Responsabilité sociétale : vers un numérique à impacts positifs

Publié le 20/01/2021

Digital4Better-Frédérick Marchand

Digital4Better est une startup au positionnement original : elle est spécialisée, ou plutôt engagée, dans le numérique à impacts positifs. Un numérique responsable où les enjeux, outre la performance, sont une empreinte environnementale minimale et une inclusion sociale la plus large possible. Le CEO, Frédérick Marchand, nous en dit plus.

Digital4Better affirme la volonté d’accélérer la responsabilité sociétale du numérique. Sur quels constats s’appuie votre démarche ?

Frédérick Marchand. Le premier constat, c’est qu’aujourd’hui on ne mesure pas les impacts du numérique. Ce sont des données que l’on ignore tout simplement. Il y a 50 ans, l’industrie automobile fabriquait des véhicules sans se préoccuper de l’empreinte environnementale de la fabrication. Sans tenir compte, ni de la consommation de carburant, ni des émissions nocives dans l’atmosphère. Et bien le numérique en est à ce stade aujourd’hui. Et ça alors même que le numérique est responsable de 4% des émissions des gaz à effet de serre à l’échelle mondiale, un chiffre qui ne cesse de croître. En 20 ans, on a multiplié le poids d’une page web par un facteur 115 pour rendre quasiment le même service.

De la même façon, on ignore l’empreinte sociale des nouveaux équipements et services numériques alors qu’il faudrait tenir compte des problèmes d’accessibilité mais aussi de l’illectronisme. La réalité, c’est qu’il existe énormément de personnes qui ne sont pas à l’aise avec le numérique. Bien sûr les plus âgés, mais aussi des jeunes qui savent chatter sur les réseaux sociaux mais qui sont en difficulté dès lors qu’il faut effectuer une recherche précise ou exécuter une démarche en ligne.

L’idée est donc de tenir compte des contraintes environnementales et sociales dès la phase de conception et tout au long du cycle de vie du service numérique. Ce qui, au passage, peut engendrer du retour sur investissement. Un service numérique mieux pensé, plus léger, va s’exécuter plus rapidement. Il sera plus facile d’accès, plus sympa, sans ruptures dans le parcours. Au final, vous avez des utilisateurs plus satisfaits, moins de pertes de prospects… Ce ne peut être que bénéfique pour l’entreprise.

Concrètement, comment procédez-vous pour accompagner vos clients vers un numérique à impacts positifs ?

Frédérick Marchand. En premier lieu, il faut préciser que nous sommes une équipe qui a une grande expertise dans le domaine que ce soit en design ou en développement.

Nous avons conçu une méthodologie AI4B, Agile Impact for Better, qui vient enrichir les méthodes agiles de nos clients. Il s’agit de réfléchir sous l’angle du Consequence Scanning et de la sobriété. Le Consequence Scanning revient à se demander comment on peut maximiser les effets positifs et minimiser les effets négatifs de chaque fonctionnalité. Tandis que la sobriété s’appuie sur la règle des 3 U : utile, utilisable, utilisé. Il n’est pas rare de découvrir qu’une fonctionnalité parait souhaitable, mais on n’est pas certain du besoin, qu’elle est difficilement utilisable et surtout jamais utilisée. Et bien cette fonctionnalité, on n’aurait jamais dû la développer.

Également nous éditons un logiciel qui permet de mesurer les impacts d’un service et de se mettre en mode d’amélioration continue. Il est pour l’instant déployé en mode prototype chez quelques uns de nos clients.

Quels sont les résultats, pouvez-vous donner un exemple ?

Frédérick Marchand. Nous sommes en train de travailler sur une plateforme de e-commerce. Les premiers résultats montrent qu’il sera possible de diviser l’empreinte environnementale par 100, si l’on tient compte des gains à la fois côté serveurs et côté utilisateurs. L’essentiel de l’empreinte d’un service est dans l’usage, c’est là où il faut faire porter les efforts en priorité.

Pour ce qui est de l’empreinte sociale, nous avons également identifié des leviers énormes. Notamment en matière d’accessibilité. Le respect du RGAA, le Référentiel général d’amélioration de l’accessibilité, est déjà un bon début. Et puis il existe d’autres angles d’amélioration, comme par exemple le support d’anciennes versions d’OS et de navigateurs pour éviter d’exclure ceux qui n’ont pas les moyens de renouveler leurs équipements.

Digital4Better n’a que quelques mois d’existence, mais déjà vous êtes implantés à Rennes, Nantes, Paris. Quelles sont vos ambitions à moyen terme ?

Frédérick Marchand. Notre cible, ce sont les grandes entreprises et administrations. Et c’est aussi notre savoir-faire que de faire évoluer de grandes structures. Nous avons vocation à grandir vite. Nous sommes 5 cofondateurs à avoir créé l’entreprise, aujourd’hui l’équipe compte 14 personnes.

Êtes-vous ouverts à de la recherche collaborative sur le sujet du numérique responsable ?

Frédérick Marchand. Bien sûr. Nous sommes clairement investis dans la problématique du numérique responsable, et il est clair également qu’il faut faire avancer l’état de l’art sur le sujet. Nous sommes en train de recruter un chercheur, il existe beaucoup de verrous à lever, il faut créer un référentiel… Les collaborations sont un bon moyen d’avancer et de sensibiliser le maximum de personnes. Nous sommes d’ailleurs impliqués dans des collectifs comme l’Institut du numérique responsable. Notre positionnement est celui de makers engagés.

 

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