Publié le 19/11/2018
Il en résulte une sorte d’échographie des sols. La solution développée par les trois partenaires du projet DELORA permet de géolocaliser avec précision les réseaux enterrés, puis de les visualiser sur le terrain en réalité augmentée. C’est un ensemble d’outils packagés destiné aux aménageurs et maintenanciers alors les réseaux de gaz, eau, électricité, chaleur, se comptent en millions de kilomètres. En France comme à l’étranger.
C’est la force des projets collaboratifs que de rassembler des compétences pointues autour d’un même objectif. Tellus Environment est une PME spécialisée dans la réalisation de cartographies du sol et du sous-sol de haute définition. Artefacto est une référence en matière de réalité virtuelle, de réalité augmentée et de visualisation 3D. Tandis que l’IRISA avec son équipe OBELIX est experte en analyse et traitement données complexes appliqués à l’observation de l’environnement, grâce notamment à des méthodes d’intelligence artificielle.
Avec le projet DELORA retenu dans le cadre de l’AAP PME 2016, ils ont pu concrétiser leur idée commune : mettre au point une solution de détection rapide permettant de cartographier avec précision les réseaux enterrés, également capable d’afficher en réalité augmentée les conduites, canalisations et câbles détectés. Et constituer ainsi un outil d’aide à la décision. “Pour s’apercevoir par exemple qu’il vaut mieux déplacer un projet d’aménagement” expose Geoffroy Etaix, CEO de Tellus Environment. Qui poursuit : “Soit parce que ce sera moins compliqué du fait de l’absence de réseau dans le nouvel emplacement, et donc moins cher. Ou, au contraire, pour profiter des réseaux en place et se raccorder à l’existant.”
En France, on dénombre 2 725 000 km de réseaux enterrés (source FNEDRE), dont 40% sont sensibles pour la sécurité : électricité, gaz, matières dangereuses, réseaux de chaleur… Ce qui occasionne chaque année des dommages sur les réseaux, par dizaines de milliers. Les plans qui existent sont souvent imprécis et les méthodes de localisation classiques, qui nécessitent de creuser à intervalles réguliers, sont coûteuses et lourdes à mettre en œuvre. L’objet du projet DELORA est de gagner en temps et en coût par une méthode non-invasive de détection tout en garantissant une bonne résolution de détection : inférieure à 50 centimètres.
La solution développée s’appuie sur trois piliers. D’abord le recours à de nouvelles méthodes de captation de données. DELORA associe la télédétection optique à partir d’images satellitaires ou aériennes (drones) à des mesures géophysiques de type géoradar ou lidar notamment. Ensuite un traitement big data et machine learning de l’ensemble des données acquises qui permet de croiser les informations et caractériser plus finement les réseaux détectés. Cette “fusion de données multi-sources” est un point capital du projet. Enfin le recalage dynamique du modèle numérique obtenu en extérieur pour obtenir une visualisation précise des réseaux en réalité augmentée sur terminal mobile.
Pour Tellus Environnement, le projet a été un levier pour franchir un cap : “DELORA nous a permis de lancer le développement les briques technologiques qui sont aujourd’hui au cœur de notre offre : le couplage entre les méthodes de captation optiques et géophysiques, ainsi que la fusion de données et la détection automatique par le machine learning. C’est ce qui nous permet aujourd’hui d’aller à l’export sur des thématiques comme la géothermie profonde ou la détection de minerais.”
D’une durée de 18 mois et terminé en avril 2018, le projet DELORA a utilisé les jardins du Thabor, dans le centre de Rennes, comme terrain d’expérimentation. En plus de réaliser une cartographie précise des réseaux souterrain en place, le projet aura aussi permis de préciser les contours d’un site archéologique enfoui. La faisabilité de la solution ayant été démontrée, il reste à en consolider le modèle économique. “L’observation du marché nous montre que les aménageurs, notamment les villes, ont de gros besoins en cartographie des réseaux. C’est dans cette direction, et en s’associant à des géomètres, que nous envisageons des retombées.”