Publié le 15/07/2021
Pour qui est en recherche d’emploi, c’est le plus qui fait la différence. Les soft skills, ces compétences dites transverses ou comportementales, sont de plus en plus recherchées. Mais comment les améliorer ? Kirae met au point des mini-jeux vidéo pour mesurer les soft skills et les faire progresser. Ce qui lui ouvre un marché très prometteur.
Une simple recherche en ligne suffit pour afficher les top-6, 10, ou 15, des soft skills que les cabinets de recrutement s’arrachent. La capacité d’adaptation, la curiosité, l’intelligence émotionnelle, l’autonomie, l’aisance dans la communication, pour ne citer que quelques unes, sont au sommet des qualités que l’on cherche à évaluer chez un candidat. Et ce, quels que soient le poste à pourvoir et le secteur d’activité. Jusqu’alors, il existait quelques outils pour faciliter la tâche des professionnels RH dans l’évaluation des compétences transverses à tous les métiers. Mais rien ou presque pour aider un candidat ou un collaborateur en entreprise à améliorer par lui-même ses soft skills. C’est ce manque que la startup rennaise Kirae vient combler.
À l’origine de cette aventure, une jeune femme : Lisa Ferrer. Elle est bibliothécaire de formation et spécialiste de la médiation numérique. Son métier l’avait amenée à accompagner des personnes en insertion professionnelle dans leurs démarches administratives et numérique. “C’est là que j’ai détecté que c’était souvent compliqué de valoriser les compétences transverses, surtout quand l’expérience professionnelle est faite d’une série de petits jobs. Nous utilisions le jeu vidéo pour la communication et la résolution de problèmes en équipe, ce qui m’a donné une bonne appréhension des qualités pédagogiques que peut avoir le jeu dans la mise en action des compétences.”
De cette expérience nait le principe fondateur de Kirae : utiliser le jeu vidéo pour valoriser les compétences transverses. Sauf que d’emblée se posait une question : “Comment pose-t-on un regard scientifique sur la capacité d’une personne à s’adapter à un environnement changeant ou à passer rapidement et efficacement d’une tâche à l’autre. Je me suis rendue compte que c’est du côté des neurosciences qu’on allait trouver cette objectivation.” Très vite, la fondatrice de Kirae fait connaissance de Lisa Delalande, Docteure en neurosciences cognitives. Les premiers jeux prototypes naissent de cette collaboration entre “les deux Lisa”, avec aussi l’appui d’un développeur. La jeune équipe travaille au sein d’1kubator Rennes où la startup est hébergée.
Aujourd’hui Kirae propose une application mobile qui rassemble cinq mini-jeux aux univers diversifiés : on joue à trier des déchets dans l’espace pour améliorer son adaptabilité, à se mettre dans la peau d’un chasseur de primes pour parfaire sa capacité au multitasking, au Click & Collect dans une épicerie médiévale pour entrainer sa mémoire… Chaque partie ne dure qu’un temps limité. “On ne s’adresse pas aux gamers accomplis. On s’appuie sur l’appétence des gens pour le jeu pour faire de ces jeux des outils pédagogiques.”
La première version de l’application étant disponible, le moment est venu de débuter la commercialisation. La startup vise les entreprises, les organismes de formation et toutes structures qui aident à la recherche d’emploi, avec un modèle SaaS qui comprend “un coût par utilisateur et par mois”. L’objectif est de s’implanter sur le territoire national, puis de se projeter à l’international dans un deuxième temps : “Dans le futur, notre modèle d’affaires évoluera vers le B to C afin de se positionner sur d’autres marchés. Dont, potentiellement, le marché Nord-Américain.”
Ce futur, Kirae le prépare de deux manières. D’abord en enrichissant le catalogue de jeux, et donc de soft skills que l’on peut travailler et améliorer. Ensuite par des travaux de recherche qui permettront d’aller plus loin : “L’idée, c’est de développer des modèles en réalité virtuelle qui permettent non seulement d’analyser les compétences comme nous le faisons déjà, mais d’intégrer un contexte social et émotionnel et d’en mesurer l’impact sur les performances. Par exemple, on pourra voir et mesurer comment ça se passe quand une personne est confrontée à une dynamique d’équipe positive ou au contraire à un environnement hostile.”
Si tout se passe comme prévu, ces travaux seront l’occasion d’une thèse Cifre en collaboration avec deux laboratoires de l’Université d’Angers, l’un orienté interactions homme-machine et réalité virtuelle (LARIS), l’autre sur la partie cognitive (LPPL). En parallèle Kirae prépare une levée de fonds, “pour la fin de l’année ou le début de 2022” précise Lisa Ferrer.
Photo : L’équipe Kirae. Deuxième à partir de la gauche, Lisa Ferrer
Kirae est membre d’Images & Réseaux depuis mars 2021.