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Un jour, un expert… avec Aymeric Poulain-Maubant, ISEN Ouest #CSV

Publié le 02/05/2024

Le saviez vous ?

Le pôle Images & Réseaux dispose d’un Comité de Sélection et de Validation des projets composé d’une cinquantaine d’experts indépendants ! 

Selon leurs domaines de compétences, ces experts sont sollicités pour examiner les dossiers de candidature des projets et proposer au Conseil d’Administration ceux pouvant être labellisés en fonction de leur pertinence et de leur cohérence par rapport à la feuille de route du Pôle. 

Le CSV est également force de proposition quant à la définition des orientations stratégiques du Pôle et aux actions nécessaires pour leur mise en œuvre. Il contribue également à la stratégie technique du Pôle dont il élabore le contenu et l’animation via les « Techno conférences ». 

Découvrez ainsi à travers une série de portraits de nos experts, les coulisses de la sélection des projets avec l’œil averti de nos experts. Plongez au cœur de leurs réflexions, profitez de leurs conseils pour pourquoi pas, maximiser ainsi vos chances de succès ?
Chaque projet a son histoire, et chaque expert, ses compétences… Découvrons les !

 

Aujourd’hui, un des experts du CSV a accepté de répondre à nos questions : Aymeric POULAIN-MAUBANT, directeur adjoint de la recherche, chargé de la valorisation, à l’ISEN Ouest. 

 

 

Pouvez-vous nous parler de votre expérience et parcours professionnel ?

Je suis directeur adjoint de la recherche, chargé de la valorisation, à l’ISEN Ouest, un EESPIG (établissement d’enseignement supérieur privé d’intérêt général) que j’ai rejoint en mars 2023. Auparavant, après une douzaine d’année comme ingénieur de recherche puis consultant, j’ai piloté mon activité à travers Nereÿs, une société de conseil, pour une aventure qui a duré 16 ans. Celle-ci m’a permis, entre autres, d’être au cœur de missions comme le développement de la cantine numérique à Brest, de fablabs, ou encore la création de la FrenchTech en Bretagne occidentale.

J’ai débuté ma carrière après ma thèse (en IA et sciences cognitives) en 95, comme ingénieur de recherche à Télécom Bretagne (aujourd’hui IMT-Atlantique, dont je suis sorti comme ingénieur en 91), sur deux missions financées par les collectivités locales : WebBO (du transfert de savoir-faire Web vers des entreprises locales), et CyberBretagne, où j’ai été un des 5 ingénieurs missionnés par la région (et, en ce qui me concerne, le département du Finistère) pour former entre 95 et 98 les PME et les acteurs du territoire à Internet. J’ai rejoint ensuite la société de conseil en stratégie et marketing Jipo, pour laquelle j’ai développé les activités Internet à partir de Brest jusqu’en 2007, et dans les dernières années, des missions d’accompagnement en stratégie numérique du territoire, notamment autour du haut-débit mobile.

Quels sont vos principaux domaines d’expertise spécifiques ?

Même si je n’ai pas poursuivi mes travaux de thèse (qui portaient sur les systèmes hybrides symboli-connexionnistes, sur des architectures hautement parallèles), j’ai continué d’une part à faire de la veille (utile à la fois dans mes missions de conseil, et pour des vacations d’enseignement), et d’autre part à fréquenter le monde de la recherche car plus des 3/4 de mon activité l’a été en accompagnement de structures de recherche : équipes de recherche, chaires, laboratoires… Je ne suis plus assez praticien (je m’y remets), mais je considère avoir conservé une expertise correcte en IA et sciences cognitives, mon principal domaine d’expertise, et j’ai développé des compétences en éthique dans le domaine de l’IA, tout en restant éveillé sur un large spectre de domaines du numérique faisant appel à de multiples disciplines (grâce aux cahiers de veille Fondation Mines-Télécom que je rédigeais, ou à la rédaction de Rapports d’activité de la Recherche).

Pourquoi avoir rejoint le CSV d’Images & Réseaux ? Que retirez-vous de votre rôle au sein du CSV ?

J’ai eu l’occasion plusieurs fois avec Jipo ou Nereÿs de travailler directement pour le pôle Images et Réseaux (par ex. la plateforme ImaginLab, l’animation d’une AG, ou plus récemment, une étude sur le numérique durable, responsable, frugal, sobre et éthique), ou indirectement (par exemple lors de la conception de l’IRT b<>com). Il m’est toujours apparu que les pôles étaient des structures bien adaptées pour construire des stratégies durables entre acteurs de diverses natures, et aussi bien comme adhérent Nereÿs, qu’aujourd’hui adhérent ISEN Ouest, je crois qu’il faut y trouver une place pour leur apporter sa pierre et retourner ce qu’ils nous offrent. J’avais déjà fait partie de groupes de travail, et à présent le CSV me semble être la bonne étape. Je l’ai rejoint en mai 2023.

