Publié le 06/03/2019
Les applications à base de capteurs pour le monde agricole se multiplient. Avec pour inconvénient que chacune utilise son propre protocole de communication sans fil. À ce foisonnement hétérogène, le projet ALAMO propose une solution fédératrice : un boitier multistandard capable de connecter toutes les applications.
Dans le champ, un capteur pour surveiller le degré d’hygrométrie favorable à la croissance des plantes… À proximité des mangeoires, des capteurs et automates pour adapter individuellement la distribution de l’alimentation… À l’étable, une caméra pour surveiller les mises-bas… La ferme d’aujourd’hui est de plus en plus connectée, et le sera encore davantage demain.
Sauf que les systèmes de communication utilisés sont de toutes natures : “téléphonie 2G/3G/4G, réseaux longue portée LoRa et Sigfox, à venir le LTE-M, et puis les classiques Wi-Fi, Bluetooth, NFC, Zigbee” énumère Christophe Le Gouestre. Encore ne cite-t-il que les principaux protocoles sans fil utilisés, qui sont aussi ceux pris en compte au sein du projet de R&D ALAMO. “Auxquels il faut bien-sûr ajouter le réseau câblé Ethernet” précise le responsable du développement chez Euro-Process, également coordinateur du projet.
En réunissant toutes ces technologies au sein d’un même boitier, les partenaires du projet ALAMO considèrent qu’ils couvrent “98% des capteurs déployés autour des fermes”. Leur idée est de proposer une box multistandard qui simplifie le déploiement des applications en raccordant des capteurs de toutes natures. Leur cible principale : les intégrateurs qui équipent les exploitations agricoles, à qui ils offrent ainsi “un outil configuré pour les différentes situations qu’ils rencontrent chez leurs clients”. La box ALAMO est modulaire et évolutive. Selon la demande, elle intègre tout ou partie des standards supportés.
Outre la Farm Box, le projet ALAMO développait un deuxième type de boitier. Il s’agit cette fois d’un nœud autonome en énergie qui permet de “rendre communicant un objet qui ne l’est pas”. Avec ces nœuds de communication sans fil, il devient aisé de déployer des capteurs dans l’exploitation, y compris dans les endroits reculés. Le système est adaptatif. Il tient compte des besoins en communication de l’application et de l’énergie disponible localement.
D’une durée de deux ans, le projet s’est terminé en décembre 2018. Il réunissait trois partenaires : les PME Euro-Process et CG-Wireless, ainsi que le laboratoire Irisa (équipe GRANIT). Quelles furent les difficultés à contourner ? Christophe Le Gouestre en recense trois principales. D’abord, la cohabitation entre autant de protocoles de communication dans un même boitier. Ensuite, le développement des algorithmes de gestion de l’autonomie en énergie. Enfin : “Et peut-être surtout, être compatible économiquement avec le milieu auquel nous nous adressons.”
Présenté au SPACE Rennes (Salon international des productions animales) en septembre dernier, le prototype de Farm Box ALAMO a été récompensé d’un Innov’Space 2018. Le projet étant terminé, il reste maintenant à expérimenter sur le terrain et industrialiser la solution. Pour cela, les deux PME impliquées poursuivent leur collaboration : “Euro-Process et CG-Wireless ont établit un lien très fort. Le travail qu’il reste à réaliser, nous le ferons de concert.”
ALAMO est un projet spécial PME 2016 lancé par Images & Réseaux. Il était soutenu par BPI France et les collectivités bretonnes.