L’interopérabilité est au cœur des projets de e-santé

Publié le 16/12/2020

Webinaire eSante

Comment faire en sorte que les dispositifs de e-santé communiquent ensemble et interagissent avec les SI des établissements de soin et professionnels de santé ? Le webinaire Numérique & Santé du 15 décembre faisait le tour de la question essentielle de l’interopérabilité. Contexte, outils, structures d’accompagnement, exemples concrets…, une somme d’informations indispensables pour qui songe à développer une application dans le champ de la santé.

Harmoniser le parcours du patient, optimiser les interventions des professionnels, parvenir à une meilleure prise en charge… Les enjeux d’un échange fluide et sécurisé des informations apparaissent essentiels avec la multiplication des outils et services numériques dédiés à la santé. D’où l’importance du thème du jour : L’interopérabilité, un prérequis pour le déploiement de la e-santé. Ce séminaire en ligne était organisé le 15 décembre par les pôles de compétitivité Atlanpole Biotherapies, Images & Réseaux, et Atlanpole et Biotech Santé Bretagne, avec le soutien de la Caisse d’épargne Pays de la Loire.

Faciliter le parcours des acteurs de l’innovation

Le Ministère des solidarités et de la santé a dressé une feuille de route du numérique en santé. David Sainati, directeur de projets, présente cette feuille de route pour commencer. Il y est question de gouvernance, de services numériques socles, de plateformes numériques de santé, mais aussi “d’intensifier la sécurité et l’interopérabilité” et de “favoriser l’engagement des acteurs de l’innovation”. L’idée, détaille l’intervenant, c’est que les services publics “mettent en place les infrastructures centrales” et que les acteurs de l’innovation “réalisent les services à forte valeur ajoutée”. L’interopérabilité est la pierre angulaire qui permettra d’harmoniser les efforts. Il s’agit donc de “définir un cadre fédérateur pour que tout le monde parle le même langage”, à commencer par un vocabulaire commun avec la mise en place d’un Centre de gestion des terminologies de santé.

Suit un focus sur G_NIUS, “un guichet transverse” qui vise à simplifier les démarches des entrepreneurs et à accélérer la mise sur le marché de leurs innovations. L’objectif est de “faire gagner du temps” en facilitant l’accès à la fois à la réglementation, aux différents acteurs de l’écosystème de santé et aux possibilité de financement. G_NIUS s’adresse à tous les concepteurs de services numériques : startups, industriels et associations. Autre outil à disposition, la plateforme Convergence. Celle-ci vise à accompagner les acteurs des secteurs sanitaire et médico-social sur le chemin de la convergence des systèmes d’information.

L’interopérabilité appliquée à deux cas d’usage

Une présentation à trois voix de Gilles Larroche, Anne-Alexandra Babu et Axel Mazoyer permet d’illustrer le caractère indispensable de l’interopérabilité par quelques cas d’usage. Tous trois font partie des GRADeS, les Groupements régionaux d’appui au développement de la e-Santé qui sont présents en Bretagne comme en Pays-de-la-Loire. Le premier exemple est l’application D-NUT, qui vise à repérer la dénutrition des personnes âgées vivant à domicile. Typiquement, l’utilisateur est un soignant à domicile qui détecte un problème de nutrition. Problème qu’il va falloir analyser et signaler. Pour fonctionner, l’application doit s’interfacer en parfaite interopérabilité avec une plateforme régionale donnant accès à quatre services socles : l’authentification du soignant (SSO), l’annuaire de sécurité qui gère les droits des utilisateurs, l’annuaire qui gère les informations des patients, et l’annuaire des structures et professionnels de santé pour, par exemple, gérer l’équipe de prise en charge.

Webinaire eSante GRADeS

Les 3 intervenants, avec Simon Boisserpe et Charlotte Neny qui animaient le webinaire.

Le deuxième exemple est relatif au “cercle de soins” dans le cas d’une rupture de parcours. Qu’est ce qu’un cercle de soins ? Ce sont tous les professionnels qui entourent un patient à domicile : médecin traitant, infirmier, pharmacien, kiné… Et la rupture de parcours ? Un événement qui vient perturber cette organisation. Par exemple, la personne âgée est victime d’une chute qui provoque son hospitalisation. Ce qui génère différents besoins : alerter les membres du cercle de soins de l’incident, les consulter pour telle ou telle précision, préparer le retour au domicile, etc. La problématique dans ce cas, est qu’il n’existe aucun standard pour décrire un cercle de soins. Ce qui a amené les parties prenantes à ébaucher un nouveau standard pour anticiper des besoins futurs. “En s’appuyant sur les standards internationaux, nous avons travaillé à définir des spécifications techniques qui permettent d’échanger des cercles de soins entre différentes applications.”

Les tests : Connectathon et Projectathon

Au tour de Marie Bruilliard, consultante santé chez Kereval, de parler d’interopérabilité. Cette fois sous l’angle du test, car c’est la spécialité de Kereval. Le laboratoire d’ingénierie de test et de qualité logicielle de Thorigné-Fouillard, près de Rennes, réalise 45% de son activité dans le domaine de la santé. L’accompagnement par Kereval comprend une partie conseil avec l’élaboration de spécifications fonctionnelles et techniques, une partie outillage, et puis l’exécution avec la réalisation d’une campagne de test.

Deux types de test sont réalisés : des test de conformité par rapport au cadre fixé, et des tests d’interopérabilité pour vérifier “la capacité d’une solution à communiquer avec une autre solution”. Ceux-ci peuvent se dérouler sous forme d’événements appelés Connectathon ou Projectathon, qui sont ouverts à qui veut tester une solution.

L’interconnexion est vitale pour Doctolib

Dernière invitée, Marion Hozé explique comment l’interopérabilité se vit chez Doctolib. On connait le service de prise de rendez-vous en ligne pour les patients. On connait moins “la partie immergée”, le service de gestion en ligne des consultations qui s’adresse aux praticiens. Ce service Doctolib doit s’interfacer avec le logiciel médical, c’est-à-dire l’outil métier adapté à la spécialité du praticien. Il s’agit notamment d’échanger les informations nécessaires sur le patient.

Sauf qu’il existe de nombreux logiciels médicaux, pas toujours conformes aux standards, ce qui amène Doctolib à adopter plusieurs stratégies selon les typologies de clients. Avec pour objectif de fournir le service le mieux intégré possible dans l’outil qu’a l’habitude d’utiliser le praticien. “C’est pas simple” avoue l’intervenante, qui conclut par cette formule : “Il est nécessaire d’adapter l’interopérabilité aux besoins, à l’environnement et au contexte.”

Des opportunités de financement

Pour terminer, Charlotte Neny, attire l’attention sur les opportunités de financement de projets collaboratifs incluant le domaine de la santé. À retenir, le dispositif PSPC pour les “gros projets de recherche”. Et pour les autres projets, les appels à projets d’innovation collaborative au croisement des filières lancés par chacune des régions Bretagne et Pays-de-la-Loire. Consultez régulièrement sur le site Images & Réseaux la page www.images-et-reseaux.com/annuaires-appels-a-projets

Pour aller plus loin