Sport & Numérique font équipe pour gagner – Technoférence #35

Publié le 19/03/2021

DIGISPORT-Benoit-Bideau

Les échanges sur le Chat de l’événement ne tarissaient pas de superlatifs, la 35ème Technoférence a ravi les participants. Elle a aussi apporté une confirmation : la thématique “Sport et Numérique” est un domaine d’excellence dans l’ouest. Ainsi qu’un réservoir d’opportunités à l’approche de la coupe du monde de rugby 2023 et des JO 2024 en France.

Comme souvent dans les technoférences, on a parlé de technologies émergentes, de plateformes immersives, de bande passante, d’intelligence artificielle, de jumeaux numériques, de lasers… Mais aussi, beaucoup moins habituel, de la concentration du tireur à l’arc, du passage de témoin entre relayeurs, de la gestuelle du service au tennis, ou encore de l’optimisation du routage dans la course au large.

Ces quelques exemples démontrent la variété des sujets concernés par la thématique du jour : “Sport et numérique, la belle équipe !”. La Technoférence #35 se tenait en ligne, dans la matinée du 18 mars 2021, devant quelques 110 participants. Elle était organisée par les pôles de compétitivité Images & Réseaux et TES dans le cadre de leur alliance stratégique.

Bientôt une école supérieure des sciences numériques du sport

Pour lancer la matinée, Benoît Bideau présentait le laboratoire Mouvement, Sport, Santé (M2S) qu’il dirige au sein de l’Université Rennes 2. Il débute par un état des lieux : 25 ans d’expérience, qui ont permis de créer “une place forte dans la recherche autour du sport” ainsi que de mettre au point une plateforme immersive “unique au monde”. Parmi les objectifs, il s’agit d’améliorer le geste sportif mais aussi de mesurer les impacts sur le système musculosquelettique et “éviter les blessures”.

Surtout, il présente les ambitions du laboratoire alors que “le sport est entré dans l’ère du numérique”. Ambitions qui se concrétiseront par la création d’une École universitaire de recherche (EUR) nommée DIGISPORT. “Notre objectif est de créer une école supérieure unique d’excellence internationale en matière de formation et de recherche interdisciplinaires dans le domaine des sciences numériques du sport.” Pour en situer la dimension, Benoît Bideau énonce quelques chiffres : “5 domaines d’études”, “25 équipes de recherche”, “126 chercheurs”. Parmi les formations envisagées : Sport Data Scientist, Advanced Simulation Engineer, Performance Analysis Director… Un premier master se mettra en place dès la rentrée de septembre 2022.

Pour le spectateur, des expériences immersives inégalées

À suivre, c’était au tour de Pierre Bouton, d’Orange, d’exposer la démarche Orange Events initiée par l’opérateur de télécommunications. Celle-ci utilise les événements sportifs comme terrain de jeux pour évaluer de nouvelles solutions et “réinventer l’expérience spectateur”. Le Vendée Globe 2020 a été l’occasion de tester deux types d’expériences immersives précieuses en période de crise sanitaire : Backstage Virtual Tour qui offrait la possibilité de suivre la préparation au départ de l’intérieur et “en 360”, Immersiv Race pour vivre la course au plus près des skippers, jusqu’à visualiser en temps réel les conditions de mer et instruments de bord.

Même chose lors des championnats de France de Windsurf 2019 où une captation vidéo par caméra omnidirectionnelle embarquée sur drone permettait des vues à hauteur de mât comme “au raz de l’eau” grâce à un réseau open source aérien. Et bien sûr le foot, avec la Galerie des légendes du Stade rennais qui mêle “les nouvelles technologies avec l’histoire”.

La simulation comme outil d’entrainement du sportif

De là, on passe au tir à l’arc avec Alexandre Bouchet, qui dirige CLARTE, la plateforme de réalité virtuelle et augmentée de Laval. La Fédération française de tir à l’arc avait un problème à résoudre alors que la précision du tireur repose pour beaucoup sur la concentration. “En compétition internationale, il y a de nombreux perturbateurs – beaucoup de monde, les médias – mais ces conditions ne peuvent pas être reproduites à l’entrainement.” Et c’est là qu’intervient la simulation.

La solution choisie immerge le sportif dans un environnement sonore perturbant sans compromettre la gestuelle du tir à l’arc. “C’est un dispositif de réalité augmentée audio qui permet de poser du son dans l’espace pour augmenter la perception de l’environnement réel”. Les technologies impliquées : un capteur de position de la tête, une centrale inertielle, un moteur de spatialisation 3D audio, un casque binaural “qui laisse passer le son extérieur”, des sons virtuels, des scénarios de simulation, et enfin : “un smartphone qui pilote tout ça.”

Deux projets de recherche pour augmenter le nombre de médailles

Les JO de Paris 2024 approchent, deux projets de recherche sont mis à contribution pour augmenter le nombre de médailles françaises. Comment ? C’est ce qu’expliquait Richard Kulpa de l’Université Rennes 2 (M2S). Le premier projet, REVEA, est une approche transversale de l’exploitation de la réalité virtuelle pour optimiser les performances des médaillables en athlétisme, boxe et gymnastique. Parmi les attendus : entraîner des relayeurs au passage de témoin tout en minimisant les risques de blessure, permettre au boxeur de combattre avec un adversaire virtuel pour limiter les impacts des coups, donner les moyens à un gymnaste de travailler les enchainements par l’observation de son jumeau numérique. Et pour tous : “Créer de la variabilité et de l’individualisation des entrainements”.

Le projet BEST TENNIS se focalise, lui, sur les services et retours de service sachant qu’au tennis “60 à 80% des points se font en 3 frappes”. Là encore, il s’agit d’optimiser la performance tout en limitant les risques de blessure, notamment le service qui est “un geste très traumatisant”. Les directions d’amélioration vont de l’optimisation biomécanique du service en fonction de la morphologie du joueur et de ses “préférences motrices naturelles”, à l’entraînement cognitif du retour de service pour utiliser au mieux les atouts du tennisman en regard des caractéristiques des autres concurrents.

M2S Richard Kulpa

La mesure laser en appui aux skippers

Après un chercheur, place à un ingénieur. Gildas Guéguen est chef de projet R&D chez Sensup, filiale de Lumibird, spécialiste du laser et des technologies LiDAR. Il présentait le projet WINFIELD qui permet de “cartographier les champs de vent” autour d’un voilier de course au large dans un contexte d’amélioration des performances et de la sécurité. Le dispositif mis au point est un LiDAR vent dont voici le principe : un laser source émet des impulsions, tandis que des récepteurs mesurent “la rétrodiffusion par les aérosols présents dans l’atmosphère”. Le système mis au point est une solution “en réseau”, avec une plateforme centrale à l’intérieur du bateau, une distribution optique, et des capteurs déportés par exemple sur le mât.

Les deux prototypes développés dans le cadre du projet cartographient les vents jusqu’à  2 kilomètres autour du voilier. Ce qui laisse entrevoir – au-delà du sport qui est une vitrine pour le projet – des perspectives marché prometteuses : le maritime industriel, la défense, le transport de marchandises à voile notamment.

Prochaine Technoférence le 6 juin

Cette riche matinée se terminait par une panorama des appels à projets R&D en cours. Et aussi, preuve du succès du thème du jour, une prolongation des discussions au-delà de l’horaire prévu. L’ensemble est disponible pour être visionné en ligne.

Retenez la date du 6 juin. La 36ème édition des conférences techniques Images & Réseaux aura pour thème : Le numérique responsable. EN SAVOIR +

 

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