Si le Comité de Sélection et de Validation prend du temps (les réunions en elles-mêmes, mais également l’examen des dossiers), l’échange avec les autres expert/es le rétribue grandement, et la diversité des sujets abordés fournit des réflexions très enrichissantes. Ainsi, j’ai pu voir en quelques mois quels étaient les points délicats qui reviennent régulièrement dans les dossiers, et apprendre à les résoudre. Après quelques CSV, il devient ainsi possible d’intervenir utilement lors des délibérations, et de plus en plus lors des questions posées aux impétrants (le temps des questions étant relativement court, il convient de poser des questions justes et pertinentes, qui feront effectivement progresser le dossier présenté).

Quelles sont les principales tendances ou défis que vous observez actuellement dans le domaine du numérique et notamment dans vos principaux domaines d’expertises ?

J’en proposerais trois :

  • Clairement l’Intelligence Artificielle est de plus en plus croisée avec tous les secteurs d’activité, et cela devient rare de ne pas la voir évoquée ou convoquée dans un projet. Attention cependant à ne pas céder à la simple « hype marketing» et à savoir utiliser le bon système d’IA, à bon escient.
  • Il y a depuis quelques années un retour vers des systèmes d’IA hybrides, mixant plusieurs types d’IA, y compris des modèles purement symboliques. Il convient de comprendre ce paradigme de l’hybridation, pour ne pas se laisser entraîner tous les ans dans la seule dernière famille d’IA à la mode.
  • Développer des systèmes d’IA ne peut pas se faire avec le seul apport des sciences de l’ingénieur. Il faut monter des projets multidisciplinaires, faisant aussi appel au sciences humaines et sociales, au droit, à l’art… Ce n’est pas nouveau, mais les porteurs de projet doivent personnellement cultiver leurs connaissances dans ces autres disciplines.

Quels conseils donneriez-vous aux entreprises ou porteurs de projets qui souhaitent soumettre leurs initiatives au CSV pour labellisation ?

À la fois comme membre du CSV et comme aidant pour les équipes de l’ISEN Ouest qui déposent des projets, mon expérience me fait dire qu’il ne faut pas hésiter à solliciter en amont l’aide de l’équipe du pôle. L’échange avec le CSV ne se limite en effet pas au seul passage à l’oral. L’équipe du pôle est là pour aider à former un dossier étayé, qui répondra correctement aux objectifs des appels à projet, ce qui donnera plus de temps, lors des échanges durant le CSV, pour améliorer le projet.

J’ajouterais les conseils suivants :

  • Bien organiser son temps de préparation, et en particulier, faire une répétition
  • Vérifier la qualité rédactionnelle de son dossier, et l’illustrer par des figures (schéma technique, organisation du consortium vs les lots de travaux…) pertinentes et claires
  • Présenter un état de l’art solide
  • Être en phase avec les stratégies des organismes financeur (agences, régions, État…), et donc les connaître
  • Garder en tête les grands enjeux de société : souveraineté, numérique responsable, inclusion…

Comment percevez-vous l’impact du travail du CSV dans le soutien et la promotion de l’innovation dans les domaines technologiques du Pôle ?

Si le CSV est un organisme vivant, avec de nouveaux expert/es qui le rejoignent régulièrement et le renouvellent, beaucoup sont là depuis de nombreuses années avec un grand champ d’expérience, aussi bien sur le montage de projet que sur les domaines du pôle. Ils et elles savent guider les porteurs de projets pour parfaire leur dossier, et ont toujours en tête les points listés ci-dessus : stratégies des financeurs et grands enjeux. Par les interventions du CSV sur le temps long dans la constitution du bouquet de projets qui vont bénéficier de la labellisation, le CSV contribue à façonner un écosystème de projets innovants depuis des années.

Mais le CSV et le pôle plus généralement ne s’arrêtent pas là ; ils font évoluer les repères qui permettent de qualifier l’innovation. Ainsi en est-il des considérations autour du numérique responsable, qui vont peu à peu être totalement partie prenante des dossiers présentés. Par petites touches, en aidant les porteurs de projet et en voyant comment cette dimension responsable peut être prise en compte, et quels sont ses impacts, le pôle crée/prépare en ce moment la future génération des projets innovants, et je suis heureux d’en être.

Votre structure est adhérente, vous êtes spécialiste d’un de nos domaines technologiques ? Vous souhaitez vous aussi rejoindre le Comité de Sélection et de Validation d’Images & Réseaux ? Contactez-nous