Harold Waste, des outils IA pour recycler les matières

Publié le 19/09/2018

Balles plastiques

C’est une entreprise pionnière du domaine. Harold Waste développe des assistants logiciels pour les acteurs de la gestion des déchets et de l’économie circulaire. Parmi ses défis : mettre au point des intelligences artificielles capables d’identifier et de qualifier des flux de plastiques, métaux et cartons. Les partenariats et le développement collaboratif sont au centre de sa stratégie.

Pour recycler et valoriser, il est un point essentiel : identifier les matières qui composent les déchets. La catégorisation précise des matières est la base de l’économie circulaire : elle permet à l’entreprise qui génère des déchets de les trier de façon pertinente, au négociant d’apprécier la valeur d’un lot, à l’industriel du recyclage d’assurer la qualité de ses fournitures. Et attention, ça n’a rien d’évident. “Il existe environ 200 classes et sous-classes de papiers et cartons” cite pour exemple Taoufik Limami, spécialiste en gestion des déchets et cofondateur de la société Harold Waste. La jeune startup – elle a été créée en février 2018 – s’est donnée pour mission d’outiller les professionnels du secteur par le numérique afin d’améliorer leur confort de travail et les performances des filières de recyclage.

Harold, le compagnon logiciel pour la gestion des déchets

Le principal produit de la société installée à Angers s’appelle Harold. C’est un assistant mobile destiné “aux opérationnels du recyclage”. Sa fonction première : assister l’utilisateur dans l’identification des matières sur le terrain, puis dans la production de rapports et l’établissement de devis. “Notre concurrence aujourd’hui, c’est le bloc-note papier, Word, Excel, le mail… Nous voulons changer les habitudes de travail en proposant des outils de terrain adaptés qui sont à la fois le résultat de notre expertise informatique et de la très bonne compréhension des problématiques métiers.”

Les logiciels développés par Harold Waste sont prévus pour s’interfacer et se fondre dans le système d’information du client. “Harold est un compagnon de route qui travaille dans l’ombre. Nous outils sont commercialisés en marque blanche.”

L’enjeu : pallier la rareté des ressources

L’économie circulaire ne produit plus de déchets, elle réutilise la matière existante pour fabriquer de nouveaux produits. Le concept gagne du terrain poussé la réglementation et des questions de coût. Aussi pour des considérations marketing : Evian par exemple, annonce que 100% de ses bouteilles plastiques seront issues du recyclage en 2025. Mais “le véritable driver” de l’économie circulaire, selon le jeune entrepreneur, sera la rareté des ressources. “Certaines matières sont de plus en plus rares. Leurs cours ont tendance à monter. Le recyclage devient un moyen efficace de sécuriser les approvisionnements.”

Le marché s’annonce prometteur. Harold Waste se structure pour faire face à une demande croissante tant en France qu’à l’international. La startup, qui se finance sur fonds propres, table sur la commercialisation “au plus vite” de ses produits. Puis, dans un deuxième temps, sur une levée de fonds. Aux quatre associés cofondateurs de l’entreprise, s’est ajoutée récemment une équipe de développement informatique de 5 personnes. “Nous avons une vraie puissance en R&D. Chaque semaine nous faisons un nouveau pas.”

Une mine de projets collaboratifs potentiels

Un sujet R&D est clé pour la jeune entreprise : mettre au point des intelligences artificielles capables d’identifier les plastiques, métaux et cartons à partir de photographies des déchets à catégoriser. “Nous nous sommes rendu compte que la photographie tient une place particulière dans le secteur. La première chose que fait un négociant en matières qui visite un site, c’est de partager une photo. L’objectif est de transformer un usage qui existe déjà en outil d’aide à la décision.”

Des premiers travaux avec un partenaire industriel ont permis de construire “un embryon de solution” pour ce qui concerne les cartons. L’approche choisie est celle du Transfer Learning qui permet un entrainement de “réseaux de neurones déjà existants”. Ce premier effort en appelle bien d’autres : finaliser le choix des algorithmes, récolter davantage d’images qualifiées par parfaire l’entrainement, sécuriser les échanges de données, adapter le tout aux ressources d’un téléphone mobile… “C’est un projet qui va nous suivre pendant longtemps.” Et ce d’autant plus que chaque type de déchet a ses spécificités : “Chaque matière est un monde de recherches possibles.”

Sur son site internet, Harold Waste résume sur l’espace Projet Liard ses ambitions de recherche ainsi que ses besoins en partenariat académique et industriel pour les mener à bien. “Si nous réussissons la mission que nous nous sommes fixée, nous aurons un véritable impact positif sur l’avenir de la filière” espère Taoufik Limami.

Site : www.haroldwaste.com

En vidéo : vimeo.com/274253904

Pour aller plus loin