Publié le 19/09/2016
Créée en 2013, la société Wipsea creuse son sillon dans l’analyse automatique d’images aériennes. Une spécialité qui fait déjà le bonheur des chercheurs en écologie et pourrait bien intéresser d’autres secteurs.
Depuis un an, la société Wipsea a rejoint la pépinière d’entreprise de Cesson-Sévigné. Dans leurs locaux, Gwénaël Duclos, fondateur et gérant, et quatre salariés travaillent à améliorer l’analyse automatique d’images aériennes, notamment en milieu marin. Leur créneau ? Le comptage d’animaux issues d’espèces endémiques, menacées ou protégées. Le projet, concrétisé en 2013 avec la création de l’entreprise, s’est nourri de l’expérience de son fondateur. Passionné d’écologie, Gwenaël Duclos participe en 2009 et 2010 à des campagnes de comptage de cachalots au nord de la Corse et de baleines à Madagascar « sur son temps libre ». « Les analyses de photos ou vidéos aériennes à la main sont encore très courantes en écologie, explique Gwenaël Duclos, or nous parlons de centaines de clichés à analyser ou bien de centaines d’heures de vidéo ».
Au début des années 2010, l’ingénieur quitte le site rennais de Thomson, dans lequel il travaillait notamment sur la compression de vidéo HD en temps réel. Il décide de mettre ses compétences au service de l’écologie et des écologues. « Une chercheuse souhaitait créer un logiciel de comptage des dugongs en Australie à partir d’images prises par un drone », se rappelle-t-il. Une fois obtenu son master d’écologie et de gestion de la biodiversité à Montpellier, il rejoint le site et développe le logiciel. L’idée de créer la société émerge : « Il y a un besoin global. Les outils sont souvent développés par des spécialistes et les écologues ne peuvent pas forcément les utiliser sur le terrain. Nous sommes la pierre angulaire qui manquait. »
Pour l’heure la société propose un logiciel de comptage et de cartographie des populations de tortues marines et d’une plate-forme sur le cloud qui permet de suivre l’analyse des images à distance. « Techniquement, nous sommes sur du deep learning. Les algorithmes que nous développons permettent à d’autres algorithmes de devenir experts dans un domaine : tortues, diables de mer de méditerranée, dugong », résume Gwenaël Duclos. En parallèle, la société continue de creuser la piste de l’active learning, dans lequel l’algorithme se perfectionne lui-même à partir des corrections que lui notifient l’utilisateur.
Avec deux ingénieurs chercheurs, un thésard et une chargée de mission spécialisée dans l’écologie, l’équipe s’ouvre également au terrestre. Un système de comptage des pêcheurs à pied est à l’étude avec l’Irisa de Vannes, l’Agence des aires marines protégées et le Parc naturel régional du Golfe du Morbihan, une solution de comptage des oiseaux sur le tarmac des aéroports est en cours de développement. Autre piste : la smart agri. « Nos technologies sont capables de travailler sur de l’animal autant que sur du végétal », insiste Gwenaël Duclos. Avec la mise en place des réseaux thématiques de la French tech, le créneau pourrait d’ailleurs être exploré via le canal #food tech. « A condition de se tourner vers les usages des agriculteurs », prévient Gwenaël Duclos. Wipsea vient d’ailleurs de se rapprocher de Copeeks, jeune pousse lannionaise qui a développé un boîtier communicant pour capturer images, sons et informations issues de capteurs positionnés aux champs comme à l’étable.
Côté développement, la société a lancé en juin une campagne de prêt participatif sur une plate-forme bretonne. « La dimension collaborative est à l’origine du projet, insiste Gwenaël Duclos, c’est aussi une histoire de rencontres entre énergies qui veulent agir pour la préservation des espèces menacées. »
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