Publié le 19/03/2020
L’outil développé par Moovency fait appel à des algorithmes sophistiqués d’analyse d’images pour évaluer en quelques minutes le risque de troubles musculosquelettiques (TMS). Son principal avantage : la facilité de mise en œuvre. Aujourd’hui, la startup se structure pour accélérer sa commercialisation.
La création de Moovency date de novembre 2018 mais son premier produit, appelé KIMEA, est le résultat de plusieurs années de recherche. En particulier une thèse menée par Pierre Plantard au sein du laboratoire M2S (Mouvement Sport Santé) de l’Université Rennes 2, en collaboration avec l’équipementier automobile Faurecia. L’idée : développer un outil d’évaluation des postes de travail et de prévention des risques capable de produire des mesures fiables à partir d’une captation d’images en situation. Celle-ci est réalisée avec une caméra telle que la Kinect, développée à l’origine pour les jeux vidéo.
Restait à convertir le principe en produit industriel. “Nous avons bénéficié d’un programme de maturation financé par Ouest Valorisation“ précise Pierre Plantard, aujourd’hui CTO de l’entreprise.
D’autres solutions existent pour évaluer les risques TMS, notamment basées sur des objets connectés portés par l’opérateur. Mais KIMEA est beaucoup moins intrusive et beaucoup plus facile à mettre en place. “Une captation d’une quinzaine de minutes suffit pour détecter ce que l’œil humain ne sait pas toujours voir : une position particulière qui revient de façon récurrente. Là où il y répétitivité du geste, c’est là où se développent les TMS.”
Les premiers clients sont de grands groupes industriels du secteur automobile et de l’agroalimentaire. Les troubles musculosquelettiques représentent la première cause d’indemnisation pour maladie professionnelle (santepubliquefrance.fr). Ils sont la première cause de journées de travail perdues du fait des arrêts de travail en France et constituent l’une des questions les plus préoccupantes en santé au travail dans les pays industrialisés. Les TMS représentent aussi des coûts indirects pour les entreprises en termes de baisse de productivité, de difficultés de recrutement et de mauvaise image notamment. D’où l’importance de les prévenir.
Moovency prévoit différents cas d’utilisation de sa solution logicielle : un usage curatif déclenché par des plaintes du personnel ou des arrêts de travail récurrents ; un usage préventif destiné à identifier les postes les plus pénibles et prévoir des évolutions ou des rotations dans les tâches à exécuter ; enfin des études d’ergonomie des postes de travail dans le cadre de la mise en place ou de la modernisation de chaines de production ou de plateformes logistiques.
D’après François Morin, CEO de la startup, l’année 2019 a servi à “qualifier le marché” en commençant par la France. Si bien qu’aujourd’hui “le produit est mature”, y compris pour attaquer l’international. “En théorie, le marché est mondial. Mais la sensibilité aux risques TMS s’exprime surtout en Europe, aux États-Unis et au Canada. C’est donc là que portent nos premiers efforts de commercialisation.” L’entreprise se structure en conséquence, avec en perspective quelques embauches d’ici la fin de l’année et une levée de fonds sur le point de se conclure.
Par ailleurs les idées ne manquent pas. L’outil destiné à prévenir pourra aussi servir à sensibiliser aux bons gestes dans le cadre de formations, “parce que l’on pourra voir son propre squelette en mouvement”. Tous ceux qui sont amenés à déplacer des charges pourraient en bénéficier, tels que les ouvriers du bâtiment ou le personnel de santé. Autre idée à développer, “une commercialisation en mode Saas” où le service serait délivré à partir de vidéos prises depuis un simple téléphone portable. “C’est une vision de long terme, mais le mode service est déjà une demande chez certains de nos clients” observe François Morin.
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