Maquette 3D : “Il faut rendre la ville intelligible au plus grand nombre”
Publié le 16/12/2021
Spécialisée dans la maquette 3D territoriale, Vectuel est implantée à Paris et Rennes. L’agence participe aux plus grands projets urbains du moment en France, dont notamment le Grand Paris. Et elle fait de la concertation citoyenne l’un de ses chevaux de bataille. Entretien avec le Directeur Général, Gilles Guyard.
Vectuel existe depuis 2004. Comment résumer son activité en quelques mots ?
Gilles Guyard. La société Vectuel date effectivement de 2004, mais elle a changé de gouvernance en profondeur l’an passé avec la reprise de l’entreprise par cinq de ses salariés. Si bien qu’on peut quasiment parler d’un nouveau départ début 2020.
Nous sommes spécialisés dans la production de maquettes 3D territoriales, ce qui comprend trois métiers. D’abord la production de données, qui consiste à modéliser les villes en 3D à partir de vols aériens. Ensuite la diffusion de ces données pour différents usages : en particulier l’aide à la décision, la communication autour des projets et la concertation. Et puis le conseil et l’accompagnement de nos clients dans la réalisation de leurs projets. Notre clientèle est composée de 70% de collectivités publiques – villes, métropoles, départements, régions – et 30% d’entreprises privées dans l’immobilier et la construction.
Nous travaillons avec la plupart des grandes métropoles de France : Nice, Lyon, Toulouse, Nantes, Mulhouse… Et nous sommes impliqués dans les plus gros projets du moment comme Marseille Euroméditerranée, Paris La Défense, et sans doute le plus grand projet urbain d’Europe en 3D : le Grand Paris.
Prenons cet exemple du Grand Paris, quelle est votre contribution ?
Gilles Guyard. La société du Grand Paris est un établissement public en charge de la construction du nouveau métro parisien. La maquette du Grand Paris Express comprend l’ensemble du territoire concerné, soit une représentation en 3D d’un million de bâtiments, des 68 gares du futur métro et des 140 km² d’aménagement à proximité car chacune des gares est elle-même le moteur d’un projet urbain.
Nous avons modélisé tout le Grand Paris en 3D et intégré chacune des gares dans le fond de carte ainsi que les projets d’aménagement connexes. Il s’agit donc d’un apport technique d’envergure. Mais aussi de conseil et d’accompagnement car l’idée est de mettre en place un modèle vertueux d’organisation capable de fédérer les différents acteurs, et ils sont très nombreux. L’objectif, c’est d’aboutir à un outil commun, un jumeau numérique du territoire qui permet d’avoir une vision du projet unique et partagée par tous.
Vous faites de la concertation citoyenne l’un de vos axes de développement. Pouvez-vous en dire plus ?
Gilles Guyard. C’est pour nous une conviction : il faut rendre la ville intelligible au plus grand nombre, et le mouvement vers davantage de concertation est une tendance de fond. Il y a 10 ans, on utilisait la maquette 3D pour faire de la communication. Il y a 5 ans, on présentait le projet retenu pour que les gens donnent leur avis a posteriori. Aujourd’hui, on demande aux habitants et riverains de participer au choix de telle ou telle option dans une perspective d’usage puisque ce sont eux qui pratiquent le quartier au quotidien.
Ce qui nous oblige à développer de nouveaux outils. Les données que nous produisons nativement sont très lourdes. Elles sont faites pour être jouées par des moteurs de jeux vidéo et avec une forte puissance de calcul. Depuis 3 ans, nous avons lancé un programme, appelé Mappr, de développement d’une plateforme de diffusion full web. Elle permet de diffuser nos maquettes 3D sur internet et de venir y connecter toutes sortes de données en open data ou big data. Et c’est par ce biais là qu’on peut prendre la température et demander l’avis des gens. Typiquement dans le cadre d’un projet d’architecture, on donne à voir les différentes propositions et on connecte un sondage pour récolter les opinions. Nous venons de le faire à Oullins près de Lyon avec un taux de participation exceptionnellement élevé. C’est l’attrait de la 3D et la facilité à se projeter dans l’aménagement futur qui incite les gens à apporter leur contribution.
Vous investissez 15% de votre chiffre d’affaires en R&D. Sur quoi travaillez-vous aujourd’hui ?
Gilles Guyard. C’est principalement le projet Mappr qui nous occupe en ce moment. Nous avons une équipe de développement de cartographie web et 3D qui travaille au quotidien à rendre accessible à tous des données lourdes et complexes. La plateforme Mappr est aujourd’hui commercialisée en SaaS pour de multiples usages de la cartographie 3D.
L’autre sujet qui nous intéresse, c’est la réalité virtuelle. Un casque de réalité virtuelle permet par exemple de s’immerger dans l’environnement d’une gare du Grand Paris de manière impressionnante. C’est une demande revenue d’actualité pour les salons immobiliers.
Votre implantation à Rennes est récente. À quoi correspond-elle ?
Gilles Guyard. Notre venue à Rennes correspond d’abord à un choix de qualité de vie. Nous envisageons de monter une équipe de développement à Rennes. Après une bonne année 2021, tous les voyants sont au vert, ça peut devenir une de nos ambitions pour 2022.
