BROAD-TATOU, l’antipiratage du streaming vidéo

Publié le 16/04/2019

BROAD-TATOU Principe

Classiquement, le tatouage vidéo marque chaque copie d’un film pour permettre de remonter à la source d’un piratage. Mais comment faire dans le cas d’une vidéo sur internet où les clients sont des millions ? Grâce à une solution astucieuse, le projet BROAD-TATOU permet d’identifier de façon unique chaque session de streaming vidéo. Et même de l’interrompre en cas de redistribution illégale.

D’un côté les services de distribution de contenus vidéo sur Internet se multiplient : vidéo à la demande, TV replay, événements en direct… De l’autre le piratage par re-streaming vidéo augmente de façon massive. Notamment lorsqu’il s’agit de contenus à forte popularité comme le sport en direct : football, boxe, ou encore cricket en Asie. Un exemple a marqué les esprits : le piratage en 2017 de BeIn Sports par la chaîne illégale beoutQ, qui s’est traduit par des pertes énormes pour le service payant.

Pour contrer les pirates, le projet de R&D collaborative BROAD-TATOU a développé une parade. Son objectif : mettre en œuvre une solution de tatouage vidéo numérique en temps réel qui permette d’identifier les sources des redistributions illégales de contenus live à forte valeur ajoutée et de stopper leur approvisionnement.

Un tatouage numérique astucieux

La solution développée dans le cadre de BROAD-TATOU exploite les particularités du format ABR (Adaptative Bit Rate) utilisé dans le streaming vidéo. Pour adapter la définition au débit disponible à un instant donné, la technologie ABR découpe la vidéo en fragments de quelques secondes appelés chunks. “Notre solution de watermarking s’appuie sur cette notion de chunks” explique Nivedita Nouvel, coordinatrice du projet pour le compte de Broadpeak.

Concrètement, comment ça fonctionne ? Chaque fragment vidéo est tatoué de deux manières différentes (A et B), ce qui permet d’envoyer à chaque utilisateur une séquence différente combinant des chunks de type A et de type B. En cas de piratage, cette combinaison unique permet d’identifier la source en quelques minutes. On pourra même “interrompre le streaming en cours“, une fonctionnalité essentielle lorsqu’il s’agit de protéger la retransmission en direct d’un événement.

Le service est opérationnel

Ce principe de watermarking était acquis avant le début du projet. BROAD-TATOU aura permis de le transformer en une solution opérationnelle en 18 mois grâce à la réunion de trois partenaires. Deux sont industriels : Broadpeak est un leader de la distribution vidéo et des réseaux de diffusion de contenus (CDN), Nexguard Labs (aujourd’hui Nagravision, groupe Kudelski) est un spécialiste du watermarking. Le troisième partenaire est académique : l’IMT Atlantique travaillait sur des optimisations du schéma de watermarking.

Aujourd’hui, la solution issue de BROAD-TATOU fait l’objet d’un accord industriel et elle est intégrée dans le portefeuille de services de Broadpeak : “C’est un positionnement qui devenait indispensable dans notre stratégie. De plus en plus d’opérateurs et de fournisseurs de contenus sportifs et vidéo 4K exigent une solution de protection. Pour l’instant, nous sommes au tout début de ce marché. Le fait de disposer de cette fonction est un enabler qui nous permet de remporter de nouveaux contrats.”

BROAD-TATOU est un projet spécial PME 2016 lancé par Images & Réseaux. Il est soutenu par BPI France et les collectivités bretonnes.

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