. »
Le mag : Vous développez et concevez des jeux vidéos depuis 2009, quelle est votre marque de fabrique ?
D.B. : Notre premier axe a été le développement de jeux ludo-éducatifs pour enfants et adultes sur tablettes et téléphone : des méthodes d’apprentissage d’anglais ou du perfectionnement de la compréhension des textes pendant la lecture. Depuis 2012, nous avons aussi misé sur les jeux plus grand public dans lesquels priment toujours le plaisir de jouer. Avec nous, pas question de couper des zombies en deux ! Nous participons aussi à la mise en place d’une plate-forme numérique ludique pour des enfants et adultes atteints de troubles autistiques avec la société parisienne Learnenjoy.
Le mag : Quel est votre plus en matière de jeux pédagogiques ?
D. B. : Nos trois points clé sont le développement sur tablettes et mobiles, Ios ou Androïd, un savoir-faire sur le « comment » donner l’envie d’apprendre et, enfin, une réelle capacité à y ajouter une dimension ludique qui permette de bien jouer.
Le mag : La créativité est-elle fondamentale dans votre secteur ?
D. B. : Les apports fondamentaux du numérique, en matière de jeux et de jeux ludo-éducatifs sont connus depuis 20 ans. L’enfant peut aller à son rythme, il peut revenir en arrière, recommencer, avoir accès à du texte, des sons, des animations. Avec le développement des tablettes et mobiles, la créativité dans le jeu a été multipliée par 1000. Auparavant, seuls quelques grands éditeurs régissaient le marché. Dorénavant, de petits studio peuvent plus facilement proposer et concevoir leurs apps quand ils ont de belles idées et les box, cartouches, PC et Cd-Rom n’ont plus le monopole. Le jeu s’est totalement démocratisé.
Pascal Desfarges, fondateur de Retiss, laboratoire de technologies émergentes et pratiques collaboratives : « Les artistes ont un rôle fondamental à jouer dans les smart city. »
Le Mag : Selon vous, la smart city est un avant tout un projet politique, social et culturel. Quel en est l’enjeu ?
P. D. : La smart city est une coupole cybernétique que l’on pose sur une ville. Les technologies de contrôle et de traçage des données vont, d’un côté, simplifier la gestion de la ville, dans les transports, les flux routiers, etc. mais elles sous-tendent également une dimension de drainage des données indépendant des citoyens. Les métropoles doivent donc garantir un minimum de protection à leurs citoyens en terme de données et de protection de la vie privée.
Le Mag : Vous y opposez la notion de ville collaborative. Que mettez-vous derrière ce terme ?
P. D. : L’humain, les réseaux de tiers-lieux, de médiathèques qui créent du lien social, les technologies centrées sur les usagers. La notion de biens communs : le banc de la place, l’école, wikipedia, les licences en creative commons. Bref, tout ce qui permet de partager la connaissance. J’ y mets aussi le co-design qui implique les habitants dans la co-construction des politiques publiques et des équipements.
Le Mag : Quelle place revient à la créativité artistique dans vos approches ?
P. D. : Les artistes, les hackers, les architectes, les designers ont un rôle fondamental à jouer dans ces processus vers la smart city. Ils permettent de repenser une esthétique de la ville car ils ont une capacité critique, de mise à distance et de détournement des technologies. La ville créative est une étape fondamentale.
Plus : Maintenant, le programme.