Un jour, un expert… avec Philippe BOUVET #CSV

Publié le 05/02/2025

Le saviez vous ?

Le pôle Images & Réseaux dispose d’un Comité de Sélection et de Validation des projets composé d’une cinquantaine d’experts indépendants ! 

Selon leurs domaines de compétences, ces experts sont sollicités pour examiner les dossiers de candidature des projets et proposer au Conseil d’Administration ceux pouvant être labellisés en fonction de leur pertinence et de leur cohérence par rapport à la feuille de route du Pôle. 

Le CSV est également force de proposition quant à la définition des orientations stratégiques du Pôle et aux actions nécessaires pour leur mise en œuvre. Il contribue également à la stratégie technique du Pôle dont il élabore le contenu et l’animation via les « Techno conférences ». 

Découvrez ainsi à travers une série de portraits de nos experts, les coulisses de la sélection des projets avec l’œil averti de nos experts. Plongez au cœur de leurs réflexions, profitez de leurs conseils pour pourquoi pas, maximiser ainsi vos chances de succès ?
Chaque projet a son histoire, et chaque expert, ses compétences… Découvrons les !

 

Aujourd’hui, un des experts du CSV a accepté de répondre à nos questions : Philippe BOUVET, expert depuis 2014 ! 

 

 

Pouvez-vous nous parler de votre expérience et parcours professionnel ?

J’ai effectué toute ma carrière – et même un peu plus – au sein du groupe Thomson. Dès mes années universitaires à Rennes 1, j’ai eu la chance de collaborer avec le groupe en travaillant l’été comme stagiaire dans les Laboratoires Électronique Rennais (L.E.R), sous la supervision de Monsieur Robert Boyer. C’est donc naturellement que j’ai intégré Thomson à la fin de mes études pour entamer une carrière riche et variée, au cœur d’une entreprise qui n’a cessé d’évoluer au fil des décennies dans des domaines aussi divers que le militaire, la vidéo, le broadcast, le multimédia, et plus récemment le monde Android.

Les opportunités étaient nombreuses pour quiconque souhaitait élargir ses horizons, que ce soit de manière horizontale en changeant de secteur d’activité, ou verticale (vers le haut 😊), en prenant davantage de responsabilités. J’ai ainsi eu l’opportunité de remplir des rôles très divers : responsable de développement matériel, puis logiciel (après un passage à l’IFSIC), chef de projets, responsable de ligne de produits, responsable d’appels d’offres, responsable de la maintenance des produits Android, et aussi directeur de projets.

Au-delà des postes occupés et des défis professionnels, ce qui m’a profondément marqué, ce sont les rencontres. Collaborer avec des clients, des partenaires et des équipes sur cinq continents a été une expérience humaine incomparable. Ces échanges m’ont enrichi bien au-delà des aspects techniques, et m’ont parfois fait relativiser notre fameuse tendance française à râler. 😉

Quels sont vos principaux domaines d’expertise spécifiques ?

Aujourd’hui, je maîtrise l’ensemble du cycle de développement d’une solution digitale, depuis l’étude de marché jusqu’à la mise en production, en passant par le support commercial, la réalisation, le management de projet, et la gestion des relations avec les clients et partenaires.

Issu du développement matériel et logiciel, je prône le « savoir-faire » avant le savoir-faire faire ». Certes, il y a longtemps que je n’ai pas directement « mis les mains dans le moteur », mais mes expériences initiales me permettent de comprendre les défis des équipes et de percevoir les projets comme ces dernières les perçoivent. Ceci est un atout précieux quand je prends ma casquette sur la patère chez I&R.

J’ai toujours évolué dans un environnement technique exigeant, marqué par des normes strictes en matière de sécurité, de qualité, de certification et des contraintes industrielles spécifiques. Si je ne me revendique pas comme un expert pointu dans un domaine unique, je suis avant tout un généraliste. Un généraliste qui associé à des spécialistes a su déployer des millions de solutions sur toute la planète.

Pourquoi avoir rejoint le CSV d’Images & Réseaux ? Que retirez-vous de votre rôle au sein du CSV ?

Je suis impliqué dans le pôle depuis 2014, à l’époque où ma société, Technicolor, en était membre. J’intervenais alors en tant que salarié de ce groupe. Lorsque ce lien s’est rompu, j’ai demandé à Gérard (ancien directeur du pôle I&R et coordinateur du CSV) si je pouvais continuer à contribuer en tant que bénévole 😉 !

Quand je lis un dossier technique pour un appel à projet, ce qui m’importe avant tout, c’est de répondre à une question clé, comme disent nos meilleurs ennemis : « So what ? ». Une idée, aussi brillante soit-elle, n’est pas une innovation si elle ne trouve pas son marché. Souvent, les parties techniques des dossiers que j’examine sont solides, bien argumentées et structurées. Notre équipe d’experts compte des personnes bien plus qualifiées que moi pour évaluer la véracité des verrous techniques. Le fait de travailler à plusieurs sur un dossier est un plus pour tout le monde I&R mais aussi les porteurs de projets.

