Publié le 12/12/2018
Le projet de recherche ATOMIQ s’attaquait à la fracture numérique. L’objectif à terme est d’éliminer les zones blanches en utilisant des liaisons satellites très haut débit là où le déploiement de fibre optique est trop coûteux. Le projet focalisait ses travaux sur le développement de filtres de nouvelle génération adaptés aux hautes fréquences, celles-ci étant largement disponibles dans les liaisons satellitaires.
Le très haut débit pour tous est devenu un impératif d’égalité entre les territoires. En France, le cap a été fixé à fin 2022. Un pari qui ne sera pas facile à gagner. Pour couvrir les zones à faible densité de population ou géographiquement accidentées, les satellites très haut débit (VHTS) peuvent être une solution de complément au déploiement de la fibre optique. C’est l’hypothèse que faisait le projet de recherche ATOMIQ lorsqu’il a démarré début 2014. L’idée étant d’utiliser les fréquences élevées du spectre, les bandes Q et V jusqu’alors inutilisées, afin de disposer de la bande passante nécessaire au multimédia très haut débit.
Le projet ATOMIQ concentrait ses recherches sur une fonction essentielle : le filtrage du signal. Celui-ci permet de sélectionner la bande de fréquences utile et d’éliminer les interférences. Ou comme précise Hervé Leblond de Thales Alenia Space : “Plus le gabarit de filtre est précis, mieux vous utilisez la bande passante. Et donc meilleur est le débit.” Deux éléments viennent compliquer la donne. D’abord la précision requise des objets, car qui dit hautes fréquences dit des filtres de très petite taille, “de l’ordre de quelques millimètres”. Second impératif, la robustesse car la charge utile embarquée dans un satellite doit rester en fonctionnement “pendant 15 ans”.
Plusieurs solutions technologiques ont été étudiées. En particulier, la fabrication additive 3D de filtres en céramique. La nouveauté étant la recherche d’une grande précision : avec une tolérance de plus ou moins 40 microns. “C’est une réussite majeure” souligne le coordinateur du projet. “Le composant est fiable, il pourrait dès à présent être embarqué dans nos solutions.” Une autre technique “beaucoup plus amont” de fabrication additive plastique et de métallisation des pièces était également étudiée, dont les résultats sont prometteurs : “Elles seront peut-être les technologies d’après-demain.”
Autour de Thales Alenia Space, le consortium ATOMIQ réunissait 6 autres partenaires. Deux PME : 3DCERAM et Thin Film Products. Et quatre laboratoires : Centre spatial de Toulouse, Lab-STICC, SPCTS et XLIM. Leurs travaux se sont achevés en juin 2018 après quatre ans d’effort. Dans l’intervalle, l’hypothèse du très haut débit fixe par satellite s’est trouvée confirmée. Ainsi, Eutelsat Communications a commandé en début d’année à Thales Alenia Space le satellite KONNECT VHTS prévu pour apporter le très haut débit partout en Europe. “Ce premier satellite embarque des technologies ayant déjà fait leurs preuves. Le projet ATOMIQ pourra servir dans les étapes suivantes. Il fournit une boîte à outils dans laquelle les futurs projets trouveront les technologies qui correspondront à leurs besoins.”
Au-delà du multimédia satellitaire, les technologies étudiées pourront aussi trouver d’autres applications. “Un projet comme ATOMIQ est l’occasion de multiplier les échanges d’expertise et de savoir-faire entre les différents partenaires industriels et académiques. C’est un écosystème qui se constitue autour de technologies d’avenir” conclut Hervé Leblond.
ATOMIQ est un projet labellisé Images & Réseaux soutenu par l’Agence nationale de la recherche (ANR). Voir la fiche ANR
Visuel : KONNECT VHTS. Crédit : Thales Alenia Space