Publié le 04/11/2022
Acteurs de l’innovation, offreurs de solutions, experts académiques, tous étaient réunis pour exprimer leur vision du numérique responsable, pour montrer comment faire du numérique un outil de réponse aux transitions et réduire son impact. Cette technoférence était ainsi l’occasion de partager solutions et travaux, exprimer de réels besoins et faire émerger de nouveaux projets collaboratifs de R&D.
Le verdissement du numérique se positionne depuis quelques années comme une politique stratégique du gouvernement. Nos territoires, et notamment les collectivités territoriales, ont compris la nécessité d’une politique publique sur le numérique responsable, à l’image de Nantes Métropole, qui vise un numérique social, écologique et éthique. Un objectif qui passe par une feuille de route, un plan d’action et un comité de pilotage, développant 4 axes ;
Cette orientation est également suivie par Rennes Métropole, il est “de notre responsabilité d’être exemplaire, de donner la voie, les grandes lignes vers où nous devons aller” comme l’explique Yann Huaumé. Si le numérique est bien un sujet d’opportunité, apparaissant comme créateur d’emplois, de croissance et de nouveaux modèles économiques, son impact écologique est bel et bien présent. Son développement doit être réfléchi dans son ensemble, 6 axes sont ainsi définis dans la politique publique d’un numérique responsable de Rennes Métropole ; l’écologie et l’environnement, la dimension sociale, l’approche éthique, le développement économique, la gouvernance et l’équilibre territorial, l’efficience des services publics.
Aujourd’hui le numérique est au cœur de notre quotidien. Si l’on en perçoit davantage les bénéfices de prime abord, son impact n’est pas toujours perçu pour tous les publics. Pourtant, en 2020, l’empreinte carbone du numérique en France était de 17 Mt de CO2, soit 2.5 de l’empreinte carbone nationale comme le révèle une étude conjointe de l’ADEME et de l’ARCEP.
Il est donc indispensable de comprendre l’impact du numérique pour mieux le réduire nous explique Adrien Haidar, chef de l’unité analyse économique et intelligence numérique au sein de l’ARCEP. Ainsi, l’évaluation des impacts mais aussi la sensibilisation/l’information du grand public participent à la bonne compréhension de ces enjeux. Pour identifier des leviers d’actions, l’ADEME accompagne également des projets en mettant à disposition des financements. En effet, pour être plus performant sur le plan écologique et économique, l’ADEME soutient des entreprises dans leurs démarches d’amélioration de la performance environnementale des produits (écoconception) et d’identification des actions valorisables auprès des clients.
Pour répondre aux objectifs 2030 et 2050 de la Commission européenne et aux engagements pris dans le cadre de l’Accord de Paris, de nouvelles contraintes ou normes apparaissent désormais dans le paysage industriel français et notamment dans le domaine du numérique, puisque “tous les marchés publics comportent désormais des clauses de frugalité“. Pour cela, minimiser la consommation énergétique des systèmes numériques serait l’idéal. Rémi Poisvert de Scalian, présente ainsi le projet Eco Explorer, à la fois projet R&D et industriel, qui vise à prédire la consommation électrique sur un système électrique existant ou non existant (sans faire de mesures). Un projet qui permettrait, à tous les stades de développement d’un système électrique, de tenir compte de sa consommation et ainsi à terme, viser à la diminuer.
Ainsi, le numérique responsable tend à s’imposer de plus en plus au cœur des entreprises. Les questions de frugalité, d’éco-conception, prennent de plus en plus le pas dans le développement de projets, et parfois demandent à “repenser l’ensemble du modèle” pour s’engager pleinement dans le numérique responsable comme le pose Laurent Lebreton, Eegle. Si penser différemment s’avère nécessaire pour avancer sur ce chemin, beaucoup peut être déjà fait en faisant de la rénovation numérique nous explique Mathieu Cottard, de Greenoco, on peut “agir dès maintenant“.
La transition numérique, ses impacts environnementaux et sociétaux, sont des sujets déjà traités dans plusieurs dimensions au sein d’IMT Atlantique et de l’Université de Rennes 1. Cependant, dans le cadre de leur politique Développement Durable et Responsabilité Sociétale, ces établissements sont amenés à déployer une stratégie spécifique visant d’une part, une utilisation du numérique réfléchie et encadrée en terme d’impact et d’autre part, une recherche et des formations d’excellence pour répondre aux enjeux. La poursuite de ces objectifs met l’ensemble des parties prenantes face à des injonctions contradictoires. Comment faire “plus de numérique” et en même temps “mieux du numérique” ? Comme l’a dit Albert Einstein, “on ne résout pas un problème avec les modes de pensée qui l’ont engendré”, l’objectif est alors d’apporter les compétences qui permettront aux acteurs du numériques de faire des choix éclairés.
Martin Ragot, b<>com, nous a présenté le rôle de la Prospective et des Sciences Humaines et Sociales pour orienter les projets de R&D et façonner une innovation plus responsable avec l’exemple du projet de recherche ECHOS qui explore le numérique responsable à horizon 2040. Un projet qui n’a pas pour but de développer de la technologie mais plutôt d’essayer d’en comprendre les impacts, et notamment de les penser sur un temps long, et ainsi d’anticiper au maximum les futurs possibles autour du numérique responsable. Ce projet en cours à l’heure actuelle, via des scénarios plausibles, pourra amener des potentialités technologiques, pensées avec des aspects liés à la démocratie, aux médias, pour penser un numérique totalement intégré à la société et ainsi projeter des possibilités concrètes de ce numérique responsable.
Un cycle d’intervention clôturé par Richard Hanna, Chargé de mission numérique écoresponsable à la Direction interministérielle du numérique (DINUM), qui a tenté de positionner le numérique dans l’anthropocène, en prenant pour exemple des innovations technologiques comme le téléphone ou l’ordinateur portables mais aussi sociétales avec le télétravail, afin de montrer la face cachée du numérique et ses impacts environnementaux. Face aux enjeux de réduction de l’empreinte humaine, deux voies opposées se dessinent alors : techno-solutionnisme c’est-à-dire la confiance dans la technologie pour résoudre un problème souvent créé par des technologies antérieures avec notamment la géo-ingénierie et technophobie. Une autre voie apparaît entre les deux ; wise-tech au croisement entre low tech et high tech, une technologie appropriée, raisonnée, choisie et non subie, en conscience des limites planétaires.. Alors quelle voie suivrons-nous ?
Si pour l’instant, une solution zéro impact, zéro émission n’existe pas encore, des solutions se développent pour diminuer l’impact du numérique sur l’environnement, comme le démontre la quinzaine de stands exposant lors du showroom. Mais faire du numérique un outil de réponse aux transitions ne pourra se faire que de façon collaborative. Il s’agit d’être tous et toutes acteurs et actrices de ce changement.
Merci au soutien de l’IMT Atlantique et FI Group qui ont permis la tenue de cette belle rencontre riche d’enseignements !