Publié le 05/12/2018
La vague attendue des objets connectés tarde à déferler… La faute à une concurrence entre différentes technologies qui freine les déploiements. Acklio est en passe de débloquer la situation. Elle est à l’origine d’un standard permettant d’utiliser IP, qui fait d’un réseau IoT une extension de l’internet. Un gage d’interopérabilité entre les technologies Sigfox, LoRA et NB-IoT notamment. Et un sésame qui ouvre en grand les portes du marché de l’internet des objets à la startup rennaise. Son projet Plug & Play vient d’être labellisé par le pôle Images & Réseaux dans le cadre du concours d’innovation PIA 2018.
Et si le déploiement d’un réseau d’objets connectés devenait aussi simple que le développement d’une application web ? C’est l’ambition que s’était fixée la startup Acklio à sa création en 2016. Et c’est le pari qu’elle est en passe de gagner. La jeune pousse rennaise est avec l’IMT Atlantique l’un des initiateurs du protocole SCHC : Static Context Header Compression, qu’il faut prononcer “chic”. Et elle est l’un des principaux contributeurs à la transformation de cette innovation en standard IETF. L’Internet Engineering Task Force est l’instance internationale qui élabore les standards de l’internet.
La version 6 du protocole IP (IPv6) permet d’adresser des milliards et des milliards d’objets connectés. Mais cet adressage semblait incompatible avec les contraintes des réseaux LPWAN (Low-Power Wide-Area Networks), les réseaux sans fil à longue portée et faible consommation énergétique qui raccordent les objets connectés. C’était jusqu’à ce que SCHC en démontre la faisabilité grâce à ses mécanismes avancés de fragmentation et de compression des entêtes. Et ça change tout ! “On ramène les réseaux LPWAN dans la sphère IP” avance Marianne Laurent, directrice marketing d’Acklio.
De cet IP sur LPWAN découle une ribambelle d’avantages. L’intégration d’un réseau IoT est facilitée, car le protocole internet véhicule l’information sur toute la chaîne. La mise au point de services est accélérée, car les développeurs sont en terrain connu et maîtrisé. La sécurité est renforcée, car le code s’appuie sur un standard éprouvé. Surtout, l’application devient parfaitement indépendante de la technologie radio utilisée : “Avant, nous étions dans une logique de silos. Il fallait commencer par choisir une technologie : Sigfox, LoRA ou autre… Et si l’on voulait communiquer avec le réseau du fournisseur ou du partenaire, c’était très compliqué et source de vulnérabilités. Avec SCHC, ce problème n’existe plus. Le protocole internet garantit l’interopérabilité.”
Les principaux acteurs de l’IoT ont rapidement compris l’intérêt de ce mécanisme fédérateur. Il est d’ores et déjà acquis que SCHC sera intégrée nativement dans les technologies radio leaders du marché : Sigfox, LoRA et NB_IoT. “Notre vision est que toutes ces technologies sont complémentaires, avec chacune ses qualités spécifiques. Aujourd’hui, il devient possible de tirer le meilleur parti de cette complémentarité en faisant évoluer son bouquet de connectivité IoT en fonction des besoins. Et au-delà des technologies LPWAN, avec de l’Ethernet ou de la Wi-Fi par exemple.”
Durant ses deux premières années d’existence, Acklio a mis le paquet pour faire de sa technologie un standard et multiplier les preuves de concept avec de grands partenaires industriels : Sigfox, Cisco, Orange… “Pour à la fois démontrer la valeur technologique et la valeur d’usage” précise Marianne Laurent. Aujourd’hui, la startup a passé ce cap. Profitant de sa longueur d’avance sur IP-over-LPWAN, et pour cause, elle sort en cette fin d’année 2018 une gamme de produits. “Notre position est perpendiculaire au marché. Nous fournissons des briques logicielles pour un internet des objets sans compromis : interopérabilité, sécurité, et intégration native avec les réseaux IP existants.”
Désormais, tous les voyants sont au vert. L’entreprise est en train de se structurer pour faire face à un décollage prévisible de l’activité. L’équipe compte une quinzaine de personnes “dont 7 docteurs et 7 nationalités” pour la plupart basés au siège de Rennes. “L’ancrage dans l’écosystème rennais et notre lien avec l’IMT Atlantique sont clairement déterminants. Nous employons des profils très spécifiques, rares et très recherchés. Il existe ici un vivier de talents, ce qui est fondamental pour notre développement.”