Publié le 12/09/2018
C’est une sonde communicante qui surveille en permanence la qualité de l’eau de la piscine. Un objet connecté dont Annick Le Bihan voulait qu’il soit beau, lumineux et simple d’utilisation. Bien lui en a pris car c’est l’ensemble de ces avantages qui font le succès médiatique d’Ofi, l’objet flottant intelligent conçu par Asamgo. Si bien que la startup brestoise vise maintenant l’international.
Annick Le Bihan était responsable de projet dans le secteur bancaire quand, nouvellement propriétaire d’une piscine, elle s’est trouvée confrontée au problème de gestion de la qualité de l’eau : “Je ne me rendais pas compte que c’était si compliqué”. Ne trouvant pas de solution adaptée à son besoin sur le marché, elle imagine un objet connecté sans fil capable d’analyser l’eau de manière automatique et de conseiller le propriétaire de la piscine sur les actions à prendre. “Je trouvais l’idée sympa. En en parlant avec des amis dans l’informatique et l’électronique, ils se sont dit prêts à se lancer avec moi.” C’est ainsi qu’est née la société Asamgo en 2016.
La solution imaginée est un objet flottant au design réfléchi : “Nous avons pris le parti de ne pas le cacher mais, au contraire, de le mettre en valeur. Ofi met en scène la piscine.” L’appareil émet de la lumière dont la couleur sert d’indication sur la qualité de l’eau, ou bien au choix de simple décoration. Surtout, il mesure en continu la température, le pH, le chlore ou brome, le sel, la conductivité et la dureté de l’eau. Toutes informations qu’il transmet via les technologies Bluetooth et Sigfox à une application sur smartphone faisant office de tableau de bord pour la gestion de la piscine. La sonde flottante intègre aussi un panneau solaire et une batterie rechargeable. “Nous avons vraiment pensé comme un utilisateur. Nous avons créé l’objet que nous avons envie d’avoir dans notre piscine.”
Un premier prototype a été réalisé en quelques mois. Restait une inconnue : l’accueil de cette innovation par les clients potentiels. Une première réponse viendra dès le premier événement où il est présenté, le salon Piscine Global 2016 : “Nous avons remporté le prix de l’innovation décerné par les professionnels.” Puis la confirmation viendra du CES 2018 à Las Vegas : “C’était hyper intéressant parce que nous avons eu affaire à plein d’utilisateurs de piscines… On en est revenus avec plusieurs contacts de distributeurs et d’investisseurs.” Au point que l’entreprise brestoise retourne au CES en 2019.
Le premier marché de la piscine est, sans surprise, aux États-Unis. Et le deuxième ? C’est la France : “Avec 2,5 millions de piscines privées, nous avons la chance d’avoir un grand marché à domicile.” Le premier réflexe d’Asamgo a été de commercialiser son produit en direct, en B2C, via un site Internet. Avant de réaliser que le modèle d’affaires est ailleurs “dans le référencement auprès des professionnels”. La priorité pour la prochaine saison est désormais de suivre ce nouvel axe : “En tant que startup, nous n’avons pas les moyens humains et financiers pour suivre le particulier. La commercialisation auprès des professionnels est plus simple. Ça nous permet aussi d’adresser tout de suite un marché international.”
Car l’ambition de la jeune entreprise est aujourd’hui de “conquérir le monde” avec son objet connecté. L’idée était sans doute dans l’air du temps, car des concurrents sont apparus récemment… Qu’importe ! “C’est pas plus mal. Ça prouve qu’il existe un marché. Notre différence c’est l’esthétique et la simplicité. Et c’est ce que veulent nos clients.” Sans oublier les performances de l’appareil de mesure qu’Asamgo a l’intention d’améliorer. L’entreprise compte recruter une équipe R&D en 2019 pour accélérer le développement de nouvelles fonctionnalités. Plusieurs pistes sont prévues : l’ajout de la communication Wi-Fi alors que la version actuelle est basée sur Sigfox, l’utilisation de matériaux électrochromes, l’optimisation des analyses électrochimiques de l’eau… “Nous voulons montrer notre capacité à innover par la R&D. C’est une priorité.”
Son idée étant particulièrement convaincante, Asamgo a bénéficié d’un soutien sans faille de l’écosystème brestois en amorçage. Suivi d’une levée de fonds à hauteur de 700 k€ “C’est tout frais, au mois de juillet”. Mais déjà, l’entreprise prévoit un autre tour de table en 2019, qui sera “l’année de l’accélération”.
Annick Le Bihan ne regrette en rien sa nouvelle vie de dirigeante d’une entreprise du numérique. Un brin amusée, elle confie : “Je suis une femme entourée d’hommes, tous techniciens. La première chose qu’ils ont voulu faire, c’est supprimer la lumière. J’ai été obligée de me battre pour garder la couleur d’Ofi. Mais ils se sont tous ralliés à ma cause dès le premier salon professionnel quand ils ont vu que tout le monde trouvait ça génial.”
Plus : www.oficoncept.com
Photo : Asamgo. Annick Le Bihan (CEO) avec Sébastien Gourvès (CTO)