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Zoom sur le projet ID-GF 

Publié le 10/07/2024

Les grands fonds marins sont aujourd’hui plus que jamais au cœur d’enjeux nationaux et internationaux stratégiques. Avec une profondeur moyenne de 4 500 mètres et soumis à de très fortes pressions, une grande part des grands fonds marins est encore inexplorée. Au sein du programme France 2030, parmi les objectifs, se trouve celui d’« Investir dans le champ des fonds marins » avec un budget alloué de 280 M€ sur dix ans. C’est dans ce cadre que l’appel à projets recherche et développement « Grands fonds marins » d’un montant de 25 M€ a été lancé en 2022.

Parmi les 11 projets retenus, se trouve le projet ID-GF (imageur distribué grands fonds). Ce projet de 48 mois est porté par la PME Florian Madec composites (FMC) associée à l’école d’ingénieurs ENS­TA Bretagne, à l’Ifremer, et aux PME Hexa-H et Oxxius, qui vise à développer et tester en mer un pro­totype d’essaim de flotteurs capables d’opérer en grande profondeur (jusqu’à -1000m). 

Au sein de ce consortium, bel exemple des projets collaboratifs, deux adhérents Images & Réseaux ; ENSTA Bretagne et Oxxius.

En quoi consiste le projet ID-GF ?

Ce projet consiste à développer et intégrer des briques technologiques pour mettre en œuvre un système constitué d’une vaste antenne d’imagerie acoustique. Cette antenne sera formée d’un essaim de flotteurs hybrides, des robots sous-marins capable de se stabiliser précisément sous l’eau, connectés et localisés depuis la surface. Les applications sont nombreuses : études océanographiques ou acoustiques, pour localiser les mammifères marins et le trafic maritime, suivi de pollutions ou encore applications défense avec la constitution d’antenne ultra-basse fréquence.

Quels sont les verrous technos’ que vous allez lever pendant le projet ?

Le projet est découpé autour de 4 grandes briques qui constituent des défis techniques pour lesquels chaque partenaire apportera ses compétences. Nous travaillerons sur des coques composites capables de résister à de grandes profondeurs avec des propriétés particulières permettant de minimiser l’énergie dépensé par le robot. La seconde brique technologique correspond à la localisation de l’essaim sous l’eau sur de grandes distances qui devra prendre en compte les variabilités du milieu océanique. Une brique importante du projet concerne la communication et le positionnement à l’intérieur de l’essaim. Un système optique comprenant notamment un Lidar sous-marin sera développé. Il sera à la base de la dernière brique qui comprend l’intelligence artificielle de l’essaim et permettra de partager l’information entre les robots en connaissant leurs positions relatives.

Quel est le rôle de chaque partenaire ?

Nous avons constitué un consortium de cinq partenaires, tous de la pointe bretonne (Brest et Lannion) avec de très belles complémentarités et nous ne sommes pas au premier projet entre nous !

En quelques mots :

  • FMC composites est spécialiste des matériaux composites ;
  • Oxxius est un fabricant de système laser ;
  • Hexa-H est un bureau d’étude en ingénierie électronique et informatique ;
  • Ifremer et ENSTA Bretagne sont deux laboratoires de recherches spécialisés en océanographie et en robotique et mécanique marine.

Ce projet a été retenu dans le cadre du plan d’investissement France 2030 suite à l’appel à projets « Grands fonds marins ». Que représente cette nomination pour vous et les partenaires du projet ?

C’est d’abord une belle réussite collective, notamment grâce à l’appui du Pôle Mer Bretagne Atlantique et aux différents partenaires qui a permis de monter ce projet en un temps record.

C’est également une exceptionnelle opportunité de pouvoir développer des technologies d’avenir en favorisant les travaux communs entre laboratoire de recherche et PME. Ce projet nous donne les moyens de conduire un important travail de fond avec à la clé des essais en mer : le format est assez unique.

Comment ce projet pourrait-il impacter les futures recherches ou applications dans le domaine de l’exploration des grands fonds ?

Nous avons proposé dans ce projet de développer des briques technologiques qui serviront plus largement à la communauté que « l’imageur distribué ». L’objectif des projets grand-fonds de France 2030 est d’arriver à terme à des produits qui pourront être utilisés par la communauté. À plus long terme, un imageur distribué permet d’envisager des applications extrêmement nombreuses : études acoustiques des mammifères marins et leur trajectographie, mesure des mouvements de masse d’eau en océanographie, applications défenses etc.

Quelles sont les prochaines étapes du projet ?

Sur cette première année nous rentrons dans une phase passionnante d’intenses discussions pour concevoir les premières architectures des systèmes en imaginant les différentes solutions technologiques.

Puis viendront à partir de 2025 et 2026 les premières versions de prototype de robots que nous pourrons tester dans le futur bassin d’expérimentation robotique d’ENSTA Bretagne. Ce projet va permettre de constituer en Bretagne une expertise de pointe sur ces futures technologies et nous avons hâte de partager les avancées avec la communauté !