Publié le 13/03/2019
Inscoper a développé une solution qui permet d’accélérer la prise d’images des microscopes à fluorescence pour une meilleure observation du vivant. Aujourd’hui, la jeune pousse rennaise va plus loin. Grâce à l’intelligence artificielle, le système de microscopie analysera l’échantillon en temps réel pour adapter automatiquement les paramètres d’acquisition.
À l’origine de l’entreprise, un double constat : l’arrivée du microscope à fluorescence a révolutionné la recherche en biologie car il permet d’observer le vivant ; mais le pilotage du microscope et des périphériques qui l’entourent, souvent basé sur des anciennes versions de Windows, rend le système inutilement complexe et relativement lent.
Deux chercheurs de l’IGDR, Marc Tramier et Jacques Pécréaux, avaient jeté les bases d’une approche alternative. L’invention a été reprise et valorisée par Inscoper, société créée pour cela en octobre 2016. Otmane Bouchareb est, avec Olivier Chanteux, l’un des cofondateurs de la jeune société. Il en est le CTO. “Notre approche s’affranchit complètement de Windows. Nous avons développé un boitier électronique dédié, qui contrôle directement le système. Ce qui permet de piloter le microscope et ses périphériques, chacun au mieux de sa propre rapidité.”
Inscoper : Olivier Chanteux (CEO) et Otmane Bouchareb (CTO)
Le résultat est spectaculaire, le microscope équipé de solution Inscoper est trois fois plus rapide. Autrement dit le chercheur en biologie obtient trois fois plus d’information sur un phénomène dont il veut observer l’évolution, “ce qui est capital dans l’observation du vivant.” Autre avantage, le boitier de pilotage est “universel” : il est possible d’assembler des appareils issus de différents fournisseurs.
Grâce à cette approche sans équivalent et une technologie protégée par un brevet, Inscoper commercialise sa solution auprès des laboratoires en France et à l’international. En parallèle, l’entreprise développe de nouvelles fonctionnalités pour compléter son offre : “Il existe une dizaine de techniques spécifiques de microscopie, par exemple pour observer le transfert d’énergie entre molécules ou encore analyser les flux de calcium. Nous développons des modules dédiés pour chacune de ces manipulations.”
Surtout, l’entreprise prépare le coup d’après : l’ajout d’intelligence artificielle dans le système. L’idée est née de l’observation du travail de laboratoire : “Prenons l’exemple simple d’un chercheur voulant suivre une division cellulaire. Comme il ne sait pas quand elle va se produire, il va réserver le microscope pour la journée et récupérer des dizaines de gigaoctets d’images qu’il va falloir ensuite analyser. Notre objectif est de développer des algorithmes de deep learning capables de détecter l’événement d’intérêt, et déclencher la prise rapide d’images à partir de ce moment.”
Ce projet de recherche mené par Inscoper a pour nom Roboscope. Il vise à doter le système de microscopie d’intelligence “pour que le chercheur puisse se concentrer sur l’essentiel”. Le sujet est d’actualité, des initiatives concurrentes naissent à travers le monde. Si bien que pour la startup : “L’objectif est d’arriver très vite sur le marché avec une solution performante.”
Inscoper compte pour l’instant cinq personnes. L’équipe doit mener de front les développements R&D et la prospection commerciale. Y compris à l’international : “en Allemagne, aux États-Unis… au Canada aussi”. Le temps est venu d’une levée de fonds significative, qui devrait se concrétiser dans les jours qui viennent. “L’annonce est imminente” avertit Otmane Bouchareb.