Publié le 01/06/2017
C’est une application mobile développée à Rennes qui exploite les mille et une données collectées par l’ordinateur de bord de l’automobile. Grâce à ces informations et à la géolocalisation, Smartmoov détecte les défauts de conduite, petits ou grands. Son objectif : améliorer les performances du conducteur en lui proposant des challenges sur ses prochains trajets.
Sans qu’on le sache vraiment, notre voiture est depuis longtemps déjà un objet intelligent connecté. Vitesse de rotation des roues, force exercée sur les pédales, allumage des feux, déclenchement du clignotant, géolocalisation… Une quantité de paramètres remontent en permanence vers l’ordinateur de bord. Et de là vers le constructeur qui compile ces données sur ses serveurs à des fins d’analyse technique. Sur les modèles les plus récents, de nouveaux paramètres viennent grossir le nombre des données enregistrées : le régime du moteur, l’angle de braquage des roues, la distance aux véhicules précédents et suivants…
De là à imaginer des services s’appuyant sur ces informations, il n’y a qu’un pas que Smartmoov se propose de franchir. Avec toutefois – précision de Stéphane Pau, dirigeant de la startup rennaise – le consentement des conducteurs concernés : “Une application ne peut utiliser les données d’un véhicule particulier qu’à condition que le propriétaire ait signé un contrat.”
Pour accéder aux données, Smartmoov envisage deux solutions. Lorsqu’il existe un accord avec le constructeur, l’application mobile dialogue directement avec les serveurs de celui-ci. Ce devrait être le cas de Peugeot dès la rentrée de septembre 2017. Sinon, il faut recourir à Xee : “C’est un boitier mis au point par la startup française Eliocity. Il se branche sur la prise OBD du véhicule et traduit les données du constructeur en informations utilisables que l’on récupère sur les serveurs de Xee.”
Une fois les données du dernier trajet récupérées, l’application évalue les performances de conduite et affiche les erreurs sur une carte : dépassement de vitesse, freinage brusque, clignotant oublié : “Pour l’instant, on utilise les informations les plus simples, présentes sur quasiment toutes les automobiles. L’objectif n’est pas de culpabiliser le conducteur mais de l’aider à progresser.”
Ce coaching du conducteur est la différence de Smartmoov. L’application se veut utile et ludique. Elle met en évidence les erreurs récurrentes de conduite et propose des challenges pour s’en débarrasser dans la durée. À chaque trajet ses petites victoires qui permettent pas-à-pas de gagner en sécurité.
Mais comment rémunérer le service ? “Nous travaillons avec des courtiers en assurance pour mettre en place des offres différenciantes. L’objectif est de diminuer la sinistralité. Et, par conséquent, de réaliser des économies. Ce qui revient à partager le gain généré entre l’assuré, l’assureur et nous.”
En complément, Smartmoov prévoit un second modèle économique, envisageable lorsqu’il existera un nombre suffisant d’utilisateurs. Celui-ci vise à éclairer les collectivités locales dans leurs prises de décision quant aux travaux d’aménagement routier. L’idée est de “quantifier la ville sur le plan de la circulation” : en repérant les endroits dangereux qui nécessitent des travaux, ou bien pour obtenir du retour sur les aménagements déjà réalisés. Ceci juste par l’analyse des données et la détection des “comportements inhabituels” signes d’un défaut de fluidité du trafic routier.
Ancien dirigeant d’Ariase puis directeur technique d’Ariase Group, Stéphane Pau se lance avec Smartmoov dans un nouveau défi. Il sait, d’expérience, qu’il lui faudra trouver les moyens pour séduire rapidement les clients. “Nous sommes dans une autre temporalité. Le marché s’est accéléré. Aujourd’hui, il faut aller vite. L’objectif est d’investir sur fonds personnels cette année. Ensuite, il faudra accélérer.”
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La société MSP-Smartmoov est membre Images & Réseaux.