Publié le 04/04/2019
En quelques années, la plateforme EduMoov s’est transformée de projet amateur en startup performante et structurée. Spécialisée dans les outils destinés aux professeurs des écoles, elle vise à étendre son marché. L’entreprise nantaise développe un moteur capable de proposer automatiquement des parcours d’apprentissage personnalisés.
Aujourd’hui, il parle de “levier de croissance”, de “panier client”, “d’adresser un plus grand marché”. Pourtant son univers, jusqu’en 2013, était celui des salles de classe et des cours de récréation. En quelques années, Gwénolé Stéphant aura totalement modifié son horizon professionnel. De professeur des écoles il est devenu dirigeant d’une startup qui affirme ses ambitions sur le marché EdTech.
Tout est parti d’un goût prononcé du jeune enseignant pour les techniques du numérique, ainsi que du manque d’outils fédérateurs constaté dans les écoles : “Chacun dans son coin, on réinventait la roue.” Si bien qu’il crée une première plateforme de partage dont je succès est immédiat : “30 000 enseignants inscrits dès la première année”, c’était en 2010. La suite est une professionnalisation progressive : passage à l’autoentreprise et sortie d’un outil payant en 2012, transformation de l’activité en société en 2014, recrutements et structuration de l’équipe à partir de 2015…
Aujourd’hui, EduMoov est une “entreprise rentable” employant 10 personnes. Elle édite des contenus logiciels à destination des enseignants du primaire tels qu’un cahier de liaison partagé, un livret scolaire numérique, un cahier-journal en ligne, des fiches de préparation… Tous outils qui font “gagner du temps aux enseignants” dit le site web de l’entreprise. Le modèle économique distingue les services d’organisation qui sont payants, de la production collaborative de contenus pédagogiques qui reste gratuite. “Nous sommes sur un modèle où les montants payés sont faibles et où c’est la masse qui permet de dégager du chiffre d’affaires” précise l’enseignant devenu entrepreneur.
L’ensemble s’appuie sur une infrastructure automatisée à base de conteneurs logiciels qui permet de déployer facilement de nouveaux services. Également de faire face aux pics de charge car l’activité est “très saisonnière”. La plateforme revendique 400 000 enseignants inscrits dont les deux-tiers sont régulièrement actifs. Pour conforter son assise économique, l’entreprise diversifie son activité en direction du Web-to-Print en utilisant “la souplesse du numérique pour éditer des blocs imprimés”.
Gwénolé Stéphant se dit “ravi” de sa nouvelle activité : “Une fois goûté à l’entreprise, je ne reviendrais pas en arrière.” D’autant que son appétit pour la technologie demeure : “Ce que j’apprécie le plus, c’est d’avoir aujourd’hui les moyens de développer un projet ambitieux grâce à l’équipe en place.” Le projet en question ? EduMoov ambitionne de développer un moteur d’apprentissage adaptatif qui lui permette d’étendre son marché en direction des élèves et de leurs familles. Le principe : la machine analyse les exercices déjà réalisés par l’élève pour lui proposer un parcours “progressif et intelligent”. En tout automatique : “ça n’existe pas aujourd’hui.”
Pour y parvenir, les technologies nécessaires d’intelligence artificielle et de traitement de données massives sont suffisamment matures. Les difficultés sont surtout du côté pédagogique : “Nous mettons le contenu à plat de façon à catégoriser les connaissances de manière extrêmement fine. Ce qui permet à la machine de créer des progressions en automatique. L’enseignant pourra se concentrer sur l’intention pédagogique. C’est lui qui configure le logiciel conformément à cette intention.”
Une première version opérationnelle du nouvel outil est prévue pour 2021. Ce qui permettra à l’entreprise de franchir un cap : “C’est le projet qui nous permettra d’aller à l’international. À commencer par les pays francophones, notamment en Afrique.” Le contexte EdTech se durcissant avec l’arrivée de startups et la transformation numérique des éditeurs traditionnels, EduMoov doit accélérer son développement. La jeune société, jusqu’alors financée majoritairement sur fonds propres, a programmé une levée de fonds.