Sport, bien-être et rééducation… Version numérique

Publié le 14/02/2017

Stand-Mensia

Mieux vivre grâce au numérique. La Technoférence #20 du 9 février faisait le tour de cette thématique sous les angles du sport, du suivi de l’activité et de la rééducation. Où il a été question de réseau de capteurs répartis sur le corps, d’entrainement sportif en réalité virtuelle, d’interfaces cerveau-machine qui font mieux que des médicaments… De même que de maintien à domicile, de médecine du sport, et d’innovation dans la réadaptation.

C’était la 20e Technoférence. Le cycle des conférences thématiques Images & Réseaux tient le rythme de quatre événements par an depuis maintenant cinq ans. La formule : se focaliser sur un sujet le temps d’une matinée pour susciter idées et rencontres et favoriser la naissance de nouveaux projets collaboratifs. Ceci grâce à des conférences et retours d’expérience, ainsi que des démos à l’heure du déjeuner. Cette vingtième étape avait lieu à Centrale Supélec Rennes, avec également des participants en visio depuis Nantes, Brest, Quimper et Le Mans.

Technoference#20

Aller au-delà du curatif

Pourquoi parler de santé, de bien-être et de numérique ? “Parce qu’avec le numérique notre rapport à la santé change”, estime Julien Larfouilloux, responsable des projets e-santé à Harmonie Mutuelle. Il entamait la matinée en situant les principaux enjeux. Pour l’établissement d’assurance complémentaire, il n’existe pas d’option : “Nous sommes dans l’obligation de comprendre.” Peu importe qu’il s’agisse d’e-santé, de santé connectée ou de santé mobile, l’important est de “saisir l’opportunité d’améliorer la santé”. Avec une nouvelle approche : “Aller au-delà du curatif.”

Et de donner quelques exemples d’usages du numérique.  Répondre “à des maux peu adressés” comme le stress, les problèmes de sommeil… Comprendre que “nous sommes trop sédentaires”… Accompagner les maladies chroniques et la vie à domicile lorsque l’on est diminué. Auparavant, nous étions dans une société industrielle où les problèmes de santé étaient d’abord physiques. Aujourd’hui, nous sommes dans une société tertiaire où les maux sont diffus. Et pour lesquels les réponses restent à inventer.

Une difficulté pour les organismes d’assurance : il faut parvenir à faire le tri : laisser de côté “les gadgets numériques” et promouvoir “ce qui répond à un réel besoin”. D’autant que les sollicitations se multiplient : “Si vous saviez le nombre de startups qui viennent nous voir pour développer leur solution miracle… Nous avons le devoir de devenir expert.” Harmonie Mutuelle vient d’ailleurs de lancer son propre incubateur à Nantes, Creative Care Factory, pour lequel une dizaine de projets ont été sélectionnés.

Quand la maison veille sur la santé

Parmi les six présentations qui suivaient, retenons quelques points saillants. À commencer par le projet CHAT de “Maintien à domicile et suivi santé”. Le projet collaboratif labellisé Images & Réseaux était présenté par Laurent Augu, de Vity Technnology. Le projet est basé sur le dispositif suivant : au centre, une box héberge l’intelligence du système ; répartis dans la maison, des capteurs observent l’environnement et l’activité ; en local, la télévision est l’interface avec la personne âgée ; à distance, les proches, aidants et soignants peuvent suivre la personne et être alertés.

L’objectif : “Avoir chez soi un environnement aussi sécurisant que celui d’un établissement.” Autrement dit, “rétablir la confiance” alors qu’elle est fragilisée par la perte d’autonomie. Pour cela, pas besoin de porter un objet connecté. C’est l’intelligence de l’environnement domestique qui se charge de veiller sur la personne. Par exemple, une baisse d’activité ou une rupture dans les habitudes seront des signes qui pourront alerter l’entourage. L’ensemble est étudié pour être simple d’utilisation et facile à déployer. Le projet,  qui en est à ses débuts, est prévu pour deux ans

Vers l’entrainement sportif en réalité virtuelle

“Avant, le coaching sportif se faisait avec des fiches. Puis est venue la vidéo. Maintenant, c’est le temps de la réalité virtuelle.” Cette vision est celle de Richard Kulpa, qui présentait ses travaux au sein des laboratoires M2S de l’Université Rennes 2 et MimeTIC de l’Inria. L’exemple pris est celui du cadrage-débordement au rugby. Le défenseur inexpérimenté se fait avoir par les fausses indications de son adversaire, les feintes du haut du corps. Quand l’expérience commande de ne s’attacher qu’aux signes qui ne trompent pas, tels que l’orientation du bassin.

Pour ce type de geste sportif, les avantages de l’entraînement par la réalité virtuelle sont nombreux : la situation est reproductible à l’envie, elle est ludique, on peut faire varier les paramètres, parfaire l’entrainement perceptif et cognitif indépendamment de l’état physique. Aussi, “l’adversaire est toujours disponible, infatigable et sans danger”. L’arrivée prochaine de casques de réalité virtuelle sans fil devraient multiplier les possibilités.

Realité-Virtuelle-Rugby

Des exercices pour rééduquer le cerveau

Louis Mayaud, de Mensia Technologies, abordait un tout autre domaine : celui de la réhabilitation des enfants atteints de déficits de l’attention accompagnés ou non d’hyperactivité (TDAH). Ceci grâce à des exercices à base d’interfaces-cerveau ordinateur. Le principe : l’enfant équipé d’un casque électroencéphalographe doit faire appel à ses facultés de concentration pour piloter les éléments d’un jeu.

Les enfants TDAH sont de plus en plus nombreux : 11% des petits américains en âge scolaire selon une étude de 2010. Parmi eux, 3,7 millions prennent des médicaments pour se soigner. Or les tests le prouvent, selon Louis Mavaud, les résultats obtenus avec Mensia Koala sont “supérieurs à ceux des médicaments”. En efficacité et en durabilité. Il semble même que le processus d’amélioration se poursuive au-delà du traitement. La solution peut être utilisée en laboratoire comme à la maison. Sa commercialisation débute en Europe et bientôt aux États-Unis. Sur le même principe, d’autres applications sont envisageables : “Le champ d’investigation est énorme.” En particulier : le soin de la douleur chronique, l’amélioration des pré-alzheimer, la psychiatrie…

Rééducation-cérébrale_Mensia

Des questions récurrentes

Trois autres intervenants ont également exposé leurs travaux. Christian Roland, du Lab-STICC/UBS, présentait BOWI, un réseau de capteurs sans fil porté par une personne afin d’assurer le suivi de postures. Le médecin Armand Mégret et l’ingénieur Robert Boualit traitaient de la problématique de la personnalisation de la prise en charge médicotechnique de la sportive de haut niveau. Une approche qui vaut aussi pour la femme qui démarre la pratique du sport sur prescription médicale. Enfin, Willy Allegre, ingénieur au laboratoire d’électronique du centre de Kerpape, faisait un tour d’horizon des projets de recherche-innovation menés par le centre de rééducation.

Toutes les présentations étaient suivies d’échanges avec les participants, qui ont fait émerger quelques préoccupations. La protection des données personnelles fait partie de ces inquiétudes. De même que le consentement des personnes, l’acceptabilité des dispositifs, le coût des équipements ou services et, bien-sûr, la dimension sociale avec le problème de la prise en charge. La récurrence de ces questions est le signe qu’elles restent primordiales pour toute innovation qui touche de près à la personne.

Pour conclure, des démos

La matinée se concluait par des démonstrations, qui feront l’objet d’un reportage en images à venir. Rendez-vous est déjà pris pour la Technoférence #21. Elle se tiendra le jeudi 29 juin sur le thème “Agriculture Agro & numérique”. Ce sera à Quimper et largement retransmis en visioconférence.