La transformation digitale : “Un changement de culture”

Publié le 07/10/2016

Trabsformation digitale

Et si la transformation digitale était mieux qu’un passage obligé, une occasion de se réinventer ? Pour en parler, un expert : Olivier Gervaise. Il pilote des projets de transformation de grandes entreprises au sein de Sopra Stéria Consulting, leader européen sur le sujet. Et il est coauteur d’un livre blanc : “Réussir son projet de transformation digitale”.

Avec un chiffre d’affaires de 3,6 milliards d’euros en 2015 et 38 000 collaborateurs dans le monde, Sopra Steria est dans le top 5 des ESN françaises. L’activité conseil du groupe, Sopra Steria Consulting, revendique “2000 consultants dont 1100 en France” pour accompagner les transformations numériques de ses clients en Europe. Olivier Gervaise y occupe les fonctions de Directeur Digital Banking et de “Créateur d’équipes transformantes”.

La transformation digitale est dans toutes les têtes. Quels en sont les enjeux ?

Olivier Gervaise. J’y vois trois séries d’enjeux, à commencer par des enjeux stratégiques. La stratégie d’une entreprise ne peut plus aujourd’hui être élaborée par des plans directeurs à 5 ans. Il faut faire en sorte que cette stratégie puisse évoluer rapidement, en agilité. Par exemple pour faire face à l’arrivée de nouveaux entrants.
Ensuite, il faut mettre en place une plateforme digitale à quatre niveaux : côté clients, parce que c’est là où ça bouge le plus vite, côté métiers, côté production, et au centre un système de médiation et de valorisation des données. La plateforme digitale est un socle qui accélère les projets métiers.
Mais le plus difficile est de parvenir à modifier les cultures au sein des métiers et sur la manière de conduire les opérations. Dans les grandes entreprises, c’est le frein principal. Dans notre livre blanc, nous évoquons la notion d’entreprise organique où chaque individu est une cellule autonome qui œuvre dans le sens qui convient à l’entreprise et qui, éventuellement, contribue à transformer l’ensemble. Autrement dit : faire en sorte que les initiatives puissent venir de tous.

Cette nouvelle manière de travailler, comment y parvenir ?

Pour que la culture évolue, nous véhiculons l’idée qu’il faut une équipe transformante. C’est une équipe temporaire qui est là pour apporter de nouveaux référentiels à l’entreprise organique. Car il s’agit de remettre en cause le fonctionnement de bout en bout. Il faut casser l’organisation classique : directions métiers, maîtrise d’œuvre, maîtrise d’ouvrage, etc. L’agilité qui a été amené par le front office, au contact du client et au travers d’applications web ou mobile, doit gagner tous les projets. L’équipe transformante montre l’exemple sur les premières itérations. Ensuite, la transformation digitale passe forcément par les équipes opérationnelles au contact du terrain.

Olivier Gervaise. Visuels : Sopra Stéria

Olivier Gervaise. Photo et visuel : Sopra Stéria

Pour réussir un tel projet, quelles conditions ?

La notion de vitesse est centrale. Avant, on ne s’engageait qu’à partir du moment où il existait un business plan, etc. Dans un projet de transformation, on ne procède pas de cette manière. On progresse en lançant des idées et par un retour d’expérience rapide des utilisateurs finaux : mettre en place une première version et les outils qui permettent de capter le comportement utilisateur. Car la vraie réalité est toujours chez le client.
Les autres valeurs que l’on défend sont l’excellence digitale, donc la satisfaction du client. La capacité d’ouverture : casser la notion de silos, rapprocher les métiers de l’IT, s’ouvrir aux startups et à son écosystème… Et pour finir le plaisir, qu’il faut réussir à diffuser dans l’entreprise. Le plaisir est une condition pour être efficace et attirer les meilleurs talents.

Vous travaillez essentiellement avec de grandes entreprises, mais que peut-on dire aux ETI, aux PME ?

Tout ce dont on vient de parler reste vrai : il faut accepter d’aller vite, s’ouvrir aux autres, travailler dans le plaisir, mettre en place les plateformes qui permettent d’accélérer, oublier les anciennes habitudes comme les schémas directeurs… La transformation digitale touche tous les secteurs et toutes les fonctions de l’entreprise, quelle que soit sa taille.

De tels changements ne sont-ils pas sources de réticences, de craintes ?

Au contraire, il faut se réjouir. Nous étions sur des modèles complètement normalisés, où il n’existait plus de liberté pour l’individu. La transformation digitale, c’est aussi redonner le pouvoir aux gens : ils ont le droit de réfléchir et d’innover. Si on accepte de travailler par petits pas et de s’adapter en permanence aux vrais besoins des utilisateurs, on est sûr de ne jamais se tromper.

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Le livre blanc est disponible en téléchargement à condition de s’identifier : www.soprasteria.com/fr/media/reussir-son-projet-de-transformation-digitale

À noter le 3 novembre, l’événement Digital Change, à Nantes. digital-change.fr