Pour ma part, je mets un point d’honneur à examiner la manière dont le projet est vendu. La clarté des objectifs finaux, la construction d’un plan structuré et jalonné, avec des dépendances identifiées une analyse des risques, sont des éléments rassurants pour un financeur. J’accorde également une attention particulière à l’homogénéité de l’équipe, à la complémentarité des partenaires et à leur capacité à travailler ensemble.

Si je devais prodiguer un conseil aux porteurs de projets, ce serait de consacrer autant d’efforts aux aspects techniques qu’aux débouchés potentiels et à la description du déroulement de leur programme. Un dossier réussi doit être capable de parler à la fois à des experts techniques et à des financiers. Enfin, la présentation doit soutenir le discours et non se contenter de recopier le contenu du dossier : ici, on est dans la communication !

Pour moi, donner et recevoir vont de pair. Le pôle me permet de découvrir des champs d’application qui m’étaient jusque-là inconnus. Chaque dossier, chaque CSV, est une occasion de prendre conscience de la richesse de notre territoire et de l’inventivité de nos ingénieurs. Et ça, c’est tout simplement CHOUETTE !

Quelles sont les principales tendances ou défis que vous observez actuellement dans le domaine du numérique et notamment dans vos principaux domaines d’expertises ?

Le champ des possibles étant immense, il est difficile à titre personnel de tout pouvoir couvrir. Là encore notre équipe d’experts et la coach de l’équipe sont là pour optimiser les interventions. Etant actuellement en reconversion professionnelle j’ai pu échanger avec de nombreux acteurs lors de forums, d’événements ou d’entretiens individuels. Cela m’a enrichi, tant sur le plan de mon réseau que sur ma compréhension des potentialités de notre territoire.

Notre région n’est pas une île isolée ; elle fait partie d’un écosystème plus vaste. Les décisions politiques d’où qu’elles viennent, les événements divers (dérèglement climatique, pandémies, pollution des océans…) sont à prendre en compte selon moi dans les chantiers à lancer pour demain. Notre responsabilité est de faire en sorte que l’avenir ne soit pas un recul par rapport au passé, mais plutôt une évolution positive et différente. Si je devais lister des thématiques qui seront à coup sûr nos métiers à court terme je dirais :

  • La santé, et l’E-santé comment développer de nouveaux usages, de nouvelles solutions pour améliorer l’accès au soin, améliorer la prise en charge des patients et leurs suivis. A titre d’exemple, développer les moyens de prise en charge à distance (Télé kinésithérapie) pour permettre à nos soignants de libérer du temps lorsque la relation physique Patient soignant est nécessaire.
  • L’éducation et l’E-éducation, Le Covid nous a fait prendre conscience que notre système d’éducation distancielle possédait une marge de progression substantielle. Gap à combler avant la nouvelle pandémie. Nous avons toutes les briques pour avoir un système digne de ce nom, pour donner un accès à tous au savoir, il faut juste trouver les champions olympiques de « Lego »
  • La sécurité/ défense. La guerre, hélas, a fait son retour en Europe. Avec l’intensification des tensions autour des ressources naturelles, avec le nouvel échiquier politique international, il est essentiel que la France et l’Europe cessent de dépendre de technologies étrangères. Les investissements nécessaires sont considérables et doivent être partagés. Forts d’un savoir-faire reconnu, nous avons la capacité de devenir un moteur européen dans ce domaine, avec la région Ouest bien positionnée pour jouer un rôle actif.

Je ne cite pas spécifiquement l’intelligence artificielle et la cybersécurité, car pour moi, il s’agit avant tout d’outils. L’enjeu est de savoir comment nous les utiliserons dans les thématiques citées plus haut.

Enfin, d’autres sujets, bien que moins directement liés aux activités d’I&R, me tiennent également à cœur, comme la Mer. Elle reste un vaste territoire inexploré, recélant des secrets et des opportunités qui pourraient contribuer à relever divers défis, qu’ils soient environnementaux, énergétiques ou médicaux.

Comment percevez-vous l’impact du travail du CSV dans le soutien et la promotion de l’innovation dans les domaines technologiques du Pôle ?

Concernant le CSV, en tant qu’expert ma zone d’intervention se situe surtout en amont de celui-ci et pendant les sessions auxquelles j’ai plaisir à participer. J’ai eu le plaisir de collaborer à la relecture de la première feuille de route du pôle d’Hervé à son entrée en fonction. C’était pendant la période du COVID. Cet exercice m’a permis de compléter ma vision des activités de I&R et de son implication dans la sélection, la mise en avant de certaines technologies. La meilleure reconnaissance pour le pôle et l’ensemble de ses équipes vient des entreprises qui aillant bénéficiées de support d’aide de conseils viennent à leur tour apporter leur menhir au cromlech d’I&R 😉